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Nº 3052 du vendredi 6 mai 2016

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Charbel Nahas, ancien ministre. «Nous devons imposer l’Etat laïque»

Citoyens et citoyennes dans l’Etat, un mouvement lancé par Charbel Nahas, qui a présenté une liste incomplète aux élections municipales de Beyrouth. Une liste qui comprend Ghada Yafi, Yasser Sarout et Georges Sfeir. Interview d’un homme politique de l’extérieur du Sérail qui soutient des candidatures dans plusieurs régions libanaises.

Vous présentez des candidats aux municipales à Beyrouth et dans plusieurs régions libanaises. Quel est le but de votre initiative?
Notre but est de profiter de cette échéance pour dégager une structure politique organisée, transversale par rapport à toutes les compartimentations communautaires, confessionnelles, partisanes et familiales. Une structure qui porte un message clair: nous pouvons et nous devons imposer de fait la construction d’un Etat laïque, démocratique, effectif au Liban. Sans cela, toute velléité d’action au niveau purement local sera condamnée à être tributaire des chefferies locales. Cela ne pourra, en aucune manière, affaiblir le rôle des leaders communautaires dont aucun n’a la capacité, ni d’ailleurs la prétention, d’être présent sur l’ensemble du territoire comme les conditions politiques, mais aussi sécuritaires et économiques, l’imposent au vu de ce qui se passe au Liban et dans les pays de la région. Nous allons soutenir des candidats sur l’ensemble du territoire libanais parce que nous considérons que, tout comme Beyrouth est notre ville, Tripoli et le reste des régions libanaises le sont tout autant. L’idée est de ne pas lancer un projet partiel, mais pour l’ensemble du Liban. En résumé, la bataille se veut politique, transcommunautaire, et inscrite dans une logique démocratique laïque à propension sociale.
 

A Baalbeck, vous avez aussi lancé une liste incomplète, comprenant les noms de trois candidates: Youmna Mehdi Toufayli, Mirvat Hussein Wehbé et Hadil Ahmad Rifaï. C’est un exploit, sachant que Baalbeck a ses particularités sur le plan politique…
L’Etat s’est effondré. Il est devenu illégitime et irresponsable. C’est par erreur que le pouvoir en place s’est vu obligé d’organiser ces élections municipales. Profitons de cette brèche pour tenter de changer les choses. Baalbeck n’a pas de particularités, ce qui unit ses habitants transcende toutes les particularités. Nous sommes présents également à Zahlé, à Saghbine, à Machghara et dans plusieurs autres régions. Nos candidats seront annoncés au fur et à mesure…

Mais les «bulldozers» des clans familiaux et politiques sont en marche. Comment allez-vous les affronter?
Leur prétendue force, à laquelle il faut ajouter le pouvoir de l’argent qui coule sans compter, ils la détiennent par bribes, car c’est un regard parcellaire et sectaire qu’ils portent sur le pays. Chacun de ces chefs évolue à l’intérieur d’une prison communautaire où il joue au petit chef. Le problème est qu’ils comptent sur les Libanais pris en otage et qui acceptent à ce jour de rester confinés dans cette prison. J’appelle donc les citoyens gouvernés par la logique du défaitisme à se libérer de ce joug. «Ces bulldozers» comme vous dites, en avançant, poussent les citoyens chacun dans son coin, enfermant les gens dans des cages. Dès que nous ne réfléchirons plus en tant qu’individus coincés dans ces cages, nous serons plus forts et c’est ce que nous voulons et ce à quoi nous œuvrons.
Il faut se battre. Or, au lieu de résister, les Libanais se sont retirés de la vie publique et ont cherché refuge dans des cercles étroits en s’isolant et en rejetant les autres. Il est temps de sortir de cette spirale meurtrière.

Ces élections constituent-elles pour vous un tremplin pour votre projet politique?
C’est le défi que nous menons. Nous sommes structurés pour être présents partout avec des compétences dans tous les domaines: politiques mais également juridiques, économiques, sociaux… il y a tant à faire pour sensibiliser les citoyens sur diverses questions, dont la pauvreté, la laïcité, les biens maritimes publics, la crise du secteur des médias, l’émigration des jeunes, le problème du traitement des déchets et les transports publics….
 

Propos recueillis par Danièle Gergès   

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