Deux jours avant les Oscars, c’est en France, au Théâtre du Châtelet, à Paris, que l’Académie des arts et techniques du cinéma remettait ses César. Retour sur le palmarès.
Après la razzia, l’année dernière, de Timbuktu, de Abdelrahman Sissako (7 César), et même celle, plus relative, en 2014 du film de Guillaume Gallienne, Les garçons et Guillaume, à table! (5 César), le palmarès des César 2016 est beaucoup plus diversifié. Même si l’on peut considérer que c’est le film Mustang de Deniz Gamze Ergüven qui a remporté le plus grand succès officieux de la soirée avec quatre statuettes sur ses neuf nominations: meilleur premier film, meilleur scénario original, meilleure musique originale et meilleur montage. Un succès à la fois artistique et technique qu’il n’a pourtant pas pu réitérer aux Oscars dans la catégorie du meilleur film étranger, perdant la manche face au film hongrois Le fils de Saul.
Mais aucune de ses quatre statuettes ne se classe parmi les catégories majeures. Et c’est là qu’apparaissent la diversité et l’audace du palmarès. La récompense suprême, César du meilleur film, est attribuée au film Fatima de Philippe Faucon, qui raconte l’histoire d’une femme algérienne venue en France sans connaître la langue et, qui, avec son salaire de femme de ménage, élève seule ses deux filles. Le film a également remporté le prix du meilleur scénario adapté et du meilleur espoir féminin pour Zita Hanrot.
Desplechin, Lindon et Frot
Pourtant, Fatima faisait face à des concurrents de taille, Marguerite, La loi du marché, La tête haute et Dheepan de Jacques Audiard, Palme d’or 2015, parti avec neuf nominations, certaines dans les catégories majeures et qui lui ont échappé. C’est ainsi que le réalisateur d’Un prophète et De rouille et d’os cède le trophée de la meilleure réalisation à Arnaud Desplechin pour Trois souvenirs de ma jeunesse. Première statuette pour ce grand nom du cinéma de l’Hexagone, jamais récompensé auparavant.
Idem en ce qui concerne deux autres importantes récompenses: celle du meilleur acteur qui revient, enfin, au bout de six nominations, à Vincent Lindon pour La loi du marché, et surtout celle de la meilleure actrice à Catherine Frot, pour son émouvante interprétation d’une fausse cantatrice dans Marguerite, une statuette enfin dans les mains après avoir été nommée dix fois déjà, ne recevant qu’une récompense pour un second rôle. Injustice réparée.
Notons également la belle récompense du meilleur espoir masculin au jeune Rod Parodot pour La tête haute. Parmi les autres récompenses: les meilleurs seconds rôles, masculin et féminin, sont attribués respectivement à Benoît Magimel (La tête haute) et Sidse Babett Knudsen (L’Hermine), le César du meilleur film étranger revient à Birdman d’Alejandro González Iñárritu, et celui du meilleur documentaire à Demain de Mélanie Laurent.
Les avis quant au succès de cette cérémonie sont partagés, détaillant non seulement le palmarès, mais également la présentation de la maîtresse de cérémonie, Florence Foresti. Humoriste implacable, elle a tenu l’audience pendant trois heures de temps, entre sketchs et anecdotes et, fait important relevé par les médias et les réseaux sociaux, elle a réussi à dénoncer avec humour l’agression subie, en novembre dernier, par l’actrice marocaine Loubna Abidar, à Casablanca, après son interprétation dans le film Much Loved.
Leila Rihani