Magazine Le Mensuel

Nº 3030 du vendredi 4 décembre 2015

Cinéma en Salles

Film kteer kbeer. Précis de manipulations

De par son titre même, Film kteer kbeer (Very big shot) donne le ton. L’imaginaire ambitionne de se lancer à grande envolée, jouant d’un équilibre entre le populaire et la réalisation d’une vraie industrie.

Ecrit et réalisé par Mir-Jean Bou Chaaya, sous la forme d’un court métrage avant que la décision d’en faire un long ne s’impose, Film kteer kbeer est produit par Kabreet Productions, en association avec Michel Eléftériadès, la LBCI et Lilapost. Il est question de famille, de trafic, de drogue, de cinéma, d’amitié, de mafieux, de cinéma, il est surtout question de Libanais, pris dans leur vie de tous les jours, pétris de manipulations quotidiennes, médiatiques, politiques, familiales, amicales, communautaires…
Nous sommes tous conscients des problèmes auxquels fait face le cinéma libanais, ses écueils et ses tentatives de s’en sortir, les critiques positives et négatives qui foisonnent, forcément, souvent subjectivement, en l’absence de standards, de critères et de critiques, les yeux forcément tournés vers le passé, les envies de s’éloigner à tout prix des sujets relatifs à la guerre, ou de plonger dans l’arbitraire, le gratuit ou l’élitiste. C’est peut-être en partant de toutes ces donnes que le film s’élance, commence à se construire et, d’un coup, se rend compte de ce qu’il est en train de construire, pour bifurquer un peu plus tard, quelques séquences plus tard, quelques sourires et quelques sous-entendus plus tard.
Sorti en salles en grande pompe, Film kteer kbeer fait déjà couler beaucoup d’encre. Elogieuse essentiellement, à tel point qu’il semble qu’il y aurait dans l’industrie locale, un avant et un après. Certes, le film ne manque pas de qualités, de séquences réussies, mais de là à le situer comme une époque charnière, c’est précisément par cette extrême conscience de soi que réside son point faible, cette conscience d’un positionnement qui se veut exceptionnel, particulier, novateur et original, d’un positionnement qui ambitionne de vouloir créer le vrai renouveau du cinéma local. C’est là où le bât blesse, là où apparaissent ses défauts; en se voulant aussi simple, aussi authentique que la vie de nous autres citoyens libanais, en démarrant avec des éléments de base justes et adéquats, comme si au milieu du film même, cette constatation devient tellement pesante, qu’il finit par tomber dans le caricatural, des personnages et des situations, surtout des personnages, au-delà du bon jeu des acteurs: Alain Saadeh, Fouad Yammine, Tarek Yaacoub, Alexandra Kahwaji, Wissam Farès, Georges Hayeck, Fadi Abi Samra, et la participation de Marcel Ghanem.
On pourrait également prétendre à la justesse d’une mise en abyme, de la production d’un film dans un film, qui suivrait le même processus, le même cheminement, mais, pour une raison ou une autre, un scénario qui suit l’ambition démesurée soudain révélée du film, une étude avortée des personnages, la volonté de détourner les clichés en recourant précisément à d’autres, le résultat final ne tonne pas aussi justement que l’ambition. Pourtant, Film kteer kbeer pourrait être un film divertissant, un bon film libanais, si on oublie toutes ces ambitions qui l’entourent.

Nayla Rached
 

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