Magazine Le Mensuel

Nº 3008 du vendredi 3 juillet 2015

Confidences Liban

Confidences Liban

Référendum: accord entre le CPL et les FL
Selon des proches du Courant patriotique libre (CPL) et des Forces libanaises (FL), leur dialogue a porté sur l’organisation d’un référendum auprès des chrétiens autour du choix du président de la République. Le sujet aurait été soumis et discuté avec le cardinal Béchara Raï et avec les Marada et les deux partis attendent encore la réponse du président Amine Gemayel. Des plans d’action, portant sur les problèmes logistiques de l’organisation du référendum, sont en préparation. A la question du général Michel Aoun sur la constitutionnalité du référendum, le député Alain Aoun affirme qu’il ne s’agit pas de référendum, mais d’un sondage de l’orientation de certaines forces politiques. Donc il ne s’agit pas d’un acte constitutionnel, mais d’un acte politique.

Le pari turc du bey
Pour le Hezbollah, Walid Joumblatt mise sur les Turcs et les Israéliens pour protéger les druzes de Syrie. Recep Tayyip Erdogan reste, d’après lui, l’homme fort de la politique étrangère, notamment celle de la Syrie. Le leader druze, affirment les Renseignements turcs présidés par Hakan Fidan, est responsable de la stratégie et Erdogan de la Syrie. Pour lui, la crise turque ne durera pas plus de trois mois et il mise sur le retour au pouvoir de ce dernier et sur les messages du député israélien Ayoub Kara à al-Nosra et Daech, leur interdisant de toucher aux druzes. Joumblatt, dit-on, s’est embourbé dans une dangereuse aventure en couvrant les terroristes d’al-Nosra. L’affaire a dépassé tout le monde face aux réalités imposées par le Hezbollah sur le terrain dans sa bataille existentielle à la frontière du Qalamoun qui lui a coûté le prix exorbitant du sang de ses meilleurs combattants.

Les raisons de l’absence
Une forte présence de la Jamaa islamia a été remarquée, notamment à Saïda et dans la Békaa, contrairement à Tripoli ou dans d’autres régions, dans les manifestations de protestation contre les tortures infligées aux détenus de la prison de Roumieh. Le Rassemblement des ulémas musulmans est pourtant connu pour ce genre d’appels. Ceux qui connaissent les positions de la Jamaa savent qu’elle reste à l’écart pour éviter des coups durs entraînant sa marginalisation sur la scène de laquelle elle ne peut recueillir les fruits du courage.  

Conditions rédhibitoires
Des politiciens du 8 mars déclarent que tout ce qui se dit au sujet d’un Conseil de ministres, qui se tiendrait en l’absence des représentants du 8 mars, n’est que des paroles vides de sens. Ils ajoutent que les ministres de ce camp participeront aux réunions auxquelles convoquera le chef du gouvernement, mais n’étudieront pas l’ordre du jour avant que les demandes du général Michel Aoun, concernant les nominations sécuritaires, ne soient satisfaites. Ces politiciens ajoutant que la présence éventuelle des ministres de Nabih Berry lors d’une telle réunion ne servira à rien.

Hariri et Joumblatt: fin d’une rupture
Entre Saad Hariri et Walid Joumblatt, les relations sont revenues au beau fixe après quatre ans de froideur. Des développements ont marqué le climat et rapproché les deux parties: ceux de Syrie et leur vision commune du régime syrien, le soutien à l’Arabie saoudite de la part de Joumblatt dans la crise yéménite, et à l’égard du gouvernement Salam, qu’ils appuient contre ses opposants de l’intérieur, notamment le CPL. Joumblatt a pris langue avec Hariri au sujet du gouvernement et des nominations sécuritaires. Le massacre de Qalb Laouzé (à Idlib, qui a fait de nombreuses victimes druzes), a provoqué un appel de Saad Hariri à Walid Joumblatt, auquel il a fait l’éloge de la sagesse et a dépêché à Clemenceau Fouad Siniora, accompagné de députés indépendants. Une rencontre élargie du directoire du PSP avec les cheikhs druzes à Rachaya, suivie d’une visite dans la Békaa, ainsi que le soutien des médias du Futur ont conforté le rapprochement.

Eichhorst fait ses valises
Après le départ de l’ambassadeur des Etats-Unis, David Hale, et de France, Patrice Paoli, c’est l’ambassadrice de la délégation des Nations unies au Liban, Angelina Eichhorst, qui quittera à son tour son poste à Beyrouth, à la mi-juillet. La relève, dit-on, serait assurée par une ambassadrice d’origine danoise. L’ambassadeur du Royaume-Uni, Tom Fletcher, achèvera sa carrière au Liban, où il s’est fait de multiples relations dans tous les secteurs. Hale serait, dit-on, remplacé par Candace Putnam, qui connaît bien le Liban, où elle a servi en qualité de présidente du bureau des relations publiques et, ensuite, en chargée d’affaires avant d’être transférée au Caire. Elle est supposée rejoindre son poste à la fin de l’été, après l’approbation du Congrès.

Daech à Aïn el-Heloué
Les alliés de Daech prennent de l’ampleur dans les camps palestiniens du Liban. Le plus grave n’est pas l’abdication de Fateh, mais les divisions internes des forces de sécurité communes, certaines ayant rejoint les islamistes. Si le Fateh ne réorganise pas Aïn el-Heloué, à Saïda, le camp risque d’être dominé par les islamistes. Les commandants de Fateh, Mahmoud Issa (Lino) et Mounir el-Makdah, échangent des accusations sur la responsabilité de l’escalade. Makdah reproche à Lino d’avoir dépêché ses hommes dans la région de Braksat pour contrer les «jeunes musulmans» responsables de la dégradation de la situation. Les proches de Lino disent que ses agents ont participé à la bataille après avoir entendu sur les fréquences des talkies-walkies que l’islamiste radical Bilal Badr a mobilisé dans la région de Braksat. Cette semaine, le responsable de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Azzam el-Ahmad, est arrivé au Liban pour empêcher les répercussions de ce qui s’est passé et s’informer de l’intention de Lino de former un courant réformiste à l’intérieur de Fateh.

Rencontre Kanaan-Gemayel
Le secrétaire général du Bloc du Changement et de la Réforme, le député Ibrahim Kanaan, a rendu visite à Saïfi à Samy Gemayel, président du parti Kataëb. Des personnes averties n’écartent pas l’idée que la rencontre ait eu pour but d’éclaircir les positions sur l’entente entre le leader du CPL, Michel Aoun, et le chef des Forces libanaises, Samir Geagea. Amine Gemayel reproche à cette initiative d’éloigner l’échéance de la présidentielle. En ce qui concerne le référendum auprès des chrétiens pour définir le leadership chrétien, Amine Gemayel le qualifie de perte de temps.

 

La résistance de Hadar sauve Chebaa
Les résultats de la dernière bataille dans le village druze syrien de Hadar ont torpillé le projet qui consistait à faire de Chebaa et ses environs un plan de rechange à Ersal et ses alentours, comme le projetaient les forces terroristes islamistes depuis plusieurs années, révèlent des sources sudistes. Selon ces mêmes sources, l’Armée libanaise et les forces locales d’appui se préparaient à l’éventualité d’un succès des terroristes à ouvrir la route Deraa-Chebaa, à travers la voie déserte du Golan occupé, grâce au soutien direct de l’armée d’occupation israélienne. Les préparatifs ont consisté à renforcer, à mobiliser et à rassurer les habitants qui se sont sentis en danger sur la ligne de front dans leurs régions sûres. Selon les mêmes sources, la stabilité de la région, grâce à la résolution 1701, se trouverait menacée si les régions syriennes limitrophes de Rachaya, au Liban, avaient échoué à se défendre. Les sources affirment que les druzes de Wadi el-Taym (Rachaya-Hasbaya) avaient été les plus mobilisés pendant les batailles qui ont eu lieu aux portes du village druze syrien de Hadar, la semaine dernière. Des menaces ont plané sur les déplacés syriens et sur ceux qui sont impliqués dans le massacre de Qalb Laouzé, en Syrie. On apprenait que certaines organisations de jeunes étaient prêtes à traverser la frontière de Rachaya pour participer à la levée du blocus autour de Hadar. L’ancien ministre Wiam Wahhab avait visité, quelques jours plus tôt, le village encerclé et rencontré les forces vives politiques et militaires.

Assir trahi par la Jamaa
A Saïda, on parle d’un rapprochement secret entre les Ikhwan de la ville et l’un des cheikhs sunnites proches de Téhéran. Ce rapprochement s’accompagne de l’acte d’inconnus qui ont brûlé des affiches de Ramadan, que la Jamaa islamia avait accrochées sur des places publiques et à la croisée des rues. Les mêmes sources disent que ce rapprochement n’avait pas pour but de contrer l’éventualité d’un retour du courant d’Ahmad el-Assir, d’autant que ceux qui ont brûlé les affiches ont laissé sur place le slogan «N’oubliez pas la bataille de Abra». A Saïda, on croit qu’il s’agit de tentatives, dont les effets ne sont pas garantis, menées par des «islamistes sunnites» affiliés au 8 mars, afin de renouer le fil rompu entre l’Iran, l’organisation des Ikhwan et le Hezbollah. Ceci a correspondu à la diffusion d’un enregistrement vocal du cheikh Assir, prouvant son retour dans la ville. Curieusement, dans cet enregistrement, il y a une violente attaque d’Assir contre la Jamaa. Le cheikh extrémiste répète qu’il avait été trahi par le responsable de la Jamma à Saïda, Bassam Hammoud. Ce dernier l’aurait encouragé à affronter l’institution militaire. Une fois défait par l’armée, Assir céderait la place à ses partisans qui regagneraient la popularité du cheikh fugitif auprès des familles de Saïda.

Les questions vaticanes
La visite de l’émissaire du Vatican au Liban, le cardinal Dominique Mamberti, était axée, dit-on, sur la présidence de la République. Des questions étaient posées sur la politique du président présumé: renforcera-t-il l’influence iranienne au Liban? Le Vatican voudrait avoir des garanties sur l’avenir de la politique iranienne au pays du Cèdre. Sans être opposé à l’Iran, le Saint-Siège craint l’emprise d’une partie contre l’autre dans l’équilibre que connaît le Liban. Ce n’est qu’au Liban, souligne le cardinal, qu’il existe encore un poids chrétien conséquent. L’accord conclu à Taëf, qui avait fait des chrétiens de véritables partenaires, sera-t-il respecté?
L’émissaire du Vatican, dit-on, a demandé au patriarche Béchara Raï, avec une extrême délicatesse, de réduire son action en faveur de la présidence. Au retour de sa dernière visite à Rome, le patriarche a laissé entendre qu’il aurait désormais une autre approche du problème de la présidence. Il n’en reste pas moins que réduire n’est pas ignorer un dossier prioritaire, mais les initiatives répétitives ne donnant pas de résultat, il en prendrait de moins en moins.

Le poids des réfugiés
Un officiel qui suit de près le dossier des déplacés syriens au Liban y souligne trois faits: le premier qualifié par les Nations unies du plus grave jamais connu. Le second est la diminution effective de leur présence au Liban, après la décision du gouvernement d’interdire la résidence à tout Syrien non cautionné par un Libanais. Le dernier point est la régression effective de 30% du volume des aides du Haut-commissariat des Etats-Unis pour les réfugiés du fait du manque de financement mondial.
Le nombre des réfugiés au Liban, selon les chiffres avancés par le Haut-commissariat, est 1174690. Selon le ministre des Affaires sociales, Rachid Derbas, ils seraient un million cinq cent mille et il existe mille huit cents tentes.
 

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