Repos sur une pente, c’est le titre de la performance de la chorégraphe et danseuse Danya Hammoud qu’elle présentera ce mai. Quand le mouvement et le son se rencontrent.
Rencontre dans un café à Badaro, bien avant la date des représentations. Tout est dans la retenue chez Danya Hammoud, dans le geste et dans la parole. Dans le regard aussi. Une retenue dans la densité, à l’image de ses performances, à l’image de ses recherches continues sur le mouvement, sur la différence qu’elle établit entre l’acte et l’état. D’explications en discussions, les propos peuvent sembler abstraits, théoriques, mais, et c’est peut-être là l’un des points forts de ses performances, le spectateur se laisse aller généralement à ouvrir les vannes de son imaginaire, pour y voir et se raconter des possibilités de récits. Pour Danya Hammoud, loin d’une thématique ou d’un propos bien précis, «le seul récit c’est celui du corps, celui des états de corps».
Créer plutôt que déconstruire
Dans sa recherche du mouvement, qui se poursuit et se développe dans la continuité de ses performances, l’une faisant suite à la précédente, l’une enfantant l’autre, il y aurait comme un fil rouge autour de «la construction d’intention vers un geste, sans jamais arriver à la représentation d’un acte, non pas que ce soit inabouti ou inachevé. Au contraire même, dans l’intention, dans la tension même du corps, l’acte est là, sans l’obligation de parvenir à sa figure, à cette représentation de l’image codifiée et reconnue». Le corps est donc toujours à la limite du débordement, de l’explosion, mû par une tension continue, sans point de rupture. Il est dans ce que Danya Hammoud appelle la «condensation».
Repos sur une pente repose sur ce même point de départ, mais dans un dispositif complètement différent, puisqu’il y a un nouvel enjeu; «pour la première fois je travaille avec de la musique live, avec un son», avec le musicien-compositeur Sharif Sahnaoui. Le mouvement et le son, «deux matières coexistantes, chacune reconnaissant la présence de l’autre, en tension permanente ensemble, et qui, par moments, vont créer des étincelles de rencontres». Traitant avec ce nouvel outil qu’est le son, Danya Hammoud a décidé que cette performance n’aura pas lieu dans un théâtre, mais dans un espace, soit la Crypte Saint-Joseph, avec une équipe et un budget très réduits. Une décision à double enjeu, politique et artistique.
Mahalli, Mes mains sont plus âgées que moi, Il y a longtemps que je n’ai pas été aussi calme, Repos sur une pente: la recherche du mouvement a commencé pour Danya Hammoud comme une réaction à tout ce qui est fragmenté, démembré, à l’idée de déconstruire les codes, car elle ne voulait pas déconstruire, mais créer.
C’est donc justement dans ce mouvement de construction qu’elle évolue, loin d’un acte de réaction, mais dans la pensée du mouvement, dans la nécessité d’habiter le mouvement, d’où ses compositions chorégraphiques au millimètre, où chaque détail est écrit. «C’est une démarche qui, jusqu’ici, me stimule encore, ce qui veut dire qu’elle n’est pas épuisée, que je ne suis pas dans une esthétique pure».
Nayla Rached
A voir les 18, 20 et 21 mai, à la Crypte Saint-Joseph, à 20h30.