Le Liban est-il toujours le porte-flambeau de la francophonie au Moyen-Orient? Il est bien évident que la langue française incarne la diversité culturelle dans notre pays; mais elle est, malheureusement, en déclin.
Le Liban est, sans doute, un acteur important dans l’espace francophone. Il est aussi le fer de lance de la culture française dans la région. Longtemps considéré comme la petite sœur de la France, ceci a permis la construction et la consolidation de liens culturels et linguistiques profonds entre les deux sociétés. Il est, en outre, le laboratoire du rapprochement entre les civilisations et les religions. La francophonie va donc donner à notre pays cet avantage, qui se rattache aux valeurs de l’humanisme.
Depuis l’effondrement de l’URSS, le monde vit au rythme d’une mondialisation à outrance, initiée par les Etats-Unis. Le Liban n’en a pas été épargné, et il a connu un essor de l’anglais au détriment de la langue de Molière. Néanmoins, un nouvel ordre mondial, multipolaire, se met en place au XXIème siècle. Un modèle souhaitant se débarrasser de l’hégémonie américaine, qui caractérise la mondialisation sauvage du XXème siècle. La francophonie s’inscrit alors dans l’émergence d’une mondialisation plus humaine. La richesse culturelle française au Moyen-Orient, véhiculée à la fois par des écrivains français ou arabes, fait le pont entre la France et la région. Un message de tolérance et de fraternité pourrait jouer dans l’intérêt de la France pour une francophonie politique plus humaine.
En venant plusieurs fois au Liban, Jean-Marie Le Guen, ministre français de la Francophonie, tenait à souligner le rôle pionnier du pays du Cèdre dans l’espace francophone.
En cette période d’incertitudes politiques, si commune à notre pays et à la région, la francophonie demeure une valeur sûre, véhiculant l’espoir de voir émerger un avenir meilleur dans un monde ouvert et bienveillant.
Walid Ramez Arbid
Professeur des Universités,
avocat au barreau