Magazine Le Mensuel

Nº 3030 du vendredi 4 décembre 2015

Spectacle

Bint el-jabal. Une pièce qui renaît de ses cendres

En 1988, Bint el-jabal (La fille de la montagne) se joue au Casino du Liban avec la célèbre chanteuse et actrice libanaise Salwa el-Katrib. Vingt-sept ans plus tard, Romeo Lahoud met en vedette Aline Lahoud, Badih Abou Chakra, Maggie Badaoui, Gabriel Yammine et Issam Merheb dans une reprise remarquable de la comédie musicale.

Increvable, indémodable, Bint el-jabal est une pièce ad vitam æternam. Ayant atteint un pic de popularité durable, cette péninsule de succès n’a cessé de fasciner les spectateurs depuis la nuit des temps. Adaptation libanaise de la comédie musicale My Fair Lady, inspirée de la pièce de George Bernard Shaw, Bint el-jabal est née sur les planches de théâtre libanaises en 1977. C’est alors Salwa el-Katrib qui endosse ce rôle aux côtés d’Antoine Kerbage, avant de jouer pour la même pièce, et pour une seconde fois, en 1988. Aujourd’hui, c’est au tour d’Aline Lahoud d’incarner le rôle de Lisa, la paysanne de Kfar Yanouh, après maintes hésitations, considérant que «c’est une immense responsabilité que je porte, car toute une génération a déjà assisté à la pièce originale, donc la comparaison sera forcément présente». Devant être présentée en janvier 2015, la pièce a dû prendre du retard, en raison de l’esprit perfectionniste du metteur en scène. C’est dans ce sens qu’entre le décor de Serge Brounst, les costumes de Papou Lahoud, la musique de Boghos Gélalian, les chorégraphies de Georgette Gébara et de Nay Merheb, humour et histoire, Bint el-jabal ne se raconte pas, parce que raconter une pièce pareille, la résumer, c’est l’abîmer, en casser le charme ineffable, c’est violer le mystère des métaphores. Le spectateur retrouve, en effet, sur le plateau la complexité de l’histoire qui orchestre les faits et les pensées, les descriptions et les analyses. L’alternance du récit et du dialogue donne une couleur plaisante à la représentation et met l’accent sur la légèreté avec laquelle les interprètes s’emparent et du matériau narratif et des personnages.
Bint el-jabal continue à se reproduire sur scène, fascinant ainsi des milliers de spectateurs.
 

Natasha Metni

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