Créée par Stéphane Boghossian, une plateforme d’expertise de bijoux, ExJewel, est désormais disponible. Son but? Estimer et redonner vie aux bijoux anciens. Par Joëlle Seif
Après des études dans une école de design à Milan, de Gemmologie aux Etats-Unis, puis de design de bijoux en Belgique, suivies d’une formation dans une manufacture de bijoux en Inde, Stéphane Boghossian a travaillé auprès de noms prestigieux dans le monde du luxe tels que Versace, LVMH et S.T.Dupont. «J’ai alors réalisé qu’il y avait un manque dans le monde du marketing de luxe et j’ai décidé de faire un MBA en marketing de luxe à Paris auprès de l’IFA qui est rattaché à HEC», confie le jeune homme.
Son projet de thèse, l’après-vie des bijoux anciens, devient une start-up qu’il lance en 2018, après avoir présenté sa démission de chez S.T. Dupont pour se consacrer entièrement à sa nouvelle mission. En avril 2019, il rejoint Schoolab, un incubateur à Paris. Il rencontre Gaëlle Seret, business analyst et techproduct developer, qui devient son associée. «Elle voulait rejoindre une start-up qui a trait aux bijoux. Nous avons créé la structure à Paris».
L’objet de la start-up est de retransformer les bijoux anciens non portés. «Au départ, c’était un service assuré pour des clients particuliers, puis nous avons réalisé que c’étaient en fait les joailliers qui en avaient le plus besoin». Il s’agit de transformer «une collection dormante» ou des invendus. «Nous avons alors décidé de créer une plateforme où n’importe quel client peut télécharger son bijou ou sa collection. A travers un questionnaire précis nous pouvons en fixer le prix. Il faut estimer le bijou avant de procéder à sa transformation».
Pas de prix standard
Selon Stéphane Boghossian, il n’existe pas de prix standard dans la bijouterie. «Comme il n’existe pas de standard de prix, nous avons décidé de les standardiser. Nous sommes devenus la plateforme digitale d’expertise de bijoux. De cette manière, les particuliers et les magasins peuvent mettre un prix sans pour autant avoir l’objet en main. C’est un algorithme basé sur les informations fournies qui fixe le prix». Aujourd’hui, le prix d’un bijou est estimé grâce à la data fournie. «Le problème dans ce domaine c’est que chacun donne les prix qu’il souhaite. Sur notre plateforme nous fixons le prix de base avec la marge de gains qui peut être réalisée». Parmi les clients de ExJewel, des noms prestigieux tels que Tiffany’s et Philippe Algier.
Pour fixer le prix d’un bijou, six critères sont pris en compte: les matériaux et les pierres, la partie immatérielle du bijou, la partie manufacture, le design, l’évolution du prix et les marges de gains qui peuvent aller à 200% et plus. Le problème majeur de la joaillerie est que 92% des bijoux dans le monde ne sont pas utilisés. Les clients en possèdent 8% alors que le reste représente des stocks invendus dans les boutiques. «En matière de bijoux, on produit 18 fois plus que le nécessaire». Actuellement, Exjewel lance une campagne de levée de fonds pour financer cette plateforme. «Notre but est d’essayer d’agrandir le portfolio de clients et de pouvoir répondre à un plus grand nombre de personnes en même temps». Présente sur le marché français, Stéphane Boghossian annonce que bientôt elle sera opérationnelle pour l’Europe et le Moyen-Orient.
Joëlle Seif