Magazine Le Mensuel

Nº 2931 du vendredi 10 janvier 2014

general

Gouvernement. Dernière chance pour le consensus

Alors que Michel Sleiman est déterminé à former un gouvernement le plus rapidement possible, Walid Joumblatt et Nabih Berry ont ouvert des médiations de dernière minute avec l’ensemble des partis sur la base d’une formule qui satisferait tout le monde.
 

Le président Michel Sleiman ne veut plus attendre, et il le fait savoir (voir encadré). Ses dernières déclarations ne laissent que peu de place au doute; il prendra l’initiative de former un gouvernement dans les prochains jours et il le sera sans les partis s’il en doit être ainsi. Il y a encore quelques jours, les habitués des couloirs du palais de Baabda susurraient une liste de quatorze à vingt noms susceptibles d’entrer dans un gouvernement neutre et non politique. Signe de la volonté présidentielle d’accélérer le mouvement, Nabih Berry donnait comme échéance définitive la fin de la présente semaine. Mais le changement de Bkerké, qui ne voit plus d’un bon œil la formation d’un gouvernement du fait accompli comme l’a expliqué Mgr Samir Mazloum, et surtout les contacts entrepris par Walid Joumblatt ont rallongé le délai de quelques heures. L’objectif du leader du PSP, obtenir l’accord du Hezbollah et du Courant du futur pour la formation d’un gouvernement d’union nationale, mais cela implique des concessions de part et d’autre.
Devant cette situation, le Hezbollah et ses alliés n’ont guère le choix. Le gouvernement du fait accompli, tel que l’imagine Sleiman, constitue à leurs yeux la carte-maîtresse de l’Arabie saoudite qui chasserait le Hezbollah de l’Exécutif et dirigerait le pays, avec le président et le Premier ministre désigné. Leur seule alternative reste le gouvernement d’union et à ce titre, la perche tendue par le leader druze est, pour eux, la bienvenue. Après avoir rencontré Joumblatt, le ministre démissionnaire de la Santé, Ali Hassan Khalil, et le conseiller politique du secrétaire général du Hezbollah, Hussein Khalil, se sont rendus à Baabda pour sonder le chef de l’Etat sur ses intentions. Comme Tammam Salam, tout juste a-t-il accepté de laisser une dernière chance à l’initiative Joumblatt.
Que propose-t-il? D’abord, la formule des trois huit, huit ministres pour le 8, le 14 mars et le bloc Sleiman-Salam-Joumblatt. Le Hezbollah qui, par la voix de Hassan Nasrallah, avait pris fait et cause pour la formule du 9-9-6, fait là une concession que les faucons de la coalition saluent comme un sacrifice. Toute la subtilité de la formule Joumblatt réside dans la présence de ministres-rois, nommés par le bloc dit centriste et les autres camps, chacun de leur côté, et ainsi gommer toute possibilité de tiers de blocage qui profiterait à l’un des deux camps.
Les assurances de Waël Abou Faour, dépêché auprès des Hariri pour promouvoir l’idée, ont, elles, conduit le Courant du futur à redéfinir ses positions qui n’ont pas foncièrement changé. Le devenir de cette initiative de la dernière chance est entre les mains de Saad Hariri. Tant que le leader du Futur n’aura pas tranché, les discours sur l’intervention du Hezbollah en Syrie, qui disqualifie sa présence à tout gouvernement, sur le refus d’inscrire le triptyque Armée-Peuple-Résistance dans la déclaration ministérielle qui devra reprendre la déclaration de Baabda, continueront de tonner.
Dans le cas contraire, la fenêtre de tir se refermera et la coalition autour du Hezbollah sera mise devant le fait accompli, ouvrant ainsi une autre fenêtre, peut-être plus sombre celle-là avec la conférence Genève II sur la Syrie et quelques mois plus tard, l’élection présidentielle.

Julien Abi Ramia

La colère de Sleiman
Lundi, à l’occasion de l’inauguration du siège rénové de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Beyrouth et du Mont-Liban, Michel Sleiman a vertement exprimé son impatience. «Est-il permis que la communauté internationale et les Etats frères soient plus soucieux que nous de notre stabilité politique, économique et de notre sécurité? Est-ce que le maintien du pays en présence d’un gouvernement démissionnaire est 
susceptible d’assurer l’organisation de la 
présidentielle avant le 25 mai? Est-ce que l’absence d’une entente autour d’un cabinet fédérateur doit nous obliger à rester sans 
gouvernement? S’il n’est pas possible de former une équipe ministérielle fédératrice, les Libanais qui n’appartiennent à aucun parti politique n’ont-ils pas le droit de contribuer au redressement de leur pays et de le protéger, dans le cadre d’un gouvernement neutre?

 

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