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Nº 3009 du vendredi 10 juillet 2015

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Antoine Andraos, vice-président du Courant du futur. «Samir Geagea espère hériter des aounistes»

«Je pense que l’accord entre les Américains et les Iraniens se limitera au dossier nucléaire. Les Etats-Unis et l’Europe ne veulent pas entrer dans des négociations régionales, bien que Rohani souhaiterait collaborer avec la communauté internationale pour combattre les terroristes». Interview d’Antoine Andraos, ancien député et vice-président du Courant du futur.
 

Quelles seraient les répercussions de l’accord américano-iranien sur la région, d’autant plus que les pays arabes ne cachent pas leurs craintes de voir l’Iran y étendre son hégémonie?
Je pense que l’accord entre les Américains et les Iraniens se limitera au dossier nucléaire. Les Etats-Unis et l’Europe ne veulent pas entrer dans des négociations régionales, bien que ce soit le souhait de Rohani de se positionner comme policier et de collaborer avec la communauté internationale pour combattre les terroristes. Les Américains, en tout cas, ne s’engageront pas dans ce dossier avant de se concerter avec leurs alliés naturels que sont l’Arabie saoudite et la Turquie, qui n’ont aucune confiance dans les Iraniens.

L’Arabie saoudite et la Turquie, deux pays qui, après tout, financent certaines organisations terroristes…
La Turquie a certes financé ces organisations pour des intérêts qui lui sont propres, mais l’Arabie, si elle l’a fait pour certaines mouvances, n’a jamais payé pour renforcer Daech, principale organisation que la communauté internationale souhaite combattre. Il faut rappeler que c’est l’Iran qui a le plus intérêt à ce que Daech se développe et, actuellement, tout le monde sait que ce pays paie plusieurs organisations en sous-main pour déstabiliser la région et tenter, ensuite, de se présenter en pompier.

Dans un autre registre, quel est votre avis sur la menace du général Michel Aoun d’avoir recours à la rue si ses revendications ne sont pas prises en considération?
Ce serait une hérésie de le faire. Depuis 1990, le chef du Courant patriotique libre (CPL) conduit le pays vers l’inconnu pour satisfaire ses intérêts personnels. Personne n’est dupe que s’il va jusqu’au bout de cette démarche, il sera accompagné par des membres du Hezbollah vêtus de tee-shirts orange pour donner le change. Ce qui se passe est très grave. Nous risquons un dérapage sécuritaire. N’oublions pas d’ailleurs qu’Ahmad Fatfat a rappelé que toutes les parties peuvent avoir recours à la rue si cela s’avère nécessaire. Nous ne souhaitons pas replonger dans la guerre.

Ne serait-il pas préférable pour éviter toute escalade de prendre en considération les requêtes de Michel Aoun qui a, quand même, un bloc parlementaire représentatif et une présence importante au sein du gouvernement?
S’il a autant de pouvoir qu’il le prétend, surtout au sein de la communauté chrétienne, pourquoi a-t-il demandé un référendum? Cet homme tient constamment un double langage. D’ailleurs, si on y pense, son bloc parlementaire c’est au Hezbollah qu’il le doit. Samir Geagea dit aussi être sûr qu’il détient la majorité au sein de cette communauté.

Parlant du chef des Forces libanaises, que pensez-vous du rapprochement entre lui et le général, qui ont signé une déclaration d’intentions?
Ils ont passé des années à se critiquer et à s’affronter et, d’un coup, les voilà devenus les meilleurs amis du monde. Samir Geagea ne dénonce pas actuellement l’attitude provocatrice du général, qui menace d’avoir recours à la rue, alors qu’il devrait le faire. Il se tait. Derrière ce silence, se cache le fait qu’il sait que Aoun avance en âge, qu’il a des problèmes de santé. Il souhaite donc «hériter» des aounistes, il pense que cela est possible. Or, il doit savoir que les choses ne se passent pas de la sorte au Liban. Quand un leader disparaît, ses partisans se dispersent.
 

Propos recueillis par Danièle Gergès

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