Magazine Le Mensuel

Nº 3018 du vendredi 11 septembre 2015

general

Le Liban, plateforme pour le commerce illicite de Tabac

Citée dans un rapport du think tankMiddle East Strategic Perspectives (MESP), la Régie libanaise de tabac et tombac a fait état récemment d’un recul de 30% de ses ventes de cigarettes en 2015 par rapport à la même période un an auparavant. Cette régression ne serait pas tant due à la mise en œuvre de la loi antitabac dans les endroits publics fermés, à peine respectée, mais à la contrebande des cigarettes via la Syrie. En revanche, la vente du tombac pour narguilé, shicha et hookah a progressé de 60% parce que ce type de produits n’est pas disponible sur le marché syrien, selon la même source. Une autre raison, qui justifierait la hausse des ventes et la popularité du tombac, est le fait que les jeunes seraient persuadés que la consommation de celui-ci est moins nocive que celle des cigarettes devenues un véritable fléau dans la région du Proche-Orient. Le conflit syrien, qui a rendu les frontières du Liban et de la Syrie incontrôlables et a aggravé l’instabilité sur le double plan économique et politique, a contribué largement au commerce parallèle du tabac, ainsi que du captagon, une amphétamine fabriquée en Syrie. Les cigarettes introduites en contrebande au Liban sont surtout vendues aux réfugiés syriens qui s’y trouvent ou transitent vers d’autres pays du Moyen-Orient. Le positionnement des grands acteurs de l’industrie du tabac par rapport à la convention du contrôle du tabac (FCTC) parrainée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) signée par 168 pays en mars 2004, est mitigé. Ces acteurs encourageraient le commerce parallèle des cigarettes au Moyen-Orient principalement vers l’Iran (44% du total des ventes de cigarettes) et l’Irak via le Liban et la Syrie. Les raisons seraient multiples, en l’occurrence, la création d’une demande de leurs marques de produits sur les marchés précités et la vente de leurs stocks de cigarettes de moins bonne qualité de fabrication.

 

Baisse des revenus
Le commerce des cigarettes en contrebande ou contrefaites (représentant 10,7% du total des ventes de cigarettes dans le monde) rend les prix de ce produit moins chers et plus abordables et augmente leur consommation auprès des couches sociales à faible et moyen revenus. Dans le même temps, cette pratique du commerce parallèle réduit les recettes du Trésor et permet le financement de la criminalité, du terrorisme et des conflits. De plus, souligne le rapport du MESP, le lobby des compagnies de tabac insiste sur le fait que le trafic illicite des cigarettes est une conséquence induite par l’augmentation de la taxation sur de tels produits et le resserrement des règlements qui gèrent cette industrie. Un fait qui s’inscrirait en faux par rapport aux données de l’OMS puisque le commerce illicite du tabac est plus fréquent dans les pays à bas revenu (16,8% du marché) et les pays à moyen revenu (11,8% du marché) ainsi que les pays où la taxation des cigarettes est faible (le prix du paquet est de 1,13 dollar et 1,89 dollar respectivement). Il est moins fréquent (9,8% du marché) parmi les pays à revenu élevé, où les taxes sont élevées (prix du paquet 4,89 dollars). Des études publiées en 2015 dans The British Medical Journal soulignent la stabilité du commerce illicite du tabac aux Etats-Unis et en Australie en dépit de la majoration des taxes sur les cigarettes.

 

PAGES RÉALISÉES PAR LILIANE MOKBEL

 

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