Magazine Le Mensuel

Nº 3039 du vendredi 5 février 2016

Événement

En contrepartie de la relaxation de Ali Fayad. Libération des cinq otages tchèques

Les cinq citoyens tchèques enlevés en juillet 2015 ont été retrouvés sains et saufs, a annoncé le ministère tchèque des Affaires étrangères. Le ministère ne précise toutefois pas qui étaient les auteurs de cet enlèvement et les modalités du dénouement. Selon des sources sûres, en contrepartie de la libération des cinq otages, Prague se serait engagé à libérer un Libano-Ukrainien emprisonné dans le pays.

Dans un communiqué laconique, le ministère tchèque des Affaires étrangères a annoncé que «les cinq hommes enlevés au Liban en juillet 2015 dernier sont vivants et se trouvent, selon nos informations, dans un état de santé satisfaisant. Ils sont entre les mains des forces de sécurité libanaises et un avion spécial devrait être prochainement affrété pour les rapatrier». Le ministère a refusé de donner davantage de précisions, «en raison de l’enquête en cours menée par la brigade de lutte contre le crime organisé (UOOZ) de la police tchèque». Des sources proches du ministère libanais de la Justice indiquent que les ressortissants tchèques ne devaient pas être rapatriés avant d’avoir été entendus par les services de sécurité.
Selon une source des services de sécurité libanais, «la libération des cinq Tchèques, parmi lesquels un officier, est l’aboutissement d’un accord sur un échange, qui prévoit la libération d’un Libanais détenu à Prague, Ali Taan Fayad», précisant que les cinq Tchèques avaient été libérés dans la région de la Békaa. Le chauffeur qui conduisait la voiture des cinq touristes en question est Saëb Munir Taan, un proche du détenu Fayad. L’avocat de Ali Fayad figure également parmi les Tchèques enlevés. Information confirmée par Kamal Mohsen el-Haf, le neveu de Ali Taan Fayad, qui a déclaré à la presse lors de l’enlèvement en juillet dernier: «Nous connaissons très bien l’équipe tchèque portée disparue. Parmi eux, figure l’avocat de Ali venu au Liban quatre ou cinq fois où nous l’avons rencontré. Il y a aussi deux journalistes tchèques, un traducteur et le frère de Ali, Saëb Taan Fayad, qui les conduisait dans sa voiture personnelle». Il a ajouté qu’il ignorait l’identité du cinquième Tchèque enlevé.
Ali Taan Fayad avait été placé en détention provisoire en République tchèque en 2014 à la demande des Etats-Unis, dans une affaire de trafic d’armes présumé. Les Américains l’accuseraient également de complot contre les Etats-Unis. Washington avait demandé son extradition, mais les autorités tchèques avaient refusé de le faire, arguant du fait que les responsables américains n’avaient pas donné d’assurance quant à sa protection. Selon des sources informées, des membres de services du renseignement tchèques se seraient rendus à plusieurs reprises au Liban et se seraient entretenus avec le directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim, qui a finalement réussi à établir un contact avec les ravisseurs. Ces derniers ont exigé la libération de Fayad sans aucune procédure, demande qui aurait été exigée également par les autorités ukrainiennes du fait que Fayad possède aussi cette nationalité. Toujours selon les mêmes sources, les responsables tchèques auraient accepté cette demande et c’est sur cette base que les ressortissants tchèques enlevés ont été libérés.
 

Danièle Gergès

Retour sur un enlèvement
Les cinq Tchèques, ainsi que leur chauffeur, ont été portés disparus en juillet dernier et leur voiture a été retrouvée dans la région de Kefraya, dans la Békaa. Plusieurs services de sécurité avaient affirmé qu’ils avaient été bel et bien enlevés et que des appareils photos professionnels et de l’équipement vidéo ont été retrouvés dans la voiture qui appartenait à Saëb Munir Taan, originaire de Nabatiyé. Selon une source de sécurité, le père du chauffeur s’est rendu au commissariat de Dweir pour déclarer que son fils avait disparu dans des circonstances mystérieuses, et qu’il avait perdu tout contact avec lui. C’est ainsi que l’enlèvement avait été découvert. Tout de suite, les sources sécuritaires ont estimé que l’enlèvement est lié à Ali Fayad arrêté en République tchèque, compte tenu du lien de famille qui lie Taan à Fayad, sachant qu’il est son demi-frère et qu’il avait auparavant organisé un sit-in devant les ambassades américaine et tchèque à Beyrouth pour exiger sa libération.

Related

Mgr Béchara Raï. Lobbying au-delà des frontières

Wafa Khochen. Quand l’art se fait partage

Un Conseil national pour redynamiser la révolution

Laisser un commentaire


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.