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Nº 2873 du vendredi 30 novembre 2012

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LES GENS

Salim Salhab. Entre médecine et politique, son cœur balance

Il fait partie de cette catégorie de médecins pour qui la médecine est plus un engagement humanitaire qu’une profession. Une tradition dans la famille: son père était déjà médecin. Depuis 1984, il est chef du service d’urologie de l’hôpital libanais Geïtaoui. Originaire de Baabdat, il est élu une première fois en 2005 et réélu en 2009 pour le siège de député maronite du Metn, membre du Bloc du changement et de la réforme. Portrait de Salim Salhab.


C’est dans sa clinique à Antélias qu’il nous reçoit. Un lieu qui porte bien l’empreinte de son occupant. Partout des tableaux portant des inscriptions chères à son cœur ou qui représentent quelque chose pour lui. On y trouve les fameux vers de l’imam Ali, «Sois prudent» et une citation selon laquelle «la santé n’est pas tout. Mais sans la santé tout est rien». D’emblée, il précise que cela n’est pas un décor mais il aime les afficher. C’est entre Baabdat et Antélias qu’il passe son enfance dans une famille de quatre enfants, deux garçons et deux filles. Il est le fils du médecin Emile Salhab et de Marie Faddoul, tous deux originaires de Baabdat. Il fait ses études scolaires chez les Frères maristes à Jounié avant d’entreprendre des études de médecine à l’Université Saint-Joseph et une spécialisation de six ans en urologie au Canada, à l’université de Montréal. Sa vie professionnelle est partagée entre l’aspect clinique et l’aspect académique. Dès son retour, il intègre l’hôpital libanais Geïtaoui où, depuis, il exerce la médecine. Il donne également des cours à la faculté française de médecine jusqu’en 1986, date à laquelle il est affecté à la faculté de médecine de l’Université libanaise, où il est nommé chef de service d’urologie et chef de division jusqu’à sa retraite, en novembre 2012.

Ancien Bloc national
Son engagement politique commence alors qu’il n’est encore qu’étudiant à l’USJ. «Je faisais partie de la section estudiantine du Bloc national. Mon voyage au Canada a interrompu cette activité. Je l’ai reprise en 1992 quand je fus élu président de l’assemblée du Bloc national libanais», se souvient Salhab. Avant cette période et vu les événements qui ont secoué le pays, il n’a aucune activité politique. Il occupe plusieurs fonctions au sein du BN et devient membre du comité exécutif.  En 2000, il fait partie du Rassemblement de Kornet Chehwan. En 2002, c’est la rupture avec le Bloc national, suite à la décision du amid Carlos Eddé de se retirer du front de Kornet
Chehwan. «J’ai alors présenté ma démission du Bloc national et je suis resté dans le rassemblement jusqu’en 2005, date de sa dissolution», confie-t-il. Son départ du Bloc national n’affecte pas sa relation sur le plan personnel avec Carlos Eddé. «Nous avions un litige politique mais notre relation personnelle ne s’en est pas ressentie», dit-il. Toutefois, son départ du Bloc national en même temps que Chakib Cortbaoui et Samir Abdel- Malak lui donne une liberté d’agir. Il reste dans Kornet Chehwan dont il est l’un des membres fondateurs en tant qu’indépendant.
C’est en 2005 qu’a lieu le premier contact entre le général Michel Aoun et Salim Salhab. «J’ai été sondé par un émissaire du général sur mon intention ou non de présenter ma candidature aux législatives. Une première rencontre a eu lieu au cours de laquelle nous nous sommes mis d’accord sur les principes et une seconde où nous nous sommes entendus sur les détails de la bataille électorale de 2005. Depuis, je suis membre du Bloc de la Réforme et du Changement», précise le médecin.

Candidature en 2013?
Alors que le plus grand flou pèse sur le sort du scrutin en mai-juin 2013, sa candidature n’est pas encore tranchée. Sa décision sera prise après concertations avec le général Aoun et dépendra en grande partie de la loi électorale qui sera adoptée. «En 2005 et 2009, je n’ai été soumis à aucune condition préalable pour me présenter et c’est ce qui m’a permis d’être à l’aise durant ces deux mandats», indique Salhab. Pourtant, son dilemme va au-delà de ces considérations. Il s’agit pour lui de savoir ce qu’il voudrait être réellement: médecin ou politicien? «Ceci demande un effort physique et psychique incroyable d’autant que la situation du pays n’est pas de tout repos. Puis-je continuer à assumer ces efforts? C’est la question que je me pose. Jusqu’à présent, j’ai réussi à le faire avec le moins de dégâts possibles. Je ne peux pas me reposer quand je le veux et ceci se reflète surtout sur ma famille. Entre la politique et mes malades, je n’ai plus de temps pour ma femme et mes enfants. Heureusement que ceux-ci sont grands mais c’est ma femme qui fait le sacrifice et qui accepte que je sois partagé entre mes malades et la politique, lui consacrant peu de temps», reconnaît le député. Marié à Maya Keyrouz, originaire de Bcharré, ils ont deux enfants Emile (31 ans) et Roger (25 ans). Avec une grande sincérité, Salhab se livre à une auto-analyse et se demande pourquoi il est là puisqu’il n’est pas en quête d’un titre et n’a pas besoin de celui-ci. «En 2005, dit-il, il y avait un ego que je voulais satisfaire, alors je me suis dit pourquoi pas. Je voulais savoir si les gens appréciaient ce que je faisais. J’ai été élu mais cela ne m’a pas suffi. Je me demandais si c’était en hommage à mon père que les gens ont voté pour moi. D’un autre côté, pendant des années on nous accusait de ne pas être représentatifs et que c’est la vague aveugle, le tsunami, qui nous a portés à la députation. Mon ego n’était pas satisfait et je me suis représenté en 2009 en me disant que si je suis élu cette fois, ce n’est pas grâce à la vague. En 2013, je me pose d’autres questions. Je me demande si je peux faire un deuxième travail à plein temps et je dois répondre à cette question dans six mois», confie Salim Salhab avec une franchise désarmante.

Joëlle Seif


Sa relation avec Michel Aoun
Sa relation personnelle avec le général Michel Aoun est basée sur le dialogue et le respect mutuel. «En aucune façon je me sens obligé de me soumettre à des directives que je ne discute pas avec lui. J’ai été surpris durant les réunions personnelles ou celles du bloc de découvrir un homme affable, affectueux, qui a beaucoup de respect envers l’autre. Contrairement à ce que je pensais, pour quelqu’un qui sort d’une école militaire, on peut facilement lui faire changer d’avis et le convaincre avec des arguments. C’est surprenant la différence qui existe entre la communication du général Aoun avec les médias et nos rencontres avec lui. Nos dialogues sont calmes et aucun sujet n’est tabou pour lui. Je suis très à l’aise au sein du bloc sinon je me retirerai. J’ai l’habitude de partir lorsque je ne suis pas d’accord», dit le député avec un sourire. Il parle du respect manifesté par le général Aoun pour ses idées, même si celles-ci sont différentes des siennes. Il le décrit comme étant, en privé, un homme charmant, affable, poli frôlant même la timidité. «J’apprécie les réunions hebdomadaires que nous tenons avec lui. Il tient absolument à ce qu’elles aient lieu quelles que soient les circonstances», confie Salhab.

Ce qu’il en pense
-Les Lo
isirs: «Je ne les déclare pas pour pouvoir continuer à les exercer. Ce serait indiquer aux gens où je suis. J’aime pouvoir me retirer dans mon village, rentrer chez moi, fermer la porte derrière moi et me retrouver seul à l’intérieur et faire du jardinage. Le jardinage est une grande passion pour moi. Je consacre aussi une à deux heures de lecture par jour, entre 5h30 du matin et 6h30. Celles-ci sont essentiellement médicales et politiques. Deux à trois fois par semaine, je fais une marche d’une heure trente minutes. Je fais également deux à trois voyages par an».
-La technologie: «Faute de temps, j’ai dû renoncer à tout ce qui est social Networking (Facebook et Twitter) bien que ce soient des moyens de communication très importants».
-Sa devise: «S’il est dans ta nature de donner, fais-le sans t’attendre à aucune compensation. Si tu reçois quelque chose en retour, c’est tant mieux et dans le cas contraire, si tu ne reçois rien en retour, c’est tout à fait normal. C’est quelque chose que j’ai appris de mon père».

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