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Nº 3057 du vendredi 10 juin 2016

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Walid Khoury, député de Jbeil. Pas de déblocage sans l’élection de Aoun

Les derniers propos de Walid Joumblatt, ainsi que les fortes rumeurs sur une élection présidentielle prochaine ont été au centre d’un entretien avec le député de Jbeil, membre du Bloc du Changement et de la Réforme, Walid Khoury.

Que pensez-vous des propos de Walid Joumblatt, qui affirme que, désormais, il n’a plus aucun inconvénient à élire le général Michel Aoun à la présidence?
C’est une nouvelle position de Walid Joumblatt qui, depuis toujours, est le premier à lire les changements politiques à l’intérieur et à l’extérieur. Je pense qu’il a dû voir une fumée quelque part qui nous rapproche de l’élection présidentielle. Mais il ne faut pas oublier que Joumblatt a son propre candidat. Il avait aussi accueilli Sleiman Frangié dans sa demeure et l’a désigné comme un candidat essentiel à la présidence. Beaucoup de choses se sont passées entre-temps. Je pense qu’il a enfin compris qu’il n’y a pas d’issue à la crise politique si on n’élit pas le général Michel Aoun. Les acteurs politiques ont tout essayé et ont présenté plusieurs options allant contre la volonté du peuple chrétien. Ils ont finalement compris que la seule issue, si évidemment ils veulent un président, c’est l’élection du général Aoun. Il n’est pas facile de résister à la volonté de la majorité de la partie chrétienne, car on ne prétend pas représenter tous les chrétiens. L’autre partie, avec l’appui de l’extérieur, a tout essayé. Elle a utilisé les grandes puissances et les pays arabes pour insinuer qu’il y avait des veto. Je pense que, finalement, les ambassadeurs ont compris que c’est la volonté libanaise qui doit porter le président à son poste.

Les rumeurs qu’on entend sur une élection prochaine du général Aoun sont donc sérieuses…
Certainement qu’il y a du sérieux dans ce que l’on entend. Il y a une forte pression de la part de la communauté internationale pour qu’on élise un président, surtout avec la présence d’un si grand nombre de réfugiés. La présidence est prioritaire aux législatives. Le président est la tête de l’Etat. Notre position était une résistance à ce qu’on voulait nous imposer: une présidence qui n’est pas issue de la volonté populaire. Cette résistance nous a menés à un blocage que nous n’avons pas créé. C’est l’autre partie qui n’a pas voulu cette élection à cause de la personne du général Aoun. Aujourd’hui, à cause des schismes qui ont lieu, ils ont bien compris que le général Aoun n’est pas une personne figée dans ses relations politiques. Il a tendu la main à tous et s’est ouvert à tout le monde. On voit que les veto, soi-disant internationaux, tombent l’un après l’autre. Cela s’est manifesté par l’invitation de l’ambassadeur d’Arabie saoudite qui a réuni toute la classe politique. C’est un premier indice. Le second indice est dans l’attitude de Sleiman Frangié, qui a affirmé que si Saad Hariri décidait de choisir le général Aoun, il n’aurait pas d’inconvénient. Quant au troisième indice, c’est l’attitude de Walid Joumblatt. Tout cela ne vient pas du néant. Je pense que cela a été fait en concertation avec d’autres parties. Il y aura, dans les prochains jours, un rapprochement entre le Courant du futur et le Courant patriotique libre. C’est du moins mon analyse personnelle.

L’entente de Maarab s’est-elle traduite dans les élections municipales?
Il est vrai que la fusion n’a pas été totale, mais n’empêche que c’est une affaire qui est sans retour en arrière possible. Elle s’est entièrement traduite dans l’élection de l’Ordre des médecins, où il y a eu un consensus autour du candidat des FL, alors que pendant les quatre derniers mandats, le président de l’Ordre était de notre camp. L’entente de Maarab se ressent de plus en plus dans les élections syndicales. C’est un accord qui durera et nous faisons tout dans ce sens. Il faut lui donner du temps pour qu’il trouve son rythme de croisière. La prochaine échéance sera les élections législatives et, avant cela, l’élection présidentielle dans laquelle nous sommes tous solidaires du général Aoun. Le plus important c’est l’entente entre les responsables qui rejaillit de plus en plus sur la base.

La polémique entourant le barrage de Janné est-elle politique ou écologique?
Nous ne sommes pas des experts. Mais une conférence a réuni de grands experts internationaux qui ont affirmé qu’il n’existe pas de risque pour la construction du barrage de Janné. Il y a, évidemment, le problème des arbres, mais on pourrait le traiter en plantant d’autres arbres. Les deux questions majeures, le risque sismique et la roche poreuse, ont été niées par les experts qui, au contraire, ont affirmé que la roche était l’une des meilleures du Liban. C’est une affaire typiquement politique. Le barrage de Bisri suscite beaucoup plus d’interrogations sur le plan écologique et personne n’en parle.
 

Propos recueillis par Joëlle Seif

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