Magazine Le Mensuel

Nº 2918 du vendredi 11 octobre 2013

  • Accueil
  • Culture
  • Les histoires sont toutes finalement assez banales. Le reflet de l’intime
Culture

Les histoires sont toutes finalement assez banales. Le reflet de l’intime

Les éditions Amers viennent de publier l’ouvrage, Les histoires sont toutes finalement assez banales, où les photographies de Caroline Tabet encadrent les textes de Sara Sehnaoui au sein d’une mise à nu de l’intime.
 

Les histoires sont toutes finalement assez banales; un titre qui déroute, intrigue, interpelle. Qui renforce l’envie de s’y plonger, pour comprendre peut-être, deviner, se laisser aller aux illusions qu’engendrent le mot et l’image, conjointement. Les premières pages effeuillées, affleurées, surgissent les premières photos de Caroline Tabet; une fenêtre, un lit, un corps allongé, une femme, une chambre, un miroir, un reflet. Plongée dans l’intimité, la plus profonde, la plus intérieure, la plus suggestive. «Revoir mon reflet dans le miroir. A toute heure»; les premiers mots de Sara Sehnaoui s’esquivent à mesure qu’ils se dessinent, là, noir sur blanc, «à mesure que (ses) pas (lui) collent à la peau». Femme de questionnements, d’angoisses, de tentations. Femme de désir, de volonté. De plonger dans le quotidien pour en extraire l’image abstraite, le conditionnement d’une vie, d’un être. De se tenir aux gestes pragmatiques de tous les jours, dans l’espoir de ne pas se perdre, ou se perdre, de trouver des refuges, de s’en extraire, à chaque fois. S’atteler à un raisonnement qui dépasse l’objet, l’idée, le rêve, l’imaginaire. Faire «le tour des objets par des récits, hantée par ce qu’ils vont raconter».
Au fil des pensées et des images qui s’entrechoquent, des glaçons transparents au fond d’un verre, parfois une fulgurance arrête la lecture: «L’amour sous préavis», «Je sais qu’aucune main ne m’a lâchée, je ne tenais dans la paume de nul géant, héros, ou Dieu», «un monde d’absence et de silence, un grand sourire».
Les histoires sont toutes finalement assez banales, c’est peut-être aussi un journal tenu dans l’immédiateté du moment, dans la pensée qui se fige en mots alors qu’on voudrait tellement les secouer encore et encore, pour raviver d’autres histoires, d’autres fins, d’autres recommencements.

Men shou bteshki Beirut
Adonis en mode pop revigorante

Le deuxième album du groupe libanais Adonis est dans les bacs depuis quelques semaines. Men shou bteshki Beirut est à l’image de la ville vue et revue par Adonis au détour d’images musicales.
A chaque nouvelle écoute de Men shou bteshki Beirut, c’est toujours le même souffle de fraîcheur qui étreint l’auditeur. Le sourire se dessine, à chaque chanson, entre une mélodie et une autre, un texte et un autre, une envie de se laisser aller à rêver et une envie de bouger ses hanches. L’espace de dix chansons, le groupe Adonis nous emmène dans un voyage à travers Beyrouth, Beyrouth de toutes les illuminations, de tous les scintillements, Beyrouth azurée de pépites, de bonheur ou de mélancolie. C’est plutôt la mélancolie qui plane sur cet album, une belle mélancolie qui vous empoigne de bout en bout, pour correspondre, en sons, en sonorités, en notes, à l’état beyrouthin, dans lequel vous plongent la ville et l’album.
Men shou bteshki Beirut est le second album d’Adonis, après un premier opus, Daw l baladiyi, lancé en 2011, contenant des titres devenus rapidement des morceaux populaires, tels Stouh Adonis, Sawt l madini, Daw l baladiyi, qui ont fait le tour de la Toile et du pays. Formé d’Anthony Khoury, Joey Abou Jaoudé, Fabio Khoury, Nicolas Hakim et Carl Ferneiné, Adonis a pu se tailler, en l’espace de trois ans à peine, une place de choix sur la scène musicale libanaise, allant même jusqu’à clôturer il y a deux mois, le festival Beirut Holidays, pour un concert qui coïncidait avec le lancement de son deuxième album.
Avec Men shou bteshki Beirut c’est une plongée musicale au cœur d’une nouvelle génération, son regard sur le pays, la capitale, son quotidien, celui de ces jeunes qui tentent, chacun à sa manière, de trouver encore et toujours des étincelles de beau dans ce pays. Emmêlant ironie, dérision, autodérision et sentiments piqués d’émotion à vif, la musique d’Adonis est un délicieux mélange de pop arabe, de sons d’Orient et d’Occident, d’authenticité. «Fikrak iza falayt, rah betla’i Aachtarout (…) men shou bteshki Beirut». Un album à portée de tous, portant bien haut la voix de Beyrouth.

Related

Culture

Comme au cinéma

Michel Portal à Liban Jazz. Songe d’une nuit d’hiver

Laisser un commentaire


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.