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Nº 3056 du vendredi 3 juin 2016

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Rencontre

Nathalie Loiseau, directrice de l’Ena. «Le droit des femmes fait partie des droits de l’homme»

Se montrer plus audacieuse, refuser le dogme de la perfection, devenir plus ambitieuse, saisir les opportunités qui se présentent à elles. Tel est l’appel lancé par Nathalie Loiseau, directrice de l’Ena (Ecole nationale d’administration), à toutes les femmes, dans une conférence à l’Institut français de Beyrouth, le 26 mai 2016. Rencontre.
 

Pensez-vous que les discriminations et les inégalités entre hommes et femmes ont vraiment diminué dans le monde professionnel d’aujourd’hui?
Des progrès incontestables ont été accomplis dans un certain nombre de pays. Citons, à titre d’exemple, le droit de vote, qui a longtemps été difficile à conquérir. Aujourd’hui, même en Arabie saoudite et dans le cadre de certaines élections, les femmes ont acquis le droit de vote. A cette prérogative, s’ajoute le droit de travailler, d’avoir un compte en banque, etc. Toutefois, dans certaines régions du monde, la situation s’est plutôt dégradée. C’est souvent le cas dans les zones de conflits armés. On le voit clairement en Syrie et dans un grand nombre de pays africains où les violences faites aux femmes n’ont fait que croître. Il ne faudrait cependant jamais prendre pour acquis la situation des femmes et ne jamais penser qu’un progrès puisse aller toujours dans le même sens, même dans des pays dits «développés», comme les pays européens ou les Etats-Unis, où l’on peut facilement assister à des moments de régression. D’où l’importance d’être très attentif à une telle thématique, le droit des femmes faisant indéniablement partie des droits de l’homme.

Entre l’Orient et l’Occident, des différences majeures?
Il est toujours difficile de généraliser. J’ai eu la chance de vivre et de travailler sur les cinq continents. J’ai rencontré des situations très diverses et souvent très inattendues. J’ai beaucoup vécu à proximité des femmes du monde arabe, n’ayant pas vraiment trouvé de barrières culturelles avec elles. J’ai même parfois eu plus de mal à comprendre les femmes américaines que celles du Liban ou du Maroc. Pourquoi? Parce qu’il s’agit de vieux pays qui jouissent de vieilles civilisations et d’un certain sens de la qualité de vie. A mon avis, les femmes d’Orient n’ont pas d’aspirations différentes de celles de l’Occident et vice-versa. Le problème réside dans le fait que les opportunités sont souvent faibles dans certains pays par rapport à d’autres et les obstacles se font différents.

Quelles actions pourraient changer ces réalités?
Tout commence par l’éducation. Il s’agit de s’assurer que toutes les filles se rendent à l’école dès leur plus jeune âge, surtout que dans bon nombre d’Etats, la situation est compliquée. Il est impératif de s’assurer également que l’école donne les mêmes opportunités aussi bien aux filles qu’aux garçons. Les mentalités changent d’abord à partir de l’éducation. D’où la nécessité de faire en sorte que la liberté individuelle progresse et que les hommes et les femmes aient la possibilité de prendre les décisions qui leur conviennent et non celles qui leur sont dictées par la société.

Quel rôle joue la législation dans de telles situations?
La volonté politique, quand elle s’exprime, peut être un accélérateur, un moteur du changement. En France, on a obligé les grandes entreprises à avoir 40% de femmes dans le conseil d’administration. Quand la loi est passée, beaucoup s’y sont opposés, considérant qu’il n’y aura jamais de femmes compétentes. Aujourd’hui, la loi est appliquée. De même au niveau de l’administration en France avec l’obligation faite de compter dans les nominations entre 30 à 40% de femmes. Des listes ont été créées pour les élections départementales de sorte à ce qu’il y ait deux têtes de liste: un homme et une femme. C’est par ces moyens que davantage d’opportunités sont créées et que beaucoup de femmes sortiront de l’ombre et dévoileront leurs talents cachés.
 

Propos recueillis par Natasha Metni

«Les femmes peuvent tout avoir»
Dans son ouvrage Choisissez TOUT, Nathalie Loiseau pousse les femmes à arrêter de se questionner sur la possibilité d’allier vie professionnelle réussie et vie familiale épanouie. «Il faut aller vers tout ce qu’on aime», confie-t-elle, considérant que les femmes doivent apprendre à s’autoriser à la fois un métier, une famille, des hobbies et des passions.

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