Magazine Le Mensuel

Nº 2854 du vendredi 20 juillet 2012

general

Le récit d’un attentat. Camille Chamoun en réchappe

L’attentat contre le président Camille Chamoun ne fut pas le premier ni, hélas, le dernier. Camille Chamoun a été la cible de plusieurs tentatives d’attentat au cours de sa vie politique. La plus célèbre est celle qui a eu lieu sous le mandat du président Charles Hélou.

Le 31 mai 1968, alors qu’il quittait le siège du PNL (Parti national libéral), rue du Liban, vers dix heures et demie, Camille Chamoun est atteint de quatre balles. Il est transporté à l’Hôtel Dieu de France. Son agresseur, Nabil Akkari, est arrêté et emmené à l’intérieur du siège du PNL. Il est épargné à la demande de Camille Chamoun. Après avoir été soumis à un interrogatoire au siège du parti, il est récupéré, dans la soirée, par la police et emmené loin d’une foule en délire.
Les quatre balles, tirées presque à bout portant ont cependant raté leur cible. Le président Chamoun s’en tire, malgré tout, avec deux balles au bras droit, une balle au bras gauche, et une quatrième au maxillaire inférieur, mais aucune d’entre elles n’est mortelle.
Camille Chamoun a mené une vie politique intense. Il présente, à 28 ans, sa candidature en tant que délégué dans la circonscription de Deir-el-Kamar et remporte son premier succès électoral. Membre fondateur du Bloc destourien, il accède en 1937 au poste de ministre des Finances dans le cabinet de Khaled Chéhab. Fervent partisan de l'indépendance du Liban, il est arrêté sur ordre des Forces mandataires, ainsi que d'autres membres du gouvernement, le 11 novembre 1943, et est emprisonné dans la forteresse de Rachaya avec Béchara el-Khoury et Riad el-Solh. Il est élu à la présidence de la République libanaise en 1952 et conduit les affaires jusqu’en 1958. Après la fin de son mandat en 1958, Chamoun fonde, la même année, le Parti national libéral (PNL).
La tentative d’assassinat dont il fut l’objet prend beaucoup d’ampleur et les réactions sont très fortes. Des barricades sont dressées un peu partout dans la capitale où s’organisent des manifestations; de même qu’à Zahlé, Damour, Naamé, Deir el-Kamar et dans d’autres régions libanaises. Des rixes font 2 tués et 11 blessés. Un couvre-feu est déclaré, mais les manifestants n’en tiennent pas compte.
Chamoun appelle ses partisans à se retirer et le calme revient progressivement. La foule n’avait pas confiance dans l’enquête. D’autres enquêtes n’avaient pas abouti et étaient tombées dans l’oubli. Les partisans de Chamoun ne voulaient pas que l’agresseur puisse bénéficier de cette négligence. Mais le président Chamoun ne l’entendant pas ainsi, demande à ses partisans d’attendre le verdict de la justice.
Le chef de l’Etat, le gouvernement et tous les leaders politiques et religieux dénoncent violemment cet attentat. Cependant, le PNL a une réaction dure envers le chef de l’Etat, Charles Hélou qu’il rend responsable de ce qui se passe, dénonce la situation intérieure qui prévaut et parle d’une tentative de ramener le pays au climat de troubles qui avait régné en 1958.
Pendant ce temps, l’enquête se poursuivait. L’agresseur était mis au secret par le juge d’instruction. Un black-out entourait l’enquête. Quinze jours plus tard, Camille Chamoun est sur pied, sans traces apparentes de l’attentat. Il revient à la Chambre et exerce son rôle normalement. La situation semble plus calme, le pays avait évité le pire.
Le procureur général, Joseph Freiha, retient la culpabilité de Nabil Akkari. Cependant, la surprise est créée par l’acte d’accusation connu le 24 janvier 1969. Le juge d’instruction, Raymond Braidi, retient aussi la complicité de deux syriens: Ali Zgheibi et Issam Kassem. Les deux hommes, qui avaient connu Nabil Akkari en prison, l’avaient aidé à mettre son projet à exécution. Zgheibi est arrêté, mais Kassem se réfugie en Syrie.
Le 31 mai 1969, Nabil Akkari est condamné à mort, mais suite à l’intervention de Zalfa, épouse du président Chamoun, et à la demande de Chamoun lui-même, il est gracié.  

 

 

Le président Camille Chamoun
Camille Nimr Chamoun est né le 3 avril 1900 à Deir-el-Kamar. Il a poursuivi ses études primaires et secondaires chez les frères Maristes de Beyrouth, mais les interrompt en raison du déclenchement de la Première Guerre mondiale et de la déportation, sur ordre des autorités ottomanes, de toute sa famille à Kir-Chéhir, en Anatolie, en 1916.
Il est de retour au Liban le 6 janvier 1919, et poursuit des études de droit à l'université Saint-Joseph de Beyrouth. Il obtient un emploi à la bibliothèque nationale libanaise qu'il réorganise avec succès, avant de s’engager dans la vie politique.

N.B : Les informations citées dans cet article sont recueillies sur Internet et dans «le mémorial du Liban: le mandat de Charles Hélou», de Joseph Chami

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