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Nº 3097 du vendredi 4 janvier 2019

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Santé

Infection à papillomavirus humain. Faut-il vacciner ou pas?

Depuis plusieurs années, le vaccin contre l’infection à papillomavirus humain (HPV) est conseillé aux jeunes filles comme aux jeunes garçons, afin de les protéger contre les maladies sexuellement transmissibles et certains cancers. Des parents hésitent, alarmés par des polémiques sur des effets secondaires graves, attribués au vaccin contre le HPV. Eclairage.
 

Le virus du papillome humain est un virus à ADN avec 200 génotypes différents, certains se transmettent par contact cutané tandis que d’autres sont sexuellement transmissibles. Le HPV se manifeste par l’apparition de verrues vulgaires et plantaires. Très contagieuse, cette maladie peut provoquer des infections des organes sexuels et si elle devient chronique et qu’elle n’a pas été dépistée, se transformer en lésion cancéreuse, donnant lieu, entre autres, à des cancers du col de l’utérus, de l’anus, du vagin, explique l’infectiologue Anna Farra de LAUMC Rizk hospital. La vaccination préventive anti-HPV existe depuis 2005 pour réduire la prévalence du cancer du col de l’utérus, en priorité. Elle est destinée aux jeunes avant leur premier rapport sexuel. Deux vaccins ont obtenu l’autorisation de mise sur le marché: le Cervarix et le vaccin quadrivalent Gardasil qui couvre davantage de souches. L’OMS recommande la vaccination des jeunes filles dès 9 ans et souhaite aussi vacciner les garçons pour éviter les lésions génitales précancéreuses.

Une infection fréquente
Aujourd’hui, le corps médical conseille aux parents de vacciner leurs enfants contre l’infection à papillomavirus humain, plus communément appelée HPV. Hormis le coût conséquent des 3 injections nécessaires – environ 750 $ au Liban – la généralisation du vaccin s’est heurtée à quelques obstacles dus à ses effets secondaires présumés, qui n’ont peut-être pas encore été tous identifiés. Entretemps, plusieurs études réalisées en France et en Europe ont mis les vaccins hors de cause. Les effets secondaires auraient été consécutifs à un certain lot vaccinal retiré du marché.
La plupart des gynécologues et des pédiatres au Liban conseillent aux parents d’administrer ce vaccin à leurs jeunes filles et même jeunes garçons sans exception un peu avant l’âge des premières relations sexuelles. Pourtant, selon la pédiatre Dr Noha Baz, il faut connaître l’historique des maladies génétiques de chaque jeune avant de procéder automatiquement à la vaccination contre le HPV.

Profiter des avancées
Le gynécologue, Dr Bahige Arida, rappelle quant à lui à chacune de ses patientes de ne pas oublier de faire à ses enfants ce vaccin. «Pourquoi finalement ne pas profiter des avancées de la médecine quand les progrès de la recherche peuvent améliorer la qualité de vie? On ne sait jamais comment les jeunes d’aujourd’hui découvrent et pratiquent leur sexualité, un accident est vite arrivé. Ils n’ont pas toujours de préservatif à leur portée et ils peuvent être infectés dès le premier rapport non protégé. Les jeunes ne pensent pas à aller consulter les praticiens quand ils ont une vie sexuelle active.
«Les filles doivent consulter de manière régulière un gynécologue pour faire un test de dépistage par frottis, les jeunes hommes doivent se rendre chez un urologue» explique l’urologue le Dr Antoine Daher. Les jeunes Libanais, qui selon TV5 Monde, auraient leurs premiers rapports sexuels entre 17 et 18 ans, ont, à tort, pour devise «Tant qu’ils paraissent en bonne santé, tout va bien!».

Vérifier avant de vacciner
«C’est un vaccin de prévention», commente le Dr Baz, qui exerce la moitié de l’année en France. «Mais il ne suffit pas à protéger des autres virus et bactéries sexuellement transmissibles. Il faut toujours se protéger et faire des tests de dépistage quand on est sexuellement actif», précise-t-elle. «Il y a d’autres considérations à prendre en compte: le coût du vaccin est encore élevé et parfois les effets secondaires sont graves. Certains jeunes ont développé des signes de maladies auto-immunes comme la sclérose en plaques après le vaccin. Il est vrai qu’ils avaient un terrain à risque et que leur patrimoine génétique n’avait peut-être pas été vérifié. Tout vaccin comporte un risque, mais il ne faut pas oublier que la vaccination a permis de faire avancer l’humanité et d’éradiquer des dizaines d’épidémies comme la polio, la diphtérie… Ce n’est pas la première fois que les parents sont méfiants vis-à-vis d’un vaccin, comme l’hépatite B qui aujourd’hui est un vaccin classiquement administré aux enfants», argumente la pédiatre.
«Tout médicament et donc tout vaccin peut interagir avec son récipiendaire et avoir des conséquences indésirables. C’est pourquoi l’interrogatoire par le médecin de son patient est important. Il faut poser les bonnes questions avant de vacciner, voir s’il n’y a pas des maladies de système dans la famille élargie, s’il n’y a pas d’hérédité de lupus, d’inflammation chronique connue dans les antécédents, ajoute le Dr Baz. Moi-même, je ne conseillais pas et n’administrais pas ce vaccin jusqu’à il y a deux mois après que le ministère français de la Santé ait fait des études approfondies et en ait réitéré les bénéfices».
«La dernière version de Gardasil 9 est très rassurante, son dernier lot étant bien toléré par la majorité des jeunes patients. De plus, si le pédiatre interroge la famille sur l’arbre généalogique de leurs maladies de système, il pourra savoir si le vaccin est adapté ou pas. Le vaccin est déconseillé s’il y a des maladies identifiées. C’est l’intérêt d’avoir un médecin de famille qui connaît l’historique des maladies. L’idéal serait de faire le dépistage de la prédisposition en faisant la carte génétique de l’enfant. Ce qui, malgré un coût actuel bien plus abordable qu’avant, reste cher».
Concernant le vaccin contre le HPV, le Dr Baz se prononce «pour la vaccination de masse, mais sans oublier de personnaliser le traitement». «Il n’y a pas suffisamment de recul sur la vaccination des garçons par exemple. Il ne faut pas faire ce vaccin dès l’âge de 5 ans, attendre plutôt l’âge adolescent et réfléchir au cas par cas», souligne-t-elle.

Micheline Aboukhater

 

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