Interlocuteur privilégié
En se rendant au ranch du Premier ministre Saad Hariri, près de Washington, le 18 août, pour une “visite familiale”, le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, a voulu adresser un message fort à qui de droit. En politique, rien n’est fortuit, et lorsque le chef de la diplomatie de la plus grande puissance accomplit une telle visite, cela signifie qu’il est parfaitement conscient de l’interprétation qui lui sera donnée. La seule explication est que Washington soutient M. Hariri et le considère comme un interlocuteur privilégié au Liban. Cette volonté d’afficher ce soutien au Premier ministre intervient après la visite à Riyad des trois anciens chef de gouvernement, Fouad Siniora, Nagib Mikati et Tammam Salam. Cette visite avait été interprétée comme une tentative de faire pression sur M. Hariri, qui a d’ailleurs tardé à recevoir ses prédécesseurs après leur retour, pour exprimer son mécontentement.
Peu loquace mais très serviable
Le député chiite de Jbeil, Moustapha Husseini, est sans doute le parlementaire le moins loquace. Il est tellement silencieux que de nombreux libanais en ont même oublié son existence. Au Parlement aussi le frère de l’ancien président de la Chambre se fait très discret. Il prend peu la parole et ne fait pas de commentaires. Cependant, les habitants de Jbeil qui approchent ce député parlent d’un homme serviable et profondément attaché à la région qu’il représente. M. Husseini, qui est de Chmestar (Baalbek), se considère avant tout comme un Jbeiliote, rappelant que sa famille est originaire de Mazraat el-Siyyad, à Jbeil,
Délation
De nombreux personnalités libanaises dont des hommes d’affaires, des économistes, des industriels et des journalistes, invités à la Foire internationale de Damas, se sont excusés de ne pouvoir assister à cet événement auquel participent des dizaines de pays et des centaines de sociétés. Ces personnes se sont décommandées après que l’ambassade américaine ait fait savoir que toute personne ou entité qui participerait à cet événement sera fichée, ce qui signifie qu’elle ne pourra plus, éventuellement, obtenir un visa pour les Etats-Unis. La chancellerie américaine à Beyrouth a demandé à ses réseaux de lui communiquer les noms des Libanais qui se rendront à la Foire de Damas, ce qui a donné lieu à une vague de délation sans précédent de la part des informateurs les plus zélés.
Avis contraires
De tous les ministres du gouvernement, celle qui suscite le plus l’admiration ou, au contraire, les critiques de ses pairs, est Nada Boustani. Ceux qui l’apprécient soulignent que la ministre de l’Energie et de l’Eau est intraitable quant à la mise en oeuvre de ses plans. Elle refuse toute pression politique et populaire et va jusqu’au bout de ses projets. Ceux qui l’envient lui reprochent de ne pas accepter les solutions médianes dans le pays des compromis.
Dalia Joumblatt
La fille du leader druze Walid Joumblatt a fait très bonne impression auprès du président Michel Aoun et de son entourage lorsqu’elle s’est rendue avec une délégation au palais de Beiteddine pour lui souhaiter la bienvenue. Mais son apparition publique ne signifie pas qu’elle souhaite se lancer en politique. Elle n’a aucune ambition sur ce plan. Elle ne faisait que représenter la famille Joumblatt vu que son père et son frère Taymour étaient tous deux à l’étranger.
M. Hamdane
Le chef des Mourabitoun, Mouspaha Hamdane, qui ne ratait pas une occasion pour exprimer son soutien à l’axe de la résistance”, se fait très discret depuis quelques mois. Ce silence n’a pas de raisons politiques. Il serait dû à une bouderie à cause de la réduction drastique des aides qu’il recevait du Hezbollah et de l’Iran, dans le cadre des mesures d’austérité décidées après les sanctions américaines.
La trouvaille
de Siniora L’ancien Premier ministre Fouad Siniora ne manque pas d’idées pour continuer à jouer un rôle important sur la scène politique, notamment sunnite. Cependant, sa dernière trouvaille, le «Conseil des sages», n’a pas semblé convaincre la plupart des personnalités sollicitées. Ce conseil a pour but, selon les voeux de M. Siniora, de veiller au respect de l’accord de Taëf, qu’il estime menacé par l’entente présidentielle conclue entre le président Michel Aoun et le Premier ministre Saad Hariri. Mais les anciens chefs de gouvernement Nagib Mikati et Tammam Salam ont préféré ne pas se lancer dans ce projet qu’ils ont jugé hasardeux. Cela n’empêchera pas M. Siniora de lancer, prochainement, une revue intitulée L’Observatoire de Taëf, dont l’objectif est de défendre cet accord et de surveiller son application.
Confiance totale
Des sources informées assurent que le chef du Courant patriotique libre (CPL), Gebran Bassil, jouit de la confiance totale du président de la République, Michel Aoun, même si ce dernier juge parfois «inconsidérés» et «excessifs» les propos de son gendre. Le chef de l’Etat estime toujours que son gendre est la personnalité la plus qualifiée et la plus compétente pour «porter le flambeau» et met sur le compte de la jeunesse les sorties intempestives du ministre des Affaires étrangères.
LE MONOPOLE DU BEY SERA BRISE
Des analyses contradictoires ont circulé au lendemain de la rencontre de réconciliation de Baabda. Certaines ont affirmé que le gagnant du bras de fer politique qui a suivi l’incident de Bassatine est Walid Joumblatt, d’autres ont estimé que Talal Arslan a marqué des points. Des milieux politiques concernés expliquent, pour leur part, que la rencontre de Baabda a permis de relancer la machine de l’exécutif et que les résultats de la confrontation politique apparaîtront lors des nominations administratives. Sur ce plan, la décision de briser le monopole joumblattiste est prise et une partie des postes druzes sera attribuée aux adversaires du chef du PSP.
Wahhab, un adversaire coriace
Des responsables du Hezbollah ont déclaré à plusieurs reprises ces derniers temps, et devant des personnes différentes, que le parti regrettait de ne pas avoir pleinement soutenu Wiam Wahhab lors des législatives de 2018. Selon eux, l’ancien ministre, qui a prouvé qu’il possédait une base au sein de la communauté druze, aurait été un adversaire coriace face à Walid Joumblatt, comme il l’a montré lors de l’incident de Jahiliya.
MACRON à MAGAZINE: AU LIBAN EN 2020
En marge d’une rencontre des journalistes membres de la Presse Présidentielle Française avec le président Emmanuel Macron, Magazine a demandé au président français s’il maintenait son projet de visiter le Liban et pour quand? La réponse fut brève et ferme «ça sera en 2020». De son côté le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire, qui a confié que le Premier ministre libanais Saad Hariri l’a invité depuis des mois à se rendre à Beyrouth, a fait savoir qu’il attendait que « la conjoncture soit plus propice et les conditions soient réunies» pour effectuer la visite. En effet, Paris attend le début de la concrétisation et la mise en application des réformes promises par le gouvernement libanais dans le cadre du processus de CEDRE, notamment au niveau du secteur de l’électricité.