Avant même d’être joués à Paris en mai prochain au théâtre du Lucernaire, Les Carnets de Camus, qui firent un tabac au Festival off d’Avignon l’été dernier, seront présentés du 8 au 10 février au théâtre du Boulevard.
Ce sera le premier spectacle international à être présenté dans ce nouveau théâtre. 62 events by Josyane Boulos, a choisi de faire venir ce spectacle au Liban parce qu’elle «l’a accompagné depuis sa naissance, amicalement» et que «les Libanais francophones aiment Camus», et peut-être l’Etranger, les Noces… et la résilience. Retrouver Albert Camus, c’est redécouvrir l’universel, la beauté du monde, sa fragilité, le sens de l’engagement et de l’action, la combativité et les doutes, la puissance de la nature et du corps. Retrouver Camus, c’est revenir à l’essentiel.
Le spectacle parcourt, pendant 1h20, des moments de la vie de l’écrivain et de sa pensée, exigeante. Récits, citations, traits d’esprit emmènent le spectateur dans l’esprit de Camus, ses souvenirs, ses contradictions, ses voyages entre l’Italie, la Grèce, Algérie, le Brésil, Paris sous l’Occupation et à la Libération, la Guerre Froide, etc. Les Carnets sont des notes qui ont accompagné sa vie depuis mai 1935 jusqu’en décembre 1959, quelques jours avant son décès. «Ils interrogent son époque et ses débats brûlants dont beaucoup rejoignent d’ailleurs les nôtres», observe le comédien et metteur en scène Stéphane Olivié Bisson. Dans ces Carnets, publiés de manière posthume, l’écrivain, curieux de tous et de tout, se confronte au monde et à lui-même.
UN INVINCIBLE ÉTÉ
Stéphane Olivié Bisson, qui a lui-même adapté le texte et mis en scène le spectacle avec la collaboration artistique de Bruno Putzulu, se dit un «ami invisible» d’Albert Camus, tant il s’est plongé dans l’œuvre de l’écrivain et tant il s’y reconnaît par différents aspects. Camus «réussit à dire sous une forme claire ce que nous portons en nous de manière confuse» relève-t-il. «Par ailleurs, ses thèmes, ses origines familiales, son milieu social, tout cela raisonne particulièrement pour moi». Ainsi, Bisson met-il en scène Caligula au Théâtre de L’Athénée à Paris en 2010 — avec Bruno Putzulu dans le rôle-titre — la pièce tournera par la suite pendant trois saisons.
Si le comédien et metteur en scène affectionne les écrivains qu’il porte au théâtre comme Albert Camus, Stefan Zweig par exemple dans La pitié dangereuse, ou Harold Pinter dont il s’apprête bientôt à mettre en scène l’Amant, et s’il incarne en tant qu’acteur des classiques comme ceux de Tennessee Williams, Goldoni, il se penche aussi sur des textes plus actuels comme Quatre Heures à Chatila de Jean Genet qu’il a recréé avec l’actrice libanaise Carole Abboud; Yalla Bye! de Cléa Petrolesi et Raymond Hosni ou encore Anquetil tout seul, joué au Liban en novembre dernier. Le comédien est un familier du pays du cèdre, il a notamment joué dans Littoral de Wajdi Mouawad. «Le Liban est un ces lieux rares sur la planète où je me sens naturellement à ma place, sans effort, comme en accord secret alors que rien ne m’y relie objectivement» dit-il. C’est pour «découvrir au milieu de l’hiver, un invincible été» qu’il faut aller voir Les Carnets. Cette phrase, bien connue des lecteurs de Camus, est au cœur de la démarche de l’acteur et metteur en scène.
Nicole Hamouche