La décision de fermeture du dépotoir de Naamé le 17 juillet 2015 est ferme et irrévocable, avait déclaré le ministre de l’Environnement, Mohammad Machnouk, dans un point de presse, en mai dernier. Mais l’appel d’offres, lancé pour l’adjudication du traitement des déchets solides dans les six régions de service, n’a pas été concluant.
Les compteurs semblent remis à zéro et le gouvernement est contraint de réviser sa stratégie d’action et de se prononcer avant la date butoir de la mi-juillet. En effet, le Liban a été divisé en six régions de service: la région de service numéro 1 comprend Beyrouth et ses banlieues; la région numéro 2: le Kesrouan, le Metn et Jbeil; la région numéro 3: le Chouf, Aley et Baabda; la région numéro 4: le Liban-Nord et le Akkar; la région numéro 5: la Békaa, Baalbeck et le Hermel; la région numéro 6: le Liban-Sud et Nabatié.
Six soumissionnaires
Seuls six soumissionnaires ont pris part à l’appel d’offres. Trois d’entre eux ont présenté des offres concernant la région de service numéro 2 (Kesrouan, Metn et Jbeil), trois autres ont présenté chacun une offre pour une des régions des services numéros 4, 5 et 6. Aucun n’a été enregistré pour les régions numéro 1 (Beyrouth et ses banlieues) et numéro 3 (Chouf, Aley et Baabda). Les trois sociétés qui ont pris part à l’appel d’offres pour la région numéro 2 ont été acceptées dans la forme. Mais il est de la compétence du seul Conseil des ministres de les accepter quant au fond, puisqu’il reste à vérifier les aspects légaux, administratifs et financiers de leurs dossiers. Il s’agit du consortium Butec-Indevco-Pizzorno: Butec est présidée par Nizar Younis; Indevco par Nehmat Frem et Pizzorno est une société française opérant dans le secteur du recyclage des déchets; le consortium Araco-Serco: Araco est présidée par Jihad Arab et Serco est une société britannique; le consortium Batco-Khoury-Danico: Batco est gérée par Antoine Azour, Khoury par Dani Khoury et Danico est une société italienne. Ce dernier consortium a présenté une autre offre sur la région de service du Liban-Nord et du Akkar. Néanmoins, les plis de cette offre, comme ceux relevant des sociétés Kassem Hammoud pour l’entreprise et de Danish, n’ont pas été ouverts en raison de l’absence de toute compétition. Le fait d’avoir une seule offre pour l’adjudication du contrat d’une seule région rend cette offre non avenue. L’alternative consiste à lancer un nouvel appel d’offres ou décider l’exportation des déchets, sachant que cette dernière option serait très coûteuse. Une source d’une grande société libanaise, spécialisée dans la collecte, le tri et le compostage des déchets n’ayant pas pris part à l’adjudication, a assuré à Magazine que les conditions du cahier des charges sont «rédhibitoires et irréalisables». Elle fait référence à l’impossibilité de trouver un ou plusieurs sites qui seraient consacrés au compostage des déchets solides de Beyrouth et de ses banlieues, même si ces sites ne doivent pas se trouver nécessairement dans le périmètre de la région numéro 1, comme tels sont les cas pour les autres régions de services. Il y aurait un volume de 800 tonnes de déchets/jour pour Beyrouth et ses banlieues. De plus, le cahier des charges conditionne l’acceptation de l’offre par une réhabilitation du dépotoir de Dora, tout en interdisant son agrandissement géographique. Cette même source rappelle que l’Etat n’a pas été en mesure, pendant 18 ans, d’honorer ses engagements conformément au contrat qui l’a lié à la société Sukomi visant à avancer de nouveaux sites proportionnellement à la progression du volume des déchets, Sukomi s’étant contentée de faire avec ce qui est disponible sur le site Naamé, alors que celui de Dora est fermé pour cause de saturation depuis une quinzaine d’années. En parallèle, une source ministérielle directement concernée par le dossier des déchets a confié à Magazine que le gouvernement sortira de son chapeau, dans les meilleurs délais, une solution à la région numéro 1 en proposant deux sites acquis en dehors de cette région pour regrouper, trier et composter les déchets solides de Beyrouth et ses banlieues.
Liliane Mokbel