Magazine Le Mensuel

Nº 3059 du vendredi 24 juin 2016

Événement

L’enquête de la Blom piétine. Les caméras gardent leur secret

Moins de deux semaines après l’explosion qui a secoué le secteur Zarif – Verdun et fait voler en éclats la façade de la Blom Bank, aucun résultat officiel n’est révélé. Signe de la division qui frappe même les services de sécurité, l’enquête a été exclusivement confiée au service de renseignements des Forces de sécurité intérieure. Magazine revient sur les détails de l’attentat du 12 juin.

Il était 20h10 ce soir-là, au moment où les familles se réunissent pour rompre le jeûne. Les rues sont désertes. L’explosion de 15 kg de TNT, déposés dans le bac à fleurs à proximité du mur collé à la Blom Bank, a soufflé la façade en verre de l’immeuble. Aussitôt, toutes les forces de l’ordre se retrouvent sur les lieux de l’attentat, malgré la difficulté de s’en approcher en raison des blocs de verre qui continuaient à se détacher de l’immeuble et à se fracasser sur le sol. Le commissaire du gouvernement auprès du Tribunal militaire, Sakr Sakr, charge le service de renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI) d’effectuer les investigations et d’avoir recours à un expert en explosifs pour étudier le lieu de l’explosion. Accourue sur les lieux, l’armée dresse aussitôt un cordon sécuritaire pour éloigner les citoyens de crainte d’une seconde explosion et des débris de verre qui tombaient.
Les enquêteurs concentrent actuellement leurs efforts sur les images enregistrées par les caméras de surveillance. Celles-ci ont montré les voitures qui ont été utilisées par les auteurs de l’attentat. Il s’agirait de deux véhicules de type BMW et Kia. Le conducteur de la première aurait été chargé de la surveillance, alors qu’un individu à bord de la seconde aurait arrêté la voiture au milieu de la route, serait descendu pour déposer les explosifs dans le bac à fleurs, situé au bas d’un arbre, quelques minutes avant l’explosion. Selon les enquêteurs, les branches de l’arbre, l’obscurité qui commençait à régner, ainsi que le chapeau qu’il portait, auraient rendu son identification impossible. De toute manière, la marque de la voiture et son numéro d’immatriculation ne représentent pas d’indices importants. Ceux qui ont exécuté cet attentat ne sont pas des amateurs. Ils ont dû utiliser des voitures probablement volées, repeintes et munies d’une fausse plaque d’immatriculation.
 

Des suspects
Des sources de l’enquête ont révélé l’existence de suspects dans le cadre de cette affaire. Pourtant, ces derniers ont été arrêtés, quelques jours avant l’attentat, car ils conduisaient une mobylette sans papiers légaux. Après leur arrestation par une patrouille relevant des Forces de sécurité intérieure, il s’est avéré que l’un d’eux portait un revolver sans permis, alors que le second était recherché par la justice. Les deux personnes arrêtées ont été remises au service de renseignements des FSI après l’explosion pour s’assurer qu’ils n’étaient pas impliqués dans cet attentat.
Les services de sécurité passent en revue les films enregistrés par les caméras de la banque, ainsi que celles qui ont été installées dans les rues de Beyrouth, en particulier dans le secteur de Verdun. Les recherches sont centrées sur la Kia à bord de laquelle se trouvait l’auteur de l’attentat. La seconde voiture, vraisemblablement une BMW, est également recherchée après le visionnage des films enregistrés par les caméras, Beyrouth ayant été divisée en plusieurs secteurs pour contrôler la circulation de la ville. Selon les observateurs, cette mission est très délicate car ceux qui ont exécuté l’attentat avaient totalement conscience de la présence des caméras et ils ont dû fort probablement agir de manière à ne pas être saisis. De même, toutes les communications qui ont eu lieu dans le secteur quelques minutes avant l’explosion, et après celle-ci, sont revues par les services de sécurité. Ils seraient à la recherche d’une personne qui aurait été chargée de la surveillance de la région les jours précédant l’attentat et aurait fixé la date de l’opération afin que celle-ci ait lieu dans les conditions prévues.

Joëlle Seif

Les conditions de l’attentat
L’attentat contre la Blom continue à susciter beaucoup d’interrogations. Il a été exécuté dans une rue adjacente à un moment où les routes sont désertes et les bureaux de la banque vides. Apparemment, l’intention n’était pas de faire des victimes. Selon les observateurs, un attentat de ce genre indique trois éventualités: l’exécutant n’est pas un professionnel ou son action a été réduite en raison des mesures de sécurité qui ont entravé son activité ou alors il se limite tout simplement à adresser un message.

Photos: Associated Press

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