Les célébrations de la Saint-Maron, dimanche dernier, ont été marquées par l’abondance de déclarations sur la crise gouvernementale. Jusque dans les homélies…
C’est à une Saint-Maron très ensoleillée, certes, mais surtout très politisée qu’ont eu droit les Libanais, dimanche dernier. La crise gouvernementale qui sévit depuis plusieurs mois, en apogée ces dernières semaines, a littéralement envahi les églises qui célébraient leur saint patron.
C’est en l’église Saint-Maron de Gemmayzé, comme le veut la tradition, que se sont rendus le président de la République, Michel Sleiman, le Premier ministre désigné, Tammam Salam, ainsi que le ministre démissionnaire de l’Intérieur, Marwan Charbel ou encore le président du parti Kataëb, Amine Gemayel. Etaient aussi présents, entre autres, Mgr Youssef Béchara, qui représentait le cardinal Béchara Raï, ainsi que le nonce apostolique, Mgr Gabriele Caccia. Tous ces responsables ont assisté à la messe, présidée pour l’occasion par l’archevêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar qui devait prononcer l’homélie.
Une homélie centrée sur le Liban et la période douloureuse qu’il traverse. En premier lieu, l’archevêque de Beyrouth a demandé à saint Maron, d’intercéder «pour que s’arrête la vague de violences et d’explosions meurtrières qui sévit dans notre pays». Plus tard, il a souligné que «le salut du Liban commence d’abord par le maintien de sa structure nationale et de l’essence fondamentale de son existence».
Mgr Matar a également rendu hommage au président Sleiman, en saluant la déclaration de Baabda, qui permet de «sauvegarder la coexistence dans nos rangs». Dans son homélie, l’archevêque a également appelé à «la reprise du fonctionnement des institutions», soulignant que «ce qui se passe aujourd’hui est un phénomène de tiraillement qui conduit à bloquer l’action du Parlement et la formation du gouvernement tant attendu». «Quel intérêt avons-nous à atteindre le vide total?», s’est-il interrogé, avant d’appeler à «déclarer l’état d’urgence national (…) afin d’assurer les intérêts supérieurs du Liban». «Allons-nous éteindre ensemble l’incendie ou resterons-nous passifs à regarder brûler le pays et à le voir se réduire en cendres?», a-t-il conclu, en espérant que saint Maron, puisque c’était tout de même sa fête, exauce sa demande. Cette homélie a donc fait écho aux déclarations de Michel Sleiman, peu avant le début de la messe. Il a indiqué qu’il estimait «honteux que nous ne tenions pas à la formation d’un gouvernement, alors que tous les pays du monde y tiennent». D’autant que «les conditions internes sont désormais favorables à la formation d’un cabinet, sur la base de la déclaration de Baabda et de la charte de Bkerké».
Jenny Saleh
Aoun à Bkerké
Si le sommet de l’Etat était à Gemmayzé, le chef du Courant patriotique libre (CPL), le général Michel Aoun, a choisi de se rendre à la messe célébrée pour la Saint-Maron par le patriarche Béchara Raï à Bkerké. Celui-ci a réitéré sa demande du «respect des principes du pacte national, des lois et des constantes nationales», comme mentionné dans la charte de Bkerké. Mgr Raï a aussi appelé à l’union nationale et à la fin des dissensions afin de pouvoir former un gouvernement qui préparerait la présidentielle». Il a regretté que les responsables aient perdu la confiance de la population. Au préalable, Michel Aoun avait annoncé, en marge d’une rencontre avec le patriarche maronite, que le CPL soutenait à «100% la charte de Bkerké».