Magazine Le Mensuel

Nº 2900 du vendredi 7 juin 2013

Culture

Un Picasso pour cent euros. Aimer Picasso et sauver Tyr

Acquérir un Picasso pour la modique somme de 100 euros, c’est désormais possible, en participant à l’opération organisée par l’Irako-Libanaise Péri Cochin, en collaboration avec la maison Sotheby’s. Avec, pour objectif, la sauvegarde de la ville de Tyr, au Liban-Sud.
 
 Le concept est original et fera peut-être date, tant dans le monde de l’art qu’auprès des défenseurs du patrimoine. L’Irako-Libanaise Péri Cochin, bien connue du public hexagonal et du Pays du Cèdre, a lancé une initiative originale alliant amour de l’art et protection du patrimoine, avec l’Association internationale pour la sauvegarde de Tyr. Le principe est simple. Ceux qui le souhaitent peuvent acheter un billet de tombola sur Internet, pour la somme de 100 euros, et ainsi participer au tirage au sort final qui sera organisé le 18 décembre prochain. Avec, en gros lot, une œuvre prestigieuse, puisqu’il s’agit de rien moins que l’Homme au Gibus, une gouache sur papier du grand maître Pablo Picasso, estimée par Sotheby’s International d’une valeur d’un million de dollars. A noter que les chances de remporter le tableau sont bien réelles, puisque seuls 50000 billets numérotés seront mis en vente, pas un de plus. De quoi accroître les chances par rapport à une loterie classique.

Les amateurs pourront ainsi conjuguer leur amour de l’art, du hasard, avec, en prime, la possibilité pour eux de participer à la préservation du patrimoine de Tyr. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, en filigrane. Les bénéfices de cette loterie hors du commun permettront de financer deux projets prioritaires de l’Association internationale pour la sauvegarde de Tyr. D’abord, l’établissement d’un village d’artisanat traditionnel, qui aura pour objectif d’éviter la «disparition des techniques anciennes», mais aussi «d’apporter une aide aux artisans», avec en toile de fond, l’ambition de dynamiser ce secteur et de développer des productions susceptibles d’être commercialisées à l’international, afin de générer de la croissance et de l’emploi. L’Association espère dans un second temps relancer l’exploration de la production de la couleur pourpre issue du murex, selon les anciennes méthodes.
Autre projet ambitieux, la création d’un Institut d’études cananéennes, phéniciennes et puniques à Beyrouth. «Ce centre sera élaboré avec une infrastructure moderne pour la formation e-learning dans les sciences de l’archéologie, l’histoire, les langues anciennes, la restauration, la préservation», peut-on lire sur le site de l’opération. Le projet prévoit également l’installation d’une «bibliothèque électronique, munie d’un système de communication et de diffusion qui la reliera aux différentes institutions similaires dans le monde».
Lors du lancement de l’opération Un Picasso pour 100 euros, Péri Cochin a expliqué que sa mère – bien connue des Libanais –, Maya el-Khalil Chalabi, présidente de l’association, organisait depuis des années des soirées caritatives destinées à recueillir des fonds. «Il fallait trouver autre chose que les éternels dîners de charité où on ne sait plus quoi dire à son voisin», explique celle qui est également productrice de nombreux talk-shows pour le Moyen-Orient (voir encadré).
Quant à la toile mise en jeu par la loterie, que les participants se rassurent. L’Homme au Gibus de Picasso provient de la succession du maître et a été certifiée par ses descendants, Maya Picasso et Claude Ruiz-Picasso, qui l’ont authentifiée. Et, preuve supplémentaire du sérieux de cette initiative, la maison Sotheby’s ainsi que la Picasso Administration sont parties prenantes de l’opération. Sotheby’s International organisera d’ailleurs le tirage au sort, sous l’œil attentif d’un huissier. Les détenteurs de billets de loterie pourront suivre le tirage en direct sur Internet.

Jenny Saleh
 

Pour acheter un billet de loterie:
http://www.1picasso100euros.com/

 
 
Qui est Péri Cochin?
 Née en 1965 au Liban, Périhane Cochin, de son nom complet, s’installe en France à l’âge de 10 ans, au début de la guerre civile. Elle intègre la prestigieuse Ecole du Louvre, puis obtient son diplôme d’architecte DESA avec mention. Quelques expériences professionnelles plus tard, tant dans le domaine de l’architecture, du mobilier que dans la confiserie, Péri Cochin est recrutée par l’animateur français Laurent Ruquier et rejoint son équipe de chroniqueurs dans On va s’gêner, sur Europe 1, puis On a tout essayé, sur France 2. En 2005, elle crée sa société Periscoop, et se lance dans la production d’émissions de télévision au Moyen-Orient en rachetant les droits de talk-shows français. On lui doit par exemple Chakou Makou, Bahlam Beek, ou encore Adam w Hawa, Zahrat el-Khaleej, Taratata, ou encore Najm el-Khaleej.

 

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