Magazine Le Mensuel

Nº 2977 du vendredi 28 novembre 2014

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Sabah s’est tue… mais sa voix continuera à résonner

«L’artiste qui veut se maintenir au sommet ne se repose jamais». Aujourd’hui, Sabah se repose. Mais elle restera toujours au sommet. Adulée pour son exceptionnelle et puissante voix, la «Chahroura» s’est éteinte chez elle dans la nuit du 25 novembre à l’âge de 87 ans.
 

Cette fois, plus question de rumeurs comme il avait été le cas en février 2014. Sabah nous a bel et bien quittés à la suite d’un malaise survenu à son domicile. Née en 1927 à Wadi Chahrour au Liban, détentrice des nationalités jordanienne, égyptienne et américaine, Sabah, de son véritable nom Jeannette Gergi Féghali, chante dès son plus jeune âge. Sa carrière de chanteuse débute en 1940. Son succès national et sa voix expressive et chaude retiennent l’attention d’Assia Dagher, réalisatrice d’origine libanaise, travaillant au Caire. C’est alors que débute une carrière d’actrice pour la diva libanaise en Egypte. Un accord avec César Younès (agent d’Assia Dagher) a été conclu avec Sabah, accord selon lequel cette dernière acceptera de jouer dans trois films consécutifs.

Accompagnée de ses parents, elle se rend alors en Egypte et c’est le compositeur Riad Sunbati qui l’entraîne aux chansons que la Chahroura sera amenée à interpréter dans les trois films. C’est, pour elle, le début d’une carrière fulgurante, aussi bien en musique qu’au cinéma. Une anecdote veut que Sunbati ait rencontré des difficultés à adapter la voix de Sabah au style musical voulu, celle-ci étant à l’origine habituée aux chansons à caractère folklorique et traditionnel. C’est ainsi qu’au fil des années, plus de 98 films sont joués par la star libanaise aux côtés de grands acteurs égyptiens tels Salah Zou Lfikar, Abdel-Halim Hafez, Farid Chaouki, Rouchdi Abaza… Le monde lui doit également trois mille chansons et une cinquantaine d’albums.

Deuxième artiste arabe à avoir chanté après Oum Kalthoum dans les années soixante et soixante-dix à l’Olympia de Paris avec le groupe de Roméo Lahoud, Sabah est présente sur scène dans plusieurs théâtres mondialement reconnus tels que l’Opéra de Sydney, le Palais des arts en Belgique, l’Albert Hall à Londres, Las Vegas et beaucoup d’autres. Ayant également participé à de nombreux festivals libanais à l’instar de ceux de Baalbeck, Byblos, Beiteddine, et autres, Sabah a joué aussi dans 27 pièces de théâtre. Sa présence dans un grand nombre de films populaires et de séries télévisées des années 70 et 80 contribuera à asseoir sa célébrité. Rançon du succès, elle est régulièrement la cible de la presse à scandales, mais aucun n’arrivera jamais à ébranler sa popularité auprès du public qui a l’habitude, depuis Leila Mourad, Oum Kalthoum ou Warda el-Jazairia, de tout pardonner à ses grandes divas. Célèbre dans le monde arabe pour avoir présenté des concerts et participé à des émissions à la télévision, sa capacité de fixer une note pendant plus d’une minute continuera à surprendre le monde.

Natasha Metni

 

Une vie sentimentale mouvementée
La vie sentimentale agitée de Sabah a beaucoup fait parler d’elle, la chanteuse ayant été mariée à plusieurs reprises. Elle s’est unie à plusieurs hommes, issus principalement du monde de l’art. Mariée huit fois, ses anciens époux sont les suivants: Najib Chammas (1946-1951) avec qui elle a eu un enfant (médecin aux Etats-Unis), Anouar Mansy avec lequel elle a passé quatre ans de mariage et dont elle eu sa fille Houwayda, le compositeur Baligh Hamdi, l’animateur égyptien Ahmad Farragh, l’acteur égyptien Rushdi Abaza avec qui elle est restée trois jours mais, comme elle l’affirme, ils sont restés mariés cinq mois. Ayant divorcé, elle se lie à Joe Hammoud et avoue son amour pour lui. Sabah a épousé également l’acteur libanais Wassim Tabbara. Fadi Kuntar, surnommé Fadi Lubnan, avec lequel elle réalise un film en 1990 intitulé Sabouha la vie, sera son dernier époux.
Sabah déclare que tous ses anciens maris ne l’ont épousée que pour sa célébrité et sa carrière artistique, quand elle était au sommet de sa gloire. Par la suite, Sabah tombe amoureuse du beau-frère du roi Farouk, Ali, mais elle ne l’a pas épousé. Sabah a été surnommée par ses ex-maris Madame la banque en raison de ses grandes dépenses.

 

 

 

 

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