Magazine Le Mensuel

Nº 3036 du vendredi 15 janvier 2016

Spectacle

Dans la peau de Cyrano. La différence comme reflet de l’autre

Persona Productions accueille Dans la peau de Cyrano, qui se jouera sur les planches du théâtre Monnot, du 23 au 25 janvier. Un spectacle tous publics de et avec Nicolas Devort, au sein de la compagnie Qui va piano.
 

Après le succès du Porteur d’histoire, des Cavaliers, d’Un obus dans le cœur et des Chatouilles, Persona Productions accueille son 5e spectacle, Dans la peau de Cyrano, au théâtre Monnot, du 23 au 25 janvier, toujours dans l’objectif principal de soutenir la culture et la francophonie en accueillant à Beyrouth des spectacles de qualité. Un rendez-vous à ne pas rater, un spectacle tous publics à partir de 12 ans, pour les enfants et pour les adultes aussi, car il fait surgir l’enfant en chacun de nous; un parcours initiatique où chacun trouvera un écho à sa propre différence.
 

Seul sur scène
Comment se construire quand on entre dans l’adolescence, laissant derrière soi le monde de l’enfance? Une étape qui est loin d’être facile, surtout quand on est différent. C’est le cas de Colin. Il a 12 ans. Il bégaie depuis la disparition de son père. Il entre dans un nouveau collège et il est inscrit d’office dans un cours de théâtre.
Spectacle tous publics de et avec Nicolas Devort, l’auteur et comédien est seul sur scène, avec un fond noir et une chaise comme tout décor. Il est Colin, mais aussi tous les personnages hauts en couleur qu’il croise sur son chemin: Adélaïde dont il est amoureux, la «psy», ses camarades de classe Maxence, Benoît, Guyle… Il est aussi son professeur de théâtre, figure paternelle et bienveillante, qui lui ouvrira l’univers du théâtre, de la littérature, des mots, qui lui permettra de rencontrer un personnage littéraire qui lui ressemble tant, qui est différent comme lui. Colin se retrouvera dans la peau de son personnage, «dans la peau de Cyrano», qui lui apparaît comme une révélation; le handicap, le nez pour Cyrano, le bégaiement pour Colin sont le socle commun de leurs difficultés: la peur du regard des autres, l’impossibilité de dire leur amour à celles qu’ils aiment, Roxane pour l’un, Adélaïde pour l’autre, la solitude… Le fait d’entrer dans la peau de Cyrano permettra à Colin de s’accepter et de se libérer de lui-même, en chemin vers une nouvelle naissance.

 

Une histoire, une pause de soi
«Dans la peau de Cyrano aborde les difficultés de la construction de soi à l’adolescence, explique la compagnie Qui va piano, dans la note d’intention. Nous avons choisi de travailler sur cette période charnière dans l’évolution de l’enfant, car c’est là que les sujets de préoccupation se font plus profonds, plus intimes. Le spectacle aborde avec les jeunes des thèmes sensibles comme le handicap, la mort d’un parent, les secrets de famille, le regard des autres…».
Si le fond évoque des sujets graves et délicats, la mise en scène enlevée et rythmée donne au spectacle une force joyeuse et poétique. La direction d’acteur, faite à partir d’improvisations, permet au spectateur d’identifier instantanément les personnages grâce à un geste, un regard, une voix, opérant comme un attribut propre à chacun. Le spectacle repose sur le rythme, le corps dont la place de choix est exacerbée par la scène vide et la performance de l’acteur: Nicolas Devort qui recrée l’ambiance d’une classe, d’un cours de théâtre, en passant avec virtuosité d’un personnage à l’autre.
Une performance qui est saluée unanimement par la critique. Nicolas Devort, écrit Télérama, «donne corps aux différents protagonistes, fait naître images et émotions au fil du récit. Une histoire sensible dans laquelle le texte d’Edmond Rostand se lit en filigrane et un très bon jeu de comédien dans cette alternance virtuose des rôles».
Quand la réalité et la fiction se mêlent, quand le théâtre et la littérature permettent de voyager à travers les autres pour mieux se comprendre et se dire, résonnent, entre le prologue et l’épilogue, ces merveilleux mots de Nicolas Devort: «Croire à une histoire, c’est faire une pause de soi et laisser la place à d’autres personnages […]. Et quand l’histoire se termine, c’est notre propre histoire qu’il faut recommencer à écrire».

Leila Rihani

Samedi 23, dimanche 24 et lundi 25 janvier 2016, à 20h30 au Théâtre Monnot.
Pour les séances scolaires, sur réservation, le spectacle est conseillé particulièrement aux élèves des classes de 4e, 3e et 2nde, et pour l’Option Théâtre en 1ère et Terminale.

Fiche technique
Texte, musique et interprétation: Nicolas Devort.
Collaboration artistique: Stéphanie Marino et Sylvain Berdjane.
Direction d’acteur: Clotilde Daniault.
Lumières: Philippe Sourdive.
Production: Cie Qui va piano et Pony
Production (France).

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