«Le Hezbollah est responsable du sabotage de l’échéance présidentielle. Il attend les développements en Syrie avant de se décider». Antoine Zahra, député de Batroun pour les Forces libanaises, partage le point de vue du Futur à ce propos. En revanche, sur un autre niveau, il a assuré que, désormais, la logique qui stipule que les autres décident et les FL suivent est finie. «Samir Geagea n’a jamais commis d’erreur avec quiconque, c’est plutôt le contraire qui s’est passé».
Une fois de plus, la séance parlementaire pour l’élection d’un président est reportée. Vous vous y attendiez alors que les deux candidats sont membres du 8 mars?
Certainement. Soyons clairs. Nous savons tous que le Hezbollah est responsable du sabotage de l’échéance présidentielle. Il attend les développements en Syrie avant de se décider. Ce parti sort des rangs et de la volonté unanime des Libanais. Vous vous rappelez sa réaction à la déclaration de Baabda soutenue par toutes les forces politiques? Il ne souhaite pas qu’il y ait à la tête de l’Etat un président pouvant mettre un terme à ses interventions en Syrie. A la demande de l’Iran, il continuera à appuyer le régime syrien jusqu’au bout. Il sait que même un président de son camp n’appuiera pas son ingérence qui entraîne le Liban tout entier dans l’inconnu. Le Hezbollah a toujours déclaré qu’avant d’appuyer la candidature de quiconque, il souhaite connaître tous les détails concernant la présidence du Conseil des ministres: les points de la déclaration ministérielle, la loi électorale… quand il s’est senti coincé parce que les Forces libanaises ont appuyé la candidature de Michel Aoun, il n’a plus rien évoqué de tout cela parce qu’il ne veut pas de chef d’Etat. Ce parti veut traduire sa force en gains politiques. Je tiens à préciser que le général Michel Aoun a totalement souscrit aux dix points énumérés par Samir Geagea lorsqu’il a soutenu sa candidature à Maarab.
Vous accusez le Hezbollah de tous les maux, pourtant, certains des responsables du Futur vous taxent d’avoir littéralement jeté le Liban dans les bras de l’Iran. Que leur dites-vous?
Ce sont des propos déplacés et sans fondement. Des réactions ponctuelles sans grand effet. Les FL sont proches de l’Arabie saoudite et n’ont besoin d’aucun intermédiaire pour poursuivre ces relations. Samir Geagea n’a jamais commis d’erreur avec quiconque, c’est plutôt le contraire qui s’est passé. Ce sont les autres qui souhaitent lui imposer leurs points de vue et je peux vous assurer que la logique qui stipule que les autres décident et les FL suivent est erronée.
D’une part, vos alliés du Futur vous accusent de tous les maux et, dans un autre registre, les Kataëb ne sont pas en reste: à chaque intervention, Samy Gemayel se démarque carrément de vous. Comment expliquez-vous son attitude à votre égard?
Tout a commencé lorsque nous avons appuyé la candidature de Michel Aoun à la présidence, bien que nous n’ayons eu de cesse de les rassurer. Peut-être que les Gemayel croient que nous avons pris cette initiative pour avoir des parts du gâteau.
Est-ce vrai que si les élections municipales se déroulent à temps, vous comptez vous allier au Courant patriotique libre (CPL)?
Tout à fait. D’ailleurs, nous sommes les seuls, FL et CPL, à vouloir que ces élections aient lieu, d’une part parce que c’est une démarche démocratique nécessaire et, d’autre part, pour traduire et expérimenter notre alliance sur le terrain.
Allez-vous participer à la commémoration de l’assassinat de l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri, au Biel?
Ces questions que tous les journalistes nous posent systéma-tiquement m’étonnent. Les relations entre nous et nos alliés se poursuivent. Nous répondrons certainement aux invitations reçues pour participer à cette commémoration. Les FL ont lutté depuis plus d’une trentaine d’années pour défendre l’indépendance et la souveraineté du Liban, et ce n’est pas aujourd’hui que les choses vont changer.
Propos recueillis par Danièle Gergès