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Nº 2990 du vendredi 27 février 2015

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Mohammad Machnouk, ministre de l’Environnement. «En bloquant le gouvernement, certains se cherchent un rôle»

Après la vacance à la tête de l’Etat, le Conseil des ministres est en voie d’être paralysé à son tour. Le ras-le-bol exprimé par le chef du gouvernement Tammam Salam tire la sonnette d’alarme. Le ministre de l’Environnement, Mohammad Machnouk, répond aux questions de Magazine.
 

Où en est le Conseil des ministres?
Il n’y a pas de doute que ce qui se passe aujourd’hui est exactement ce que craignait le président du Conseil, Tammam Salam, le jour de la formation de ce gouvernement, lorsqu’il avait dit que le Conseil des ministres devrait prendre ses décisions par consensus à condition que ceci ne se transforme pas en situation de blocage ou de veto. Le président Salam avait attiré l’attention sur cette éventualité. Ce qui se passait à l’intérieur du Conseil était de légères altercations entre ministres, chacun essayant de bloquer les dossiers de l’autre sur la base du donnant-donnant. Le veto des ministres ne portait pas sur des sujets de haute importance. La désignation de professeurs à l’Université libanaise n’est pas un différend politique. Le consensus a été adopté au départ pour assurer une certaine harmonie au sein du Conseil des ministres en l’absence d’un président de la République et ne pas donner lieu à un blocage.

Pourquoi en est-on arrivé au blocage?
Certains ont décidé soudain de bloquer l’action du gouvernement pour mettre l’accent sur l’importance d’élire un président et pour ne pas donner l’impression que le pays fonctionne sans celui-ci. Mais ceci n’est pas une excuse. Le Conseil des ministres n’a jamais voulu prendre le rôle du président. Il agit aujourd’hui en tant que mandataire et, en cette qualité, il n’a pas le droit de dépasser son mandat. Le Conseil des ministres ne prend aucune décision politique majeure et les dossiers épineux ne sont pas abordés. On ne peut plus accepter que le veto d’un seul ministre sur un dossier déterminé aboutisse au blocage dudit dossier. Le ministre peut, le cas échéant, inscrire son opposition à la décision, mais il doit se conformer à celle-ci. Selon l’article 65 de la Constitution, la solidarité ministérielle doit exister.

Qu’en est-il du mécanisme de prise des décisions au Conseil des ministres?
Il n’y a pas de mécanisme à proprement dit. Nous essayons de maintenir un large consensus au sein du gouvernement pour lui permettre de fonctionner et pour sensibiliser les ministres. C’est un accord qui a été fait. Nous insistons sur le consensus plus que sur le vote. Nous le réclamons pour donner plus de valeur et de poids aux décisions prises. Actuellement, le problème se situe au niveau des décrets qui doivent être signés par l’ensemble des ministres pour remplacer la signature du président. En présence du président, s’il ne signe pas le décret, celui-ci devient exécutoire 15 jours après. Mais si le Conseil des ministres s’abstient de signer aujourd’hui un décret, celui-ci restera dans les tiroirs. Je suis surpris  par le veto que certains ministres opposent. Toute personne peut paralyser le gouvernement, alors que celui-ci ne fait que traiter des dossiers de routine et n’aborde aucun sujet délicat. Je me demande pourquoi déployer tous ces efforts pour entraver l’action du gouvernement et ne pas le faire pour l’élection d’un président de la République.

Après une vacance à la présidence, allons-nous nous retrouver sans gouvernement aussi?
Le gouvernement est bel et bien là. La séance qui a été interrompue n’était pas importante et ne comportait pas un ordre du jour intéressant.

Comment voyez-vous l’évolution de la situation?
J’ai la vive impression aujourd’hui que certains se cherchent un rôle. J’aurais aimé que ce rôle se joue dans une affaire importante. Est-ce le Conseil des ministres qui empêche actuellement l’élection d’un président de la République, alors que Tammam Salam appelle, depuis le premier jour, à cette élection? De deux choses l’une: ou c’est un règlement de comptes, ou certains cherchent à jouer un rôle déterminé parce qu’ils se sentent écartés. A l’intérieur du Conseil des ministres, les choses se passent différemment de ce qui est montré dans la presse.

Propos recueillis par Joëlle Seif

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