Magazine Le Mensuel

Nº 2926 du vendredi 6 décembre 2013

Affaire Déclassée

Assassinats et attentats manqués. Les Gemayel, de père en fils

Le 21 novembre 2006, Pierre Amine Gemayel junior est tué à bout portant alors qu’il se trouvait au volant de sa voiture dans la région de Jdeidé. Cible de plusieurs attentats manqués, la famille Gemayel a payé le tribut de son combat avec l’assassinat du président élu, cheikh Bachir Gemayel.
 

Le 13 mai 1978, l’ancien président de la République, cheikh Amine Gemayel, élu député du Metn en 1970, au siège laissé par le décès de son oncle Maurice, est la cible d’une tentative d’assassinat.
Ce jour-là, le député se rend à Zalka pour participer à une cérémonie à la mémoire des martyrs Kataëb. Il quitte sa résidence de Bickfaya au volant de sa voiture, en compagnie de son garde du corps accompagné de ses deux enfants. Arrivés au niveau de Mtayleb, une charge explosive de 20 kg de TNT explose. Amine Gemayel est blessé au visage, son garde du corps l’est aussi. Les deux enfants s’en sortent indemnes.
L’enquête a démontré que la charge explosive était déposée dans un tronc d’arbre et raccordée à un obus de 120 mm. Elle est activée par  une commande à distance au passage de la voiture du député. On n’a jamais su qui en avaient été les auteurs. En février 1975 et en 1984, Amine Gemayel échappe à deux autres tentatives d’assassinat. La dernière est déjouée, quelques minutes avant le décollage de l’avion présidentiel qui devait l’emmener en visite officielle au Yémen.
Après le deuxième attentat manqué contre son fils, Pierre Gemayel père, est la cible d’une tentative d’assassinat à la voiture piégée le 
4 juin 1979. Il se rendait dans sa voiture, une Buick qu’il conduisait lui-même à une réunion avec le président Camille Chamoun. Une réunion préparée et annoncée à l’avance.
Arrivée à Nahr el-Kalb, environ à 150 m du barrage de l’armée installé dans la région, la voiture de Pierre Gemayel est secouée par une forte explosion. Elle fait trois tours sur elle-même et change de direction. Les trois gardes du corps qui l’accompagnent se précipitent en dehors de la voiture et sortent Pierre Gemayel lui sauvant ainsi la vie. Quelques secondes à peine plus tard, la voiture prenait feu. Le réservoir d’essence ayant explosé.  
Selon l’enquête, un véhicule garé en bordure de la route un peu plus loin du barrage de l’armée dans la région a explosé au passage de la Buick. La détonation est entendue à des kilomètres à la ronde. La charge explosive, dotée d’un détonateur électronique télécommandé, est estimée à quelque 30 kg de TNT. La voiture est projetée en pièces détachées dans un rayon de près de 200 m.
Un homme au volant qui se trouvait juste derrière la Buick est tué sur le coup. Les occupants de plusieurs voitures aux alentours sont blessés.
Pierre Gemayel est blessé à la joue et à la tête. Il est transporté avec ses trois gardes du corps à l’hôpital. Ses blessures sont légères et il quitte l’hôpital en soirée. La justice militaire est saisie de l’affaire.
La tension est grande dans le pays après la guerre des 100 jours de Beyrouth, notamment d’Achrafié, où s’opposait le front libanais aux forces syriennes. Le 11 octobre 1978, cheikh Pierre Gemayel avait dénoncé la présence militaire syrienne.
Cet acte criminel suscite l’indignation générale. Mais le Liban, meurtri par la guerre des cent jours vit dans une forte tension. Pierre Gemayel s’est empressé d’appeler ses partisans au calme, et a demandé aux Kataëb de veiller à ce que l’affaire n’ait pas de conséquences.
Entre père et fils, les Gemayel ont été plusieurs fois la cible d’attentats, mais surtout de menaces et d’assassinats.

Arlette Kassas

Les informations publiées dans cet article sont tirées d’Internet et du Mémorial du Liban: le mandat Elias Sarkis, de Joseph Chami.
 

Amine Gemayel
Amine Gemayel est né en 1942 à Bickfaya, dans le caza du Metn. Il adhère au parti Kataëb en 1960 et est élu député du Metn-Nord en 
décembre 1970. Il sera réélu en 1972 et 
conservera son poste de député jusqu’à son 
élection à la présidence de la République , le 21 septembre 1982, à l’unanimité de 77 des 80 députés présents au Parlement. A la fin de son mandat, il quitte le pays pour Paris, accompagné de sa famille, en raison des menaces qui lui sont adressées et des pressions exercées sur lui de toutes parts. Il revient au Liban en 2000.

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