Magazine Le Mensuel

Nº 2936 du vendredi 14 février 2014

Confidences Liban

Confidences Liban

Safadi à Aïn el-Tiné: la portée d’une visite
Décodage par les observateurs de la visite du ministre démissionnaire des Finances, Mohammad Safadi, à Aïn el-Tiné, à la veille de la formation du gouvernement Salam, alors que dans les coulisses, on parlait de nouvelles consultations parlementaires vu l’impossibilité pour l’équipe Salam d’obtenir la confiance du Parlement. Bien que les milieux de Safadi insistent à dire que les discussions ont porté sur les sujets brûlants de l’heure et sur la conjoncture en Syrie, des observateurs inscrivent cet entretien dans le cadre de la recherche d’un successeur à Tammam Salam dont le cabinet, quelle que soit sa forme, ne tiendra pas face au vote de confiance. Le 8 mars voit d’un bon œil l’installation de Safadi au Sérail.

 

Les diplomates s’intéressent à Aïn el-Heloué
La situation à l’intérieur du camp de Aïn el-Heloué est observée de près par des diplomates occidentaux qui ont reçu des informations sur l’entrée d’un nombre de radicaux extrémistes qui ont installé leur Q.G. dans le camp, où ils se sentent protégés. Dans cette perspective, les organes sécuritaires libanais et étrangers échangent les données qui leur parviennent, surtout que les diplomates cherchent à obtenir un maximum de renseignements sur les éléments qui pénètrent dans le camp de peur que les émirs d’al-Qaïda et du Front al-Nosra ne s’y implantent pour mener des opérations terroristes au Liban. L’Occident craint par ailleurs que ses ressortissants, impliqués dans les combats auprès de l’opposition en Syrie, viennent investir les camps où on leur prodigue un entraînement sur la manipulation des explosifs, avant de rentrer chez eux pour exécuter des attentats sur place.

Israël manœuvre au Sud
Nouvelles données au Liban-Sud où Israël prend de nouvelles mesures. Les observateurs ont remarqué:

La multiplication des manœuvres et entraînements militaires pour prévenir une éventuelle agression du Hezbollah et faire face à son arsenal.
La reprise des avertissements proférés par les chefs israéliens qui menacent de frapper les bases du Hezbollah même si elles sont implantées dans un environnement civil.
La mise en garde constante contre la fourniture d’armes stratégiques, comme des canons de longue portée, par l’armée syrienne au Hezbollah (un responsable du Mossad a avancé le chiffre de 170000 roquettes).
L’intensification des mouvements militaires israéliens le long de la frontière côté est, allant de Maskfaam jusqu’aux hauteurs de Chébaa et Kfarchouba. Mouvements accompagnés de viols de l’espace aérien dans les régions de Hasbaya, Marjeyoun, la Békaa-Ouest, jusqu’au Iklim Touffah et Jezzine.

La déception de Berry
Le président Nabih Berry est fort déçu de la manière dont certains alliés de ses alliés traitent le règlement global qu’il a initié en coopération avec Walid Joumblatt. Surtout que l’accord a bénéficié de l’appui de sayyed Hassan Nasrallah. Après les objections du général Michel Aoun sur l’initiative, le président de la Chambre aurait déclaré devant ses visiteurs, qu’il préférait suspendre ses efforts de conciliation parce qu’il est impossible de progresser dans ce climat. Berry se dit, par ailleurs, étonné que l’entente n’ait pas été scellée surtout qu’elle a aussi reçu la bénédiction de l’ex-Premier ministre, Saad Hariri. Les craintes de Aïn el-Tiné sont réelles. Le Liban court le risque de sombrer dans un tunnel noir, pour cause d’occasion manquée par les forces politiques. Il semble que les relations entre Rabié et Aïn el-Tiné sont presque rompues malgré la participation des députés du Bloc du Changement et de la Réforme aux réunions parlementaires du mercredi.

Mikati globe-trotter
Après avoir participé au forum de Davos et au Congrès pour la sécurité à Munich, le président du Conseil démissionnaire, Najib Mikati, a mis le cap sur la Russie pour l’ouverture des Jeux olympiques d’hiver à Sotchi. Il en a profité pour avoir des rencontres avec de hauts responsables et s’entretenir avec eux au sujet des développements au Liban et dans la région. La visite que le vice-ministre des Affaires étrangères russe, Michaël Bogdanov, devait rendre à Beyrouth début février a été ajournée à une date ultérieure, en raison d’un changement de dernière minute sur son agenda, en lien avec le congrès de Genève II et les contacts entrepris par Moscou pour trouver une solution à la crise syrienne.

Malaise à l’Energie
Une demande de recrutement d’un expert en ressources énergétiques, présentée par le ministre Gebran Bassil à l’Autorité de gestion de l’Energie, a été carrément rejetée par certains membres du comité. L’expert en question avait, dans le cadre d’une interview télévisée, fait l’éloge de l’action du ministre qui bénéficie, a-t-il dit, du soutien de spécialistes internationaux dans le domaine. L’autorité, dont certains membres ont menacé de démissionner, aurait demandé à Bassil d’engager l’homme en tant que contractuel si jamais le ministère en a vraiment besoin. Or, il est apparu qu’une telle démarche nécessitait une décision du Conseil des ministres. Un député du 14 mars parle de l’existence d’une multitude d’experts aux salaires fort élevés dans ce ministère, promettant de faire des révélations à ce sujet, après la naissance du nouveau gouvernement.

Les islamistes dénigrent le Futur
Réunion au domicile du député Khaled Daher regroupant des membres de la Rencontre nationale islamique (le député Mouïn Merhebi, le cheikh Nabil Rahim, le cheikh Zakaria Masri, le chef du bureau politique de la Jamaa islamia, Azzam Ayoubi et des membres du Comité des ulémas musulmans: les cheikhs Ibrahim Beydoun, Jamil Itani et Ahmad Ammoura). Ces assises ont retenu l’attention des observateurs pour plusieurs raisons. Un: le lieu de la réunion qui avait l’habitude de se tenir au domicile du député Mohammad Kabbara. Deux: la présence d’une délégation de Ersal composée d’Ahmad el-Hojeiry, du cheikh Samih Ezzeddine, de Moustafa et Mohammad Ezzeddine et de Tarek Chandab, avocat du cheikh Omar el-Atrache. Trois: l’absence totale du Moustaqbal (les députés Samir Jisr et Mohammad Kabbara rendaient visite au commandant en chef de l’armée à Yarzé). Quant à Daher et Merhebi, ils y ont participé à titre personnel. Au chapitre du contenu, le communiqué publié à la suite de cette réunion a attaqué l’Armée libanaise qu’il a accusée d’être sous domination iranienne, et n’a pas manqué de dénigrer le silence des chefs politiques sunnites face aux agissements de l’armée, ainsi que les présidents des Commissions de la Défense, de la Justice et des Droits de l’homme dont le député Samir Jisr qui manque à ses obligations «en s’abstenant d’interroger la troupe et les organes sécuritaires».

Escalade militaire en Syrie
Les milieux diplomatiques à Beyrouth estiment que le règlement politique de la crise syrienne n’a pas encore atteint le stade de la maturité. Ils prévoient une escalade des confrontations, chacun des camps souhaitant améliorer ses positions pour avancer ses pions sur l’échiquier des négociations. Les indices vont dans le sens de la reprise de la bataille du Kalamoun et du réchauffement du front d’Alep. Mais la montée de la violence en Syrie a des incidences négatives sur le Liban devenu le théâtre d’opérations parallèles avec la multiplication des attentats terroristes comme ce fut le cas au Hermel et dans la banlieue sud. Sans oublier la tension militaire sur la frontière libano-syrienne au Nord où des villages libanais sont régulièrement pilonnés.

 

Le flou entoure la présidentielle
La visite de Farès Boueiz, à Aïn el-Tiné, signifie-t-elle que le nom de l’ex-ministre des Affaires étrangères figure désormais sur la liste des présidentiables? Un politicien chiite reconnaît que le but du déplacement de ce ministre maronite du Kesrouan, demeuré aux Affaires étrangères dans les années 90, est clair, surtout qu’il avait été parmi les rares qui s’étaient opposés à la reconduction du mandat du président Emile Lahoud. Il détenait à l’époque le portefeuille de l’Environnement et, en guise de protestation, avait remis sa démission. Mais, estime l’homme politique chiite, aucune composante de l’équation interne n’a la capacité, à ce stade, de dessiner le profil du nouveau président, d’autant que certains souhaitent redéfinir ses prérogatives constitutionnelles. Toutes ces données, ainsi que la confusion qui règne au niveau régional et international font fluctuer la bourse des candidats potentiels à la première présidence. Le président Nabih Berry a récemment multiplié les mises en garde contre les dangers de la formation d’un gouvernement qui ne respecterait pas le pacte national, et contre un excès d’optimisme quant à une amélioration rapide des relations irano-saoudiennes susceptible de sauver l’échéance présidentielle.

Solidarité inter-Ikhwan
Les Ikhwan libanais de la Jamaa islamia, et palestiniens du Hamas, aident les Ikhwan d’Egypte, selon des informations concordantes, en facilitant la fuite des capitaux de ces derniers vers les marchés arabes, européens et turcs dans le but de les blanchir ou de les investir. Cette coopération sur l’axe Le Caire-Beyrouth pourrait avoir des retombées négatives sur le Liban au double plan diplomatique et politique, comme le signalent certains rapports sécuritaires. Le flux de responsables islamistes à Beyrouth où ils sont accueillis par les Frères musulmans qui les soutiennent dans leur action politique n’est pas sans danger, surtout que la confrérie a été classée parmi les organisations terroristes par le gouvernement égyptien. L’accueil au Liban du cheikh Abdel-Khalek Hassan Chérif, prédicateur au sein de la confrérie en Egypte, représente un défi pour les autorités égyptiennes qui font la guerre à ses branches armées qui se cachent derrière diverses appellations jihadistes. Selon des rumeurs qui circulent dans les coulisses, c’est Washington qui encouragerait cette coopération. Les Américains auraient envoyé des messages dans ce sens à un pays du Golfe connu pour parrainer les Frères musulmans.

Israël parraine-t-il les takfiristes?
Le démantèlement des cellules terroristes dans la banlieue sud se poursuit, avec des soupçons sur l’appui qu’Israël accorde à certains réseaux takfiristes actifs au Liban. Selon certaines sources, il existe des rapports arabes qui confirment que les Renseignements militaires israéliens, Aman, sont réellement impliqués dans le parrainage de groupes takfiristes dans des villages du Golan et dans certains coins de Deraa en Syrie. En parallèle, des enquêtes juridiques et sécuritaires ont prouvé que l’organe israélien en question a recruté des espions et exécuté des opérations contre les forces gouvernementales dans le Sinaï égyptien en s’infiltrant dans les tribus nomades. La source relie toutes ces données aux informations récentes en provenance d’Algérie qui font état du démantèlement d’un réseau d’espionnage pour le compte d’Israël, formé de ressortissants libanais et syriens qui avaient pris les activités commerciales pour paravent. C’est ce qui s’est passé à Dahié où des éléments de Daech se sont infiltrés dans certains quartiers où ils ont essayé d’implanter des projets commerciaux leur permettant de s’y établir. La cellule de Daech, appréhendée et livrée aux organes concernés, avait choisi de s’installer dans des lieux très proches des responsables du Hezbollah, qui leur ont sans doute été indiqués par Israël. Les Renseignements de l’armée collectent des informations sur des Libanais et des Palestiniens absents de leurs domiciles depuis un certain temps, surtout parmi ceux qui appartiennent à des organisations terroristes.

Religieuses ou boucliers humains
L’opinion publique semble ignorer que parmi les religieuses enlevées en Syrie, il y a plusieurs Libanaises, croient savoir des milieux politiques. Ceux-ci ont demandé aux dignitaires musulmans de mettre en lumière la souffrance de ces sœurs retenues par les combattants du Front al-Nosra à Yabroud dans le Qalamoun syrien, qui n’hésiteront pas à les utiliser comme boucliers humains en cas d’offensive de l’armée syrienne. Le rôle que joue le général Abbas Ibrahim, directeur de la Sûreté générale, dans cette affaire relève de la responsabilité de l’Etat, mais les efforts entrepris ont besoin d’être renforcés par les cheikhs libanais qui soutiennent les combattants, surtout qu’il est apparu que le kidnappeur des religieuses porte la nationalité koweïtienne. Il semble que les ravisseurs soient entrés en contact avec le général Ibrahim et les Renseignements du Qatar déclarant leur disposition à coopérer en vue de la libération de ces otages, mais l’intervention d’un chef saoudien de Nosra a bloqué le processus. Les sœurs avaient été enlevées en décembre 2013 à Maaloula.

 

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