Magazine Le Mensuel

Nº 3027 du vendredi 13 novembre 2015

Semaine politique

Double attentat à Bourj el-Barajné. Le terrorisme frappe encore

La capitale est secouée, jeudi 12 novembre, par l’attaque la plus meurtrière depuis la fin de la Guerre civile en 1990. Deux kamikazes ont fait détoner leurs ceintures explosives, à moins d’une minute d’intervalle, devant un centre commercial, à Bourj el-Barajné, dans la banlieue sud de Beyrouth. Bilan des premières heures de recensement: 43 morts et plus de 263 blessés. L’attaque, revendiquée par l’EI, a provoqué une vive émotion dans le pays et a été fermement condamnée par l’ensemble de la classe politique libanaise.

Ce double attentat suicide, sanglant et destructif, était censé être suivi de deux autres, selon les témoins oculaires et les rapports officiels. Des sources du Hezbollah, reprises par les médias, affirment que le troisième kamikaze est mort avant de pouvoir faire exploser sa ceinture, tandis que le quatrième s’est enfui. Selon le ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, l’une des deux explosions aurait tué le troisième kamikaze. L’attaque a causé des dégâts considérables, des incendies et des dommages dans les immeubles alentour.
L’Etat islamique revendique, jeudi, peu de temps après l’attaque, le double attentat survenu, dans un fief du Hezbollah, deux jours après que l’armée syrienne, soutenue par le Hezbollah et des combattants iraniens, a remporté une victoire significative contre l’EI, en reprenant l’aéroport de Kweirs, à l’est d’Alep. Dans un communiqué que l’EI a publié sur Internet, il affirme avoir «réussi à faire exploser une motocyclette piégée garée contre un rassemblement de ‘‘rafida’’ (les chiites, ndlr) à Bourj el-Barajné (…). Après que des ‘‘traîtres’’ sont accourus sur les lieux de l’attentat, l’un de nos combattants a fait exploser sa ceinture au milieu du groupe».
Une journée de deuil est observée le 13 novembre dans tout le pays. Le ministre de l’Education et de l’Enseignement supérieur, Elias Bou Saab, a décidé la fermeture des institutions scolaires publiques et privées.
«Un acte particulièrement criminel et lâche», a déclaré le Premier ministre, Tammam Salam, après l’horrible carnage. Des rumeurs particulièrement inquiétantes mettaient en garde les Libanais contre des actes terroristes. Depuis quelque temps, les services de sécurité surveillent, avec une extrême vigilance, les déplacements de suspects, arrêtent plusieurs individus porteurs de ceintures d’explosifs dans de nombreuses régions, surtout à Kobbé et dans la région de Tripoli, mais nul ne s’attendait à ce que cela exploserait dans la capitale.
Quarante-trois innocents ont payé de leurs vies ce monstrueux carnage, pendant que les dirigeants, très forts pour dénoncer, ne comprennent pas encore qu’il leur faut prendre la mesure des dangers auxquels le pays est exposé. Le véritable massacre dans un quartier populaire surpeuplé, qui a provoqué autant de dégâts matériels difficilement récupérables et surtout des vies humaines, devrait au moins réveiller les consciences des dirigeants.
Le président français, François Hollande, a, lui aussi, «exprimé son indignation et son effroi après l’attentat» et dénoncé un «acte abject».

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