Magazine Le Mensuel

Nº 3009 du vendredi 10 juillet 2015

Confidences Liban

Confidences Liban

Froid entre Salam et Hariri
C’est à voix basse que des sources politiques parlent d’une sorte de tiédeur qui règne sur les relations entre les présidents Tammam Salam et Saad Hariri. Cela a commencé avec la dernière visite du Premier ministre libanais en Arabie saoudite où plusieurs réunions ont eu lieu avec les autorités saoudiennes en l’absence de l’ex-président Saad Hariri qui, du temps du roi Abdallah Ben Abdel-Aziz, était convié à assister à toutes les rencontres avec les responsables libanais.
On avait annoncé la présence de Hariri lors de l’entretien accordé par le prince héritier, l’émir Mohammad Ben Nayef, au président Salam, mais les milieux de ce dernier auraient démenti cette info, précisant que l’ex-président du Conseil a juste participé au déjeuner donné en l’honneur de Salam.
Lorsque, plus tard, le Premier ministre Salam a rencontré le président Abdel-Fattah el-Sissi au Caire, les médias du Moustaqbal ont prêté au numéro un égyptien des propos sur «la chute imminente du régime Assad», ce qui a contraint le bureau d’information du président Salam à clarifier les déclarations du chef d’Etat égyptien qui avait, en fait, appelé les Libanais à «consolider leur situation interne pour faire face à d’éventuelles urgences». Le Moustaqbal a-t-il voulu brouiller Salam avec la présidence égyptienne?

 

La Rencontre consultative prend position
Trois positions sont adoptées par la Rencontre consultative composée entre autres de huit ministres, des anciens présidents Michel Sleiman et Amine Gemayel:
– Soutenir la convocation du Conseil des ministres et refuser la paralysie du gouvernement.
– Donner la priorité à l’élection présidentielle et rejeter toute démarche visant à détourner l’attention sur des dossiers secondaires. Et, par conséquent, contester les sondages d’opinion et autres projets similaires.
– Désapprouver toute suggestion consistant à nommer un nouveau commandant en chef de l’armée avant la fin du mandat du général Jean Kahwagi.

Geagea bientôt chez Frangié?
Après ses visites au député Walid Joumblatt, au parti Kataëb et au général Michel Aoun, le Dr Samir Geagea pourrait prendre le chemin de Bnechaï, comme l’avance une source du 14 mars. Le chef des FL a ainsi démontré, selon cette source:
– Qu’il est le détenteur d’une initiative politique. Ainsi, on peut donc s’attendre à des démarches de sa part qui restent toutefois dans le cadre des constantes nationales.
– Contrairement à ce que l’on aurait pu croire, le Dr Geagea a fait preuve d’une flexibilité politique, ce qui lui donne la latitude d’agir au moment où il estime pouvoir effectuer une percée, même minime, dans le paysage politique et chrétien.
– Geagea a pris la décision d’élargir la marge d’action des FL et leur rôle sur la scène.

 

Gemayel passe à l’attaque
Le président Amine Gemayel a sévèrement critiqué le général Michel Aoun et le Dr Samir Geagea pour leur projet de sondage de la population chrétienne. Au cours de sa visite à Zahlé, il a déclaré: «Au lieu de perdre du temps ou de tergiverser en marge de la Constitution, il faudrait que le Parlement se réunisse pour élire un président le plus vite possible». Certains observateurs rapportent que Gemayel aurait dit: «Je crains que l’entente entre Aoun et Geagea ait noyé la présidentielle et la souveraineté. Je me demande s’il ne s’agit pas d’une sorte d’adaptation à la réalité suicidaire. Le document signé n’a pas abordé un sujet existentiel pour les chrétiens, à savoir l’élection d’un président de la République».

Encore une réunion pour rien
Le ministre de l’Education, Elias Bou Saab, a rencontré, il y a quelques jours, le chef du bureau de Saad Hariri, Nader Hariri, sans aboutir à un résultat au sujet de l’insertion prioritaire de la clause des désignations sécuritaires à l’ordre du jour du Conseil des ministres.
De l’avis d’un ministre du CPL, le Moustaqbal – Saad Hariri en particulier – devrait faire des concessions au général Michel Aoun à qui il avait fait un tas de promesses… Le règlement interne ne verra le jour que via une entente directe entre les deux leaders, loin des obstructionnistes, dont le président Fouad Siniora.

Le Liban prend ses précautions
Renforcement des mesures de sécurité au Liban, à la suite des attentats terroristes de Tunis et de Koweït. Le porte-parole de Daech, Abou Mohammad el-Adnani, avait lancé un appel à l’exécution d’opérations de ce genre durant le mois du Ramadan citant, entre autres, le nom du Liban. Les forces de sécurité ont ainsi consolidé les dispositions sécuritaires dans les différentes régions libanaises, surtout autour des lieux de culte et aux frontières, d’autant plus que certaines cellules dormantes pourraient profiter de la tension provoquée par le scandale de Roumieh pour semer la terreur.
Tous les leaders libanais ont été mis au courant de la montée des dangers, et priés d’instaurer un climat d’apaisement afin de calmer les esprits en cette période critique.

Les SR cherchent directeur
La désignation d’un nouveau directeur des Renseignements militaires ira de pair avec l’annonce de la prolongation de l’ajournement du départ à la retraite du commandant en chef de l’armée et du chef d’état-major dont le cas sera globalement réglé en août dans le cadre d’un package. Le nouveau directeur des Renseignements prendra en charge ses fonctions à l’expiration du mandat du général Edmond Fadel, qui passera un bout de temps avec son successeur pour le mettre au courant des stratégies de lutte antiterroriste, et lui confier les dossiers mis au point au cours des huit dernières années, des dossiers top secret comportant des documents et des informations confidentiels, surtout que l’officier que propose le général Jean Kahwagi pour prendre la relève n’a jamais été en charge de missions relevant des Renseignements. La possibilité que Fadel soit maintenu à son poste n’est pas à écarter totalement.
 

Pour Washington, priorité à l’Armée libanaise
Washington semble donner la priorité à l’armée, à son unité et à son efficacité à l’heure où l’Administration US pressent une tempête politique qui pourrait ouvrir la voie au Hezbollah afin qu’il entraîne le pays vers un congrès institutionnel. Ceux qui rencontrent l’ambassadeur David Hale rapportent son inquiétude quant à une grande explosion politique en septembre. C’est pourquoi il faut prévenir l’escalade en ces temps d’incendies qui embrasent la région tout entière et la Syrie voisine. Parallèlement, des milieux diplomatiques parlent, et pour la première fois depuis un an, d’un nouveau tournant dans la région après la signature de l’accord nucléaire entre Téhéran et Washington. Il est vrai que les données en Irak, en Syrie et au Yémen sont fort complexes, mais le dossier libanais reste le plus facile et le moins compliqué à régler.

 

Quel avenir pour Ersal?
La première étape du plan de libération du Qalamoun et du jurd de Ersal est achevée, selon des sources sur le terrain. Ses résultats à ce stade sont: la dispersion des groupes armés et leur expulsion de leurs tanières, la restriction de leurs mouvements et le blocage de leurs ressources, ce qui réduit leurs capacités à mener le combat. Les grandes pertes quotidiennes que l’armée fait subir aux combattants d’al-Nosra et de Daech, lorsqu’elle repousse leurs tentatives d’infiltration et leurs attaques contre ses positions, prouvent la supériorité de ses unités de renseignement présentes dans cette région. Ces sources ajoutent qu’une partie des éléments armés qui ont fui les affrontements avec le Hezbollah et l’armée syrienne dans le jurd de Ersal et le long de l’axe du Qalamoun se sont infiltrés dans les camps de déplacés du village où ils bénéficient d’une protection politique de la part de certaines factions libanaises.
L’étape prochaine sera encore plus dure pour les villages de Ersal, avancent-elles, parce que la bataille vise à nettoyer les poches où les combattants défaits se sont repliés.
Le Rassemblement de la société civile de Ersal avait signalé que «le nombre des réfugiés syriens est aujourd’hui trois fois supérieur à celui des habitants» et demande à l’Etat d’assumer ses responsabilités afin d’assurer la sécurité des citoyens et de les aider à «retourner à leurs champs et leurs ateliers» pour éviter la dégradation de leur situation économique.

Zabadani: en marge de la bataille
En marge de la bataille de Zabadani, les regards se tournent vers les régions du Jurd situées au sud de la route Beyrouth-Damas. Un expert militaire révèle que les montagnes de la chaîne de l’Anti-Liban sur les hauteurs de Aïta Fakhar, Yanta, Ayha jusqu’à Chebaa commencent à attirer les combattants qui contrôlaient Zabadani et ses alentours et qui ont fui la région. Leur nombre initial est évalué à quelque 4000 éléments armés. Le relief de cette vaste région rocailleuse et peu peuplée et son interpénétration géographique vers le bas avec la plaine de Ketna, au sud de Damas, et vers le haut vers les axes de Qoneitra dans le Golan dont les hauteurs sont occupées par Israël, facilitent les manœuvres militaires. En se repliant sur leurs nouvelles positions, les combattants se heurtent à l’Armée libanaise, déployée en nombre sur les axes de cette région, et à la présence des forces du 2e Faylak et de la quatrième troupe de l’armée syrienne. Ces combattants obtiennent cependant des facilités de Majdel Anjar et des villages avoisinants où certains cheikhs et fils de tribus leur apportent de l’aide. La source pense que ces éléments ne peuvent pas représenter une menace sur la route internationale, mais la Békaa-Ouest pourrait être influencée par ces développements surtout dans les milieux sunnites-druzes voisins.

Pas de rapprochement Hezbollah-Hamas
Malgré les efforts de nombreux médiateurs «islamistes», la relation entre le Hezbollah et le Hamas ne s’est pas améliorée, rapporte un activiste de la Rencontre consultative islamique. Le Hamas était présent à la dernière réunion de la rencontre, alors que l’absence du parti chiite était prévisible, en raison de l’élargissement du fossé politique qui le sépare des autres participants. Moussa Abou Marzouk, membre du bureau politique du Hamas, a passé plusieurs jours à Beyrouth au cours du mois de Ramadan sans prendre la peine de rendre visite à sayyed Hassan Nasrallah, bien qu’il ait rencontré plusieurs responsables libanais dont les présidents Nabih Berry et Tammam Salam, et le général Abbas Ibrahim. La source indique que la Rencontre consultative a été instituée dans le but de rassembler les partis islamiques sunnites et chiites libanais et palestiniens, mais le Hamas a voulu rapprocher ce regroupement des Frères musulmans. D’ailleurs, la dernière réunion a eu lieu au siège des Ikhwan libanais à Aïcha Bakar en présence des extrémistes du Comité des ulémas musulmans sympathisants d’al Qaïda… Parallèlement, invité à un iftar à Saïda par le Hezbollah et la Garde révolutionnaire iranienne, le Hamas avait répondu à l’invitation en envoyant Abou Marzouk, accompagné du responsable des Ikhwan libanais, Azzam Ayoubi. Mais ce dernier avait tweeté par la suite: «Ma position par rapport à l’action du Hezbollah n’a pas changé».

Le Liban, «pays fragile»
Le rapport annuel sur la fragilité des pays, publié par le Fonds pour la paix, montre la dévaluation de la place du Liban en 2015. Le rapport divise la carte de la «fragilité» dans le monde en quatre catégories. La première englobe les pays qui affichent un développement durable, la deuxième regroupe les pays stables, la troisième inclut les Etats en «alerte de fragilité» et la quatrième rassemble les Etats qui méritent un avertissement. Le Liban se situe dans la quatrième catégorie avec les pays ayant obtenu une note «high warning». En inventoriant les indices de fragilité de 178 Etats, le rapport place le Soudan à la première place (le plus fragile) et la Finlande à la dernière ayant obtenu la note «very sustainable». Quant au Liban, il a droit à la 41e place après Djibouti et avant l’Angola. Alors qu’il occupait la 65e place en 2006 avant de chuter à la 28e en 2007, à la suite des ravages de l’agression israélienne. Le rapport est publié par des chercheurs américains et occidentaux parmi lesquels plusieurs anciens diplomates.

 

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