Sameh Chucri à Beyrouth?
Sameh Chucri, chef de la diplomatie égyptienne, pourrait être le premier responsable arabe à visiter Beyrouth après l'élection présidentielle, croit savoir une source diplomatique arabe.
L'Egypte envisage de remplir le vide laissé par l'Arabie saoudite, en s'investissant politiquement et diploma-tiquement au Levant, pour contrer l'activisme de la Turquie, jugé «pernicieux» par Le Caire.
Diplomates affolés
L'élection du général Michel Aoun à la présidence de la République n'était pas un scénario pris très au sérieux par des diplomates occidentaux en poste à Beyrouth. Mais lorsque le débat sur cette option s'est imposé, une grande nervosité est apparue dans certaines chancelleries, provoquée par la perspective de voir le principal allié du Hezbollah s'installer au palais de Baabda. Affolé, un diplomate a laissé entendre, devant des visiteurs, que son pays pourrait revoir son programme d'aide à l'Armée libanaise, par crainte que le matériel livré à la troupe ne finisse dans les entrepôts du Hezbollah. Un autre s'est interrogé sur l'identité du prochain ministre de la Défense. Un troisième s'est demandé quel sera le poids du Hezbollah au sein des institutions de l'Etat.
Achoura observée à la loupe
Des diplomates en poste à Beyrouth ont suivi avec intérêt les célébrations de Achoura – commémorant l'assassinat de l'imam Hussein Ben Ali, en 661 -, organisées par le Hezbollah dans la banlieue sud. La grande mobilisation populaire et le déploiement par le parti chiite d'un imposant service d'ordre, composé de milliers de jeunes partisans disciplinés et bien entraînés, ont laissé une forte impression sur ces diplomates. Voulant s'assurer que les images diffusées par les télévisions reflétaient bien la réalité, certains d'entre eux ont appelé des journalistes parmi leurs connaissances, pour collecter des informations et recueillir leur avis.
Les Américains mécontents
Le scepticisme exprimé par le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, après le soutien de Saad Hariri à la candidature de Michel Aoun à la présidence, n'est pas le seul indice du mécontentement de Washington au sujet de l'évolution de la présidentielle au Liban. Selon des sources informées, l'ambassadrice des Etats-Unis à Beyrouth, Elizabeth Richard, aurait exprimé, devant des hommes politiques libanais, l'opposition de son pays à l'élection du général Aoun, en raison de ses liens avec le Hezbollah. Elle aurait même incité certains députés à ne pas voter pour lui.
Saad Hariri à Moscou
Les questions d’Alexander Zasypkin
Alexander Zasypkin, ambassadeur de Russie à Beyrouth, a affirmé devant ses visiteurs que les responsables russes n’ont pas compris le but de la dernière visite à Moscou de Saad Hariri. L’ancien Premier ministre avait été reçu, le 4 octobre, par le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, avec qui il a évoqué le dossier de la présidentielle libanaise. Perplexe, M. Zasypkin a dit que les responsables russes n’ont pas vu en quoi cette visite pouvait faire avancer la question de la présidentielle au Liban. «M. Hariri connaît très bien les limites de l’influence russe sur ce dossier, a indiqué le diplomate. Nous aurions dû comprendre le but de sa venue à Moscou s’il avait, par exemple, sollicité notre intervention auprès de l’Iran pour soutenir la candidature de Sleiman Frangié. Mais il a choisi d’appuyer Michel Aoun et cette option n’a pas besoin d’un push auprès de Téhéran». M. Zasypkin s’est demandé si M. Hariri, en accusant le Hezbollah de saboter la présidentielle, à sa sortie du bureau de M. Lavrov, n’a pas tenté de faire croire que telle était également la position de Moscou.