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Nº 2890 du vendredi 29 mars 2013

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POLITIQUE

Alaeddine Terro, ministre des Déplacés. Le dialogue puis les consultations

«Nous préférons, pour le moment, que la séance du dialogue initiée par le président de la République ait lieu, suivie par les consultations parlementaires. On verra par la suite la forme que prendra la future équipe». Interview de Alaeddine Terro, ministre des Déplacés et député d’Iqlim el-Kharroub.

Est-ce que le député Walid Joumblatt est à nouveau appelé à jouer le rôle de balancier?
Nous n’aimons pas faire usage de ces termes-là entre Libanais. Au cours de l’étape passée, nous pensions que le gouvernement avait fait échec ou du moins retardé la fitna qui miroitait dans le ciel libanais. Aujourd’hui, nous estimons que la conjoncture n’est plus favorable à ce gouvernement vu les pressions exercées par de grandes forces politiques pour sa démission. Oui, nous devons définir notre position. Oui, nous représenterons la voix qui fera pencher la balance, mais nous ne nous alignerons à ce stade ni sur le 8, ni sur le 14 mars, parce que nous désirons profiter de la démission du cabinet et de l’appel au dialogue interlibanais pour composer une équipe capable de faire face aux défis actuels.

Des ministres du 8 mars ont dit que l’affaire ne se limitait pas au renouvellement du mandat du général Achraf Rifi…
C’est vrai. Mais il est honteux que des acteurs politiques accusent à tort le président Mikati, lorsqu’ils disent qu’il exécute les ordres des ambassades ou qu’il s’aligne sur des axes régionaux et arabes. Certains relient l’affaire à la réconciliation entre Israël et la Turquie, d’autres avec celle d’Erdogan avec Abdallah Oçalan, d’autres encore avec la visite d’Obama en Israël… C’est honteux! La démission est la résultante de données strictement internes, cela concerne la commission de supervision des élections, l’affaire de la reconduction du général Achraf Rifi dans ses fonctions, et aussi le non- respect, par des camps représentés au sein de l’Exécutif de la politique de distanciation. La démission n’est nullement rattachée à des motifs extérieurs.

Le Hezbollah semble dérangé par la démission, on a entendu certains de ses leaders s’opposer à la possibilité d’un retour du président Mikati au Sérail…
C’est sûr. Le Hezbollah a exprimé son mécontentement par la voix de ses responsables. Mais la démission n’est pas dirigée contre le Hezbollah. Il n’y aura pas un nouveau cabinet dirigé contre le Hezbollah.

Vous avez réalisé qu’il est difficile de cohabiter avec le 8 mars?
La cohabitation à l’ombre des tiraillements extérieurs et l’alignement de chacun des camps sur un axe est une opération difficile dans l’ensemble du pays, et non avec un camp spécifique.

Appuyez-vous la mise sur pied d’un gouvernement avec le 14 mars, ou préférez-vous pour le moment un gouvernement neutre?
Nous préférons, pour le moment, que la séance du dialogue chez le président de la République ait lieu, suivie par les consultations parlementaires. On verra par la suite la forme que prendra la future équipe: neutre, politique, composée de technocrates… Notre préférence va à un cabinet politique au sein duquel tous les bords seraient représentés pour affronter l’étape à venir.

Quels sont les résultats de la visite que les ministres de votre bloc ont entreprise à Aïn el-Tiné?
Nous consultons toujours le président Berry pour les affaires délicates vu son rôle et sa capacité à arrondir les angles. Il a été très positif au sujet de la démission du président Mikati. Comme nous, il a encouragé la reprise du dialogue et prêché l’entente. Il a, par ailleurs, invité les uns et les autres à tirer profit de cette démission pour paver la voie à des relations améliorées entre les diverses composantes de la scène politique et pour former un gouvernement représentatif de toutes les forces.

Et les législatives dans tout ça? Jusqu’à quand seront-elles reportées?
On peut s’accorder rapidement sur la formation d’un gouvernement qui s’attèlera à la préparation d’une loi électorale et à l’organisation du scrutin.

Est-il possible que le président Nabih Berry inscrive le vote sur le projet orthodoxe à l’ordre du jour de la séance parlementaire?
La question de la séance parlementaire nécessite un examen approfondi et des concertations intensives. L’adoption de la loi orthodoxe par le Parlement serait d’une gravité telle qu’elle menacerait la coexistence, la paix civile, les accords de Taëf et la Constitution. C’est un sujet délicat et sensible.

Quel est votre commentaire sur la vague d’enlèvements au nord de la Békaa?
Les Libanais n’ont pas encore bien réalisé qu’il leur faut recourir à l’Etat, aux forces de l’ordre et à la justice au lieu de s’adonner aux enlèvements. Les enlèvements et les contre-enlèvements ne font pas honneur aux clans, ni aux villages et aux régions, ni à l’Etat et à la paix civile. Il faut mettre un terme à ces agissements le plus rapidement possible, sinon ils peuvent mener à des conséquences déplorables.
 

Propos recueillis par Saad Elias

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