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Nº 2928 du vendredi 20 décembre 2013

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Samir el-Jisr, député de Tripoli. «Non à la prorogation»

Samir el-Jisr est inquiet de la situation, mais il n’est pas désespéré. Les manifestations extrémistes ne sont pas ancrées dans l’histoire de la région, dit le député de Tripoli, qui exprime, par ailleurs, son soutien à l’Armée libanaise.   
 

Comment interprétez-vous l’attaque suicide contre les deux barrages de l’armée à Saïda par des partisans d’Ahmad el-Assir?
Les seuls moyens dont nous disposons sont l’usage des mots pour réveiller les gens. Nous n’avons ni une force militaire, ni de dissuasion. Nous condamnons toute agression contre qui que ce soit surtout lorsque celle-ci vise les soldats libanais ou n’importe quelles autres forces armées légales.

Le Hezbollah vous accuse d’encourager ce genre d’actions. Que répondez-vous?
C’est de la diffamation. Il est regrettable qu’ils tiennent de tels propos. Notre attachement à l’institution militaire est connu, nous n’avons pas de milice et nous considérons que seules les forces armées peuvent nous protéger en tant que citoyens et militants politiques. Si nous avons énoncé quelques remarques concernant des lacunes, c’est pour rectifier les choses, ce n’est pas pour accabler. Le mutisme face aux erreurs peut-être négatif en fin de compte.

Etes-vous rassuré sur le fait que le scénario de Abra ne se reproduira pas à Tripoli?
Inchallah. Grâce à la lucidité des habitants et à la bonne conduite des forces armées.

L’enquête a-t-elle réussi à démasquer le responsable de l’incendie du sapin de Noël à Tripoli?
Lorsque l’incident a eu lieu, le communiqué n’a pas évoqué un incendie mais une masse électrique. La cérémonie prévue a eu lieu dans un espace voisin. Tripoli a toujours été, au cours de l’Histoire, une ville ouverte où toutes les composantes du tissu social vivent en excellente entente. Je pense que s’il y a eu agression − et le communiqué n’a pas cité cette éventualité − elle vient de l’extérieur ou d’individus égarés qui ne représentent ni la ville, ni ses habitants, ni son histoire. Je considère, pour ma part, qu’une affaire de ce genre ne s’arrête pas à la destruction d’un sapin, mais elle constitue une agression contre la dignité de la ville.

Une chaîne télévisée a parlé d’attaques terroristes sur les régions chrétiennes durant la période des fêtes. Le quotidien al-Liwa’ a même avancé que l’attaque contre l’armée au pont Awali visait à assurer la traversée de voitures piégées…
Ce qui se passe dans la région est un effroyable incendie. Je compare les composantes libanaises à des appartements dans un même immeuble. Si le feu venait à toucher un étage précis, tous les autres étages seront atteints en fonction de leur proximité de l’épicentre de l’incendie. Que dire lorsque le feu se propage dans l’ensemble de l’immeuble? Les développements à Maaloula, et ailleurs, sont bien sûr condamnables et peuvent influencer naturellement les gens ici. Mais ce sont des phénomènes passagers qui ne sont pas ancrés dans l’histoire de la région. Il faut y remédier, mais cela ne devrait pas nous mener à modifier la démographie dans la région et à semer la peur et la panique. En temps de guerre, les phénomènes pervers et immoraux ne sont qu’épisodiques. Cela ne doit pas nous amener à oublier les périodes normales de profonde convivialité.

Est-ce vrai, comme le dit le quotidien al-Akhbar, que le Futur œuvre à proroger le mandat de Sleiman?
Sur le plan du principe, nous sommes opposés à toute prorogation de mandat. Je ne comprends pas pourquoi, ils continuent à en parler alors que le président publie tous les jours un communiqué à ce sujet, il a déclaré à plus d’une reprise qu’il n’acceptera pas d’être reconduit à son poste. Il a même récemment affirmé qu’il présentera une demande en invalidation si jamais une loi était votée dans ce sens. Que veulent-ils de plus?

A la veille de l’échéance présidentielle, des voix 
réclament un président fort. Quelles sont vos 
préférences en la matière?
Nous aussi nous souhaitons l’arrivée au pouvoir d’un président fort. Un président faible est inutile, il ne sert ni sa personne, ni les autres. La coopération avec une forte personnalité est préférable. Mais le fort doit se situer à égale distance de tous.

Le chef de l’Assemblée nationale a déclaré qu’un gouvernement qui n’a pas obtenu la confiance du Parlement est anticonstitutionnel et, par conséquent, ne peut pas assumer les prérogatives présidentielles en cas de vacance du pouvoir…
Avec tout le respect que nous lui vouons, de tels propos n’ont jamais été prononcés par le passé. Depuis que l’Etat libanais existe, les ministres prennent en charge leur portefeuille dès la publication du décret sur la formation du gouvernement. Est-ce à dire que cela n’est pas conforme aux textes constitutionnels? Pourquoi ne pas l’avoir dénoncé durant toutes ces années?

Propos recueillis par Saad Elias

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