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Nº 3048 du vendredi 8 avril 2016

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POLITIQUE

Chassé de Palmyre et d’al-Qaryatayn. Daech se replie-t-il vers le Liban?

Avec la reprise de Palmyre et d’al-Qaryatayn par le régime syrien, il existe des craintes réelles d’assister, dans les jours qui viennent, à un repli de Daech vers la frontière libanaise où de violents combats ont eu lieu, depuis quelques jours, entre Daech et al-Nosra. On prévoit, en effet, l’arrivée de 100 à 200 combattants qui ont fui Palmyre.

Des sources informées indiquent que Daech serait en train de renforcer ses positions face aux villages de la Békaa, dans le jurd de Baalbeck en particulier. La dernière opération de l’armée dans les hauteurs montre clairement que celui-ci n’a pas l’intention de renoncer à son plan initial d’attaquer les bourgades de la Békaa. Mais il s’était heurté, chaque fois, à l’armée, au Hezbollah et aux jeunes qui défendent leurs localités. Des responsables sur le terrain indiquent que la situation pourrait évoluer et des propos estiment qu’une troisième bataille dans le jurd est de plus en plus probable. Il semble que Daech soit en train de préparer un acte quelconque, surtout après que l’armée syrienne eut réussi à reprendre le contrôle de Palmyre et d’al-Qaryatayn, coupant ainsi la ligne de ravitaillement entre le jurd de Ersal, Mahin et Palmyre.
 

Retrait d’al-Nosra?
Depuis la reprise de la cité antique en Syrie et al-Qaryatayn, la région du jurd au Liban-Nord est en état d’alerte. Elle est le témoin de combats entre les deux factions rivales, Daech et al-Nosra. Selon des sources syriennes proches de la région, la lutte intermittente entre les deux formations terroristes s’est transformée en bataille cruciale, qui ne se terminerait que par le contrôle de l’une des deux organisations sur le jurd. Cette lutte pourrait durer encore, mais elle ne peut se terminer que par la victoire de l’une des deux. Il est inconcevable que les deux formations puissent contrôler cette région encerclée en même temps.
Plusieurs scénarios seraient envisagés actuellement sur la possibilité d’un retrait du Front al-Nosra du jurd de Ersal sans que cela implique le contrôle de Daech sur la localité, à moins qu’il n’arrive à vaincre celui-ci. L’un d’eux consiste à dissoudre fictivement al-Nosra dans le jurd de Ersal et sa reconversion en organisation dont le nom ne susciterait pas les suspicions qui existent déjà envers elle, avant de se retirer vers des régions soumises au contrôle de Jaïch el-islam, autour de Damas.
Un autre scénario évoque la suprématie numéraire et militaire de Daech sur al-Nosra dans le jurd de Ersal et dans le Qalamoun syrien. Daech compterait 1 200 combattants, alors que ceux d’al-Nosra ne dépassent pas les 800. Cela contribuerait à la victoire de Daech qui pourrait alors forcer sa rivale à se retirer. Ainsi, Daech étendrait son emprise sur les régions contrôlées précédemment par al-Nosra.
La guerre entre les deux organisations jihadistes dans le jurd a de nouveau attiré l’attention des Libanais sur cette région et sur les répercussions de tout développement militaire sur Ersal. Des informations font état de la multiplication de la force de Daech, ces deux derniers mois, et des risques réels d’une nouvelle tentative pour occuper Ersal. Mais, en réalité, il n’y aurait rien à craindre car l’armée garde le contrôle de la situation. Selon des sources proches du Hezbollah, celui-ci aurait coupé totalement les lignes établies par Daech qui s’étendaient de Deir Ezzor, à Raqqa, Palmyre, Mahin et al-Qaryatayn jusqu’à Ersal, ainsi que tout contact entre l’intérieur de la Syrie, en particulier entre les jihadistes de Daech et ceux du jurd de Ersal.
Avec l’aide du Hezbollah, l’armée syrienne a fermé toutes les issues menant vers Ersal, empêchant ainsi les jihadistes de s’y réfugier. Ils leur ont laissé une seule porte, celle menant à Deir Ezzor où ils peuvent facilement être repérés et poursuivis par l’aviation russe. La reprise par le régime syrien et le Hezbollah de la région de Mahin, depuis deux mois, a rendu le jurd relativement plus paisible, mais cette tranquillité est devenue totale après la libération de Palmyre et d’al-Qaryatayn.
En définitive, la situation sur le terrain en Syrie est l’objet de développements exceptionnels qui contribuent à renforcer la sécurité au Liban. Les jihadistes se trouvant dans les régions syriennes proches du Liban sont devenus incapables d’entreprendre une quelconque action.

Joëlle Seif

Le Hezbollah entre en jeu
Des informations font état d’une attaque lancée lundi matin par le Hezbollah contre des positions de Daech dans la région de Ras Baalbeck, dans la localité de Zouaytini. Le Hezb aurait détruit les installations et fortifications militaires des jihadistes.

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