Magazine Le Mensuel

Nº 3077 du vendredi 5 mai 2017

Confidences sécurité

Confidences sécurité

Daech et Fatah al-Cham
Dans le chaudron de Ersal

La mise en oeuvre, en Syrie, de l'accord dit des quatre villes, a permis à l'armée syrienne et à ses alliés de reprendre le contrôle des localités de Zabadani, Madaya, Bloudane, Serghaya et Jabal el-Charqui. De la sorte, les rebelles et les jihadistes n'ont plus aucune présence significative à la frontière libano-syrienne. Par conséquent, les extrémistes de Daech et du Front Fatah al-Cham (ex-el-Nosra), présents dans le jurd de Ersal et du Qalamoun, sont pris dans un chaudron, sans aucune possibilité de ravitaillement. Ils peuvent recruter dans les camps de réfugiés syriens dans la région et prélever une part des aides qui leur sont distribuées. Les services de sécurité libanais n'excluent pas une action désespérée, qui se traduirait par une attaque massive en direction de villages libanais pour tenter de desserrer l'étau.

Pas de «one-man-show» aux FSI
Les mesures prises par le général Imad Othman pour renforcer son contrôle sur les Forces de sécurité intérieure (FSI) agacent le mouvement Amal et le Hezbollah. Le tandem chiite commence à mettre les bâtons dans les roues du directeur fraîchement nommé, pour lui faire comprendre qu'il doit gérer l'institution en collaboration avec le Conseil de commandement et non pas en «one-man-show».

Les dessous de l'incident de Choueifat
La violente altercation, ponctuée de coups de feu tirés en l'air, le 2 avril, entre des partisans du Hezbollah et des jeunes druzes de la localité de Choueifat, est la preuve que les ressentiments nés des incidents de mai 2008 n'ont toujours pas été surmontés dans cette région. Le timing de cette dispute est d'autant plus étonnant qu'il est intervenu deux semaines après la participation d'une importante délégation du Hezbollah, aux côtés du député Walid Joumblatt, à la cérémonie commémorant l'assassinat de Kamal Joumblatt, à Moukhtara. Selon des sources informées, un groupe de jeunes menés par un cheikh druze extrémiste est à l'origine de l'altercation, dont la cible est autant Walid Joumblatt que le Hezbollah. Le message délivré par ce cheikh est clair: la réconciliation avec les chiites n'est pas encore scellée.

26,5%
des papiers d'identité, des documents de voyage ou des visas falsifiées, identifiés en février par la Sûreté générale aux différents points de passage frontaliers, proviennent de pays membres de l'Union européenne, soit 32 faux sur les 121 découverts. La Grèce détient le record avec 7 faux documents, suivie de l'Italie (5). Le Danemark et l'Espagne se partagent la troisième place avec 4 documents chacun. La Syrie reste en tête du palmarès avec 42 faux papiers en février.

Émissaire secret
Des sources bien informées à Damas onr révélé à Magazine que le président de la République, Michel Aoun, dépêche régulièrement dans la capitale syrienne un homme de confiance chargé des contacts avec le commandement syrien. Cet émissaire secret est chargé de s'informer à la source des développements politiques et de l'évolution de la situation militaire en Syrie, plus particulièrement dans les secteurs sensibles pour la sécurité du Liban, comme les zones frontalières et la région de Damas et de ses environs.   

Espionnage
Des défenseurs des droits de l'homme, des avocats et des représentants de plusieurs organisations non gouvernementales ont tenu une réunion, à la mi-avril, pour examiner la possibilité d'élaborer un projet de loi protégeant les libertés individuelles et la sécurité des données numériques personnelles, et de lancer une campagne de lobbying pour le faire voter au Parlement. Cette initiative est intervenue après les révélations de Wikileaks selon lesquelles les services de sécurité libanais ainsi que plusieurs fournisseurs de services internet privés possèdent la technologie nécessaire pour espionner les comptes personnels des Libanais sur tous les réseaux sociaux.

 

Haut commandant du Hezbollah
Khalil Harb blessé à Tall Afar

Khalil Harb, l'un des plus hauts chefs militaires du Hezbollah, a été blessé lors de combats contre le groupe Etat islamique, dans la région de Tall Afar, au nord-ouest de l'Irak, à la frontière avec la Syrie. Des sources bien informées précisent que le commandant Harb a été touché aux jambes et que ses jours ne sont pas en danger. Ancien compagnon de route du chef militaire du Hezbollah, Imad Moughniyé, assassiné à Damas en février 2008, Khalil Harb est l'un des fondateurs du parti chiite, en 1982. Dans son édition de décembre 2016, Magazine avait révélé que le Hezbollah participait activement à la bataille de Tall Afar, aux côtés de la Mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi), via des officiers et des instructeurs, chargés d'encadrer et d'entraîner cette force qui compte une majorité de combattants chiites irakiens. Tall Afar est stratégique pour le Hezbollah, car son contrôle est indispensable pour rétabir la continuité géographique entre l'Iran et le Liban.   

La clause secrète de l'accord d'évacuation des quatre villes en Syrie
Le plan d'évacuation des quatre villes, en Syrie (Foua, Kefraya, Zabadani et Madaya) porte sur le transfert de 30 000 personnes. Cependant, il comporte une clause secrète portant sur la libération de 26 qatariens, dont deux princes de la famille régnante, enlevés en Irak le 16 décembre 2015. Ils ont retrouvé la liberté le 21 avril. En contrepartie, les rebelles syriens s'engagent à  libérer quatre membres du Hezbollah capturés près d'Alep durant l'été 2016 ainsi qu'à restituer des dépouilles de plusieurs autres combattants. Les 250 membres du Hezbollah qui prêtent main forte aux miliciens pro-régime de Foua et Kefraya seront évacués par voie aérienne en juin.  

Prosélytisme pro-turc à Tripoli
Les services de sécurité libanais s'intéressent de près à des groupes et des individus qui se livrent, à Tripoli, à un prosélytisme pro-turc immodéré et à une promotion frénétique du président Recep Tayyip Erdogan. Des groupes à connotation islamiste, créés sur Whatsapp, Telegram et d'autres réseaux sociaux, assurent une couverture exhaustive de toute l'actualité concernant la Turquie et M. Erdogan, à tel point que l'on croirait se trouver à Istanbul et non pas dans la deuxième ville du Liban. Deux groupes sont particulièrement actifs sur Whatsapp: Chamaliyat et Sameriyat. Le second est animé par un journaliste de la ville, Samer Mawlaoui.

La main invisible d'Abou el-Aïnayn
Le général palestinien Sultan Abou el-Aïnayn a joué un rôle important lors des  violents combats qui ont secoué le camp de Aïn el-Héloué, la première moitié d'avril. L'ancien chef du Fateh au Liban, qui se trouve depuis plusieurs années à Ramallah, conserve une grande influence sur les hauts responsables du mouvement au Liban, affaibli par des disputes internes. Il est discrètement intervenu à plusieurs reprises pour régler des différends entre  les chefs militaires du Fateh au sujet de la manière la plus appropriée de mener la bataille contre le groupe de l'islamiste radical Bilal Badr. Il a personnellement appelé le responsable du Fateh à Rachidiyé pour lui demander d'envoyer les renforts demandés par le chef du Fateh au Liban, Fathi Abou el-Ardat, et qui tardaient à être envoyés. Après l'intervention d'Abou el-Aïnayn, 200 combattants du Fateh sont allés prêter main forte à leurs camarades de Aïn el-Héloué.

 

Aéroport: Le projet de Kléat déterré
Des forces politiques représentées au gouvernement projettent de remettre sur le tapis la question de la mise en service de l'aéroport de Kléat (Liban-nord). Ces forces ont préparé une étude détaillée montrant que cet aéroport, qui dispose d'une piste de 60 mètres de large et de 3,2 kilomètres de long, ainsi que d'une piste secondaire, peut accueillir les mêmes types d'avions qui desservent l'aéroport international de Beyrouth. Sa mise en état opérationnel aurait des retombées positives sur l'économie de la région et permettrait d'économiser du temps et de l'argent pour l'acheminement de l'aide humanitaire en Syrie et aux réfugiés installés au Liban. Des milieux proches du 8 mars pensent, cependant, que la mise en service de l'aéroport de Kléat est une demande occidentale, liée au projet d'établissement de «zones sécurisées» en Syrie. Ils promettent de s'y opposer fermement en Conseil des ministres. 

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