Magazine Le Mensuel

Nº 3080 du vendredi 4 août 2017

Start up

Refugogo. Aider les réfugiés à reconstruire

A seulement 22 ans, Rabih Naja vient de lancer une start-up qui a pour objectif d’aider les réfugiés à reconstruire les entreprises qu’ils ont perdues dans les drames. Rencontre.

Comment avez-vous eu l’idée de Refugogo?
J’ai juste regardé autour de moi. Je me suis rendu compte du nombre de personnes réfugiées au Liban et qui avaient tout perdu. J’avoue qu’au début, je cherchais surtout à faire du business: j’avais une mentalité d’homme d’affaires. Je voulais trouver une solution à un problème  qui ramène de l’argent. J’ai donc vu dans la crise des réfugiés, qui est mondiale, une opportunité. Refugogo est la première plateforme d’actionnariat participative pour les réfugiés. L’idée est de les aider à reconstruire ce qu’ils ont perdu dans leur pays d’origine. Sur cette plateforme, les réfugiés peuvent présenter leurs projets et business plan en ligne à des investisseurs. Ceux-ci peuvent devenir actionnaires de la future société en investissant la somme qu’ils souhaitent.

Quel est le modèle économique?
Refugogo récupère 5% du total investi dans les futures entreprises. En moins d’un an, quatre réfugiés syriens au Liban ont déjà reçu des promesses de financements à hauteur de 50 000 dollars par projet financés par des milliers d’investisseurs. Dans ce cas, les réfugiés ne recevront l’argent qu’à la fin de la guerre en Syrie. Mais ce modèle ne se limite pas seulement au Liban. Je travaille déjà avec des réfugiés indiens en Corée qui ont fui les inondations et je compte me rendre prochainement à Haïti pour lancer des campagnes là bas.

Quelles sont les histoires de ces réfugiés qui ont réussi à se financer?
Il y a Karim par exemple, un homme d’affaires syrien qui, avant le conflit, avait une usine de chaussures à Damas et qui exportait un million de paires chaque année vers la Russie. Aujourd’hui, réfugié à Beyrouth, il s’est reconverti en cordonnier. Via Refugogo, il a réussi à faire financer son projet qui consiste à reconstruire une boutique de chaussures à Damas une fois la guerre terminée. Il y a aussi Adib, qui, avant la guerre en Syrie, vivait à Alep et importait des produits ménagers. Aujourd’hui il vend des roses à Raouché mais espère retourner dans son pays grâce à Refugogo pour y relancer un business à la fin de la guerre.

Soraya Hamdan

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