L’ESA accueille le premier centre consacré à la mémoire et à l’enseignement du généralde Gaulle à l’étranger. Des formations seront déclinées sur les plans scolaire, universitaire, managérial et l’Institut doté d’un espace muséal.
L’héritage du général de Gaulle n’a pas fini de livrer ses fruits. 62 ans après sa disparition, c’est au Liban, pays cher au chef de la France libre, qui y résida de 1929 à 1932, que le premier Institut Charles de Gaulle à l’étranger doit voir le jour. Le projet sera hébergé sur le campus de l’Ecole supérieure des affaires (ESA), dans un bâtiment situé en face de l’hôtel Gefinor. L’édifice nécessitant quelques travaux de rénovation, le chantier ne débutera qu’une fois la levée de fonds terminée. Mais les activités, elles, ont déjà commencé. Une première série de séminaires ont été animés ces derniers mois par le professeur Frédéric Fogacci, directeur des études et de la recherche à la Fondation Charles de Gaulle. Ces cessions ont été dispensées dans le cadre du Bachelor in Business Administration (BBA) de l’ESA. Au programme : définition du leadership, gestion de crise ou encore construction du processus de décision.
«Formation au leadership»
L’Institut est voué à devenir «un laboratoire de formation en leadership basé sur le modèle gaullien», a affirmé le directeur général de l’ESA Stéphane Attali le 27 février dernier lors de la signature sur le campus de la convention quadripartite entre l’Ecole de management, la Fondation Charles de Gaulle, l’Association pour la sauvegarde du patrimoine de Charles de Gaulle au Liban et l’Ambassade de France – les quatre institutions partenaires du projet. Destinées aux futurs cadres du public et du privé, ces formations puisent notamment leur contenu dans les écrits militaires du général. En plus «d’être un chef de guerre et un homme d’Etat, le général était aussi un penseur et un professeur, notamment dans sa période de jeune officier après la Première Guerre mondiale », rappelle Marc Fosseux, secrétaire général de la Fondation Charles de Gaulle. Dans ces réflexions, le fondateur de la Ve République livre ainsi «des règles de commandement simples: développer une vision auprès de ses hommes, être bienveillant mais capable de mobiliser toutes les énergies, faire en sorte que chacun ait compris son rôle et sa place dans un dispositif», détaille quant à lui l’amiral Jean-Claude Barrère, directeur de la Fondation CDG.
Espace muséal
L’axe «formation au leadership» constitue un des trois volets de la mission du futur Institut Charles de Gaulle-Liban. Un second chapitre consacré à la mémoire du Général doit être développé sur l’espace muséal qu’accueillera le futur bâtiment. Il s’inspirera des mémoriaux existants en France – la maison natale du général à Lille, sa demeure de Colombey-les-Deux-Eglises ou encore l’Historial Charles de Gaulle aux Invalides. Le centre comprend enfin une visée pédagogique à destination des 63 000 élèves du réseau des écoles francophones au Liban. «L’objectif est de développer des actions citoyennes, de nourrir les programmes avec des exemples tirés de la vie et de l’œuvre du général de Gaulle», a déclaré le directeur général de l’ESA Stéphane Attali.
De la maison à l’Institut. La genèse du projet remonte à 2012. A l’époque, il est question de ressusciter l’ancienne demeure du général au Liban, une maison située dans le Caracole druze, dans le quartier de Mar Elias à Beyrouth. «Le chantier est vite apparu comme lourd et onéreux car il fallait acheter et rénover la bâtisse. Après de nombreuses discussions entre nous, nous avons décidé de le développer sur le campus de l’ESA. Cette option rassemblait de nombreux avantages: avoir une emprise française au niveau du foncier, dans un endroit sécurisé et facilement accessible et dans un environnement où le général avait vécu», raconte Christian Besse, président de l’Association pour la préservation du patrimoine de Charles de Gaulle au Liban. L’actuel bâtiment principal de l’ESA n’est autre que l’ancien hôpital militaire Maurice Rottier où le commandant De Gaulle venait souvent visiter les blessés.
Politique d’influence
Ardemment soutenu par l’Ambassade de France, cette initiative s’inscrit également dans une volonté de renforcement des liens franco-libanais. «Rien ne demeure plus constant que l’amitié qui nous unit», avait signifié Charles de Gaulle au président Charles Hélou venu en visite officielle le 5 mai 1965 à l’Elysée», a rappelé à l’ESA Bruno Foucher, l’ambassadeur de France au Liban. «J’espère que cet institut participera à développer la diplomatie d’influence française et la francophonie au Liban où la France a un rôle essentiel à jouer», a pour sa part lancé Christian Besse lors de la signature. A l’instar de la chaire qui doit voir le jour dans une grande université de Shanghai, et d’autres projets similaires impulsés par la fondation qui pourraient ouvrir en Afrique du nord,l’Institut Charles de Gaulle-Liban ambitionne de devenir un «lieu couru de rencontres, de débats, de conférences et d’échanges ouverts à un public beaucoup plus large que lesétudiants de l’ESA», a pour sa part souhaité Jacques Godfrain, président de la Fondation CDG. «C’est très bien qu’on soit ici au cœur de la ville dans une ambiance moderne, décontractée et estudiantine», remarque l’ancien ministre français Hervé Gaymard, administrateur de la Fondation CDG et auteur de la préface de la réédition de L’Histoire des troupes du Levant de Charles de Gaulle. «C’est aussi cela la force du message gaulliste qui n’est pas figé dans la mémoire et dans l’Histoire».
PHILIPPINE DE CLERMONT-TONNERRE