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Nº 2986 du vendredi 30 janvier 2015

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Culture

Littérature. Le prix Phénix 2014 attribué à May Chidiac

Au siège de Bank Audi, le prix Phénix 2014 a été remis le 21 janvier, en présence de très nombreuses personnalités du monde politique, culturel et social, à la journaliste May Chidiac pour son essai La télévision mise à nu.
 

Dans son allocution, Raymond Audi, P.-D.G. de la banque, a rendu hommage à la célèbre journaliste et à la qualité de son essai qui trace l’histoire de la télévision. Cet essai, parti au départ d’une thèse de doctorat que May Chidiac a soutenue en 2008 à l’Université Panthéon-Assas Paris II, et devenu un document de référence en la matière. «Nous connaissions May, journaliste de renom, militante qui a payé très cher son attachement à la liberté d’expression, et battante ayant surmonté la souffrance pour poursuivre son combat avec courage et ténacité. Nous la découvrons aujourd’hui essayiste grâce à ce livre édifiant qui nous raconte la grande et la petite histoire de la télévision libanaise, de sa naissance à nos jours, et qui nous en fait visiter les coulisses». «La clairvoyance de May Chidiac, ajoute Raymond Audi, sa parfaite maîtrise d’un sujet qu’elle connaît de l’intérieur pour avoir longtemps travaillé au sein de la LBC dont elle est l’une des icônes, de même que la précision de son style, son sens de la formule, le ton sarcastique ou humoristique qu’elle emploie parfois pour dénoncer telle ou telle dérive… font que cet ouvrage se lit avec beaucoup de plaisir. Il constitue désormais une référence incontournable aussi bien pour les chercheurs et les universitaires que pour tout citoyen désireux d’en savoir plus sur le fonctionnement des institutions et sur l’interaction entre ce qu’on appelle «le 4e pouvoir» et les trois pouvoirs traditionnels qui incarnent l’Etat».
Alexandre Najjar revient sur l’attentat qui, il y a quelques jours, a coûté la vie à douze journalistes de Charlie Hebdo. «Cet attentat, dit l’écrivain, nous rappelle que le Liban a été à l’avant-garde de la lutte pour la liberté d’expression fondamentale pour l’attachement de laquelle ces journalistes ont payé très cher puisque depuis l’indépendance, plus de trente journalistes et photographes de presse libanais ont été assassinés ou grièvement blessés».
Najjar souligne que le jury a été «sensible au travail colossal que May a entrepris, à sa parfaite connaissance des rouages de la télévision libanaise, connaissance qu’elle continue à transmettre à travers l’excellente fondation qui porte aujourd’hui son nom».
Marwan Hamadé, quant à lui, improvise une émouvante allocution insistant sur le fait que «May a reçu le prix Phénix, mais c’est elle le véritable phénix qui a su renaître de ses cendres, ajoutant que l’épreuve, loin de briser May Chidiac, l’a grandie encore davantage…».
Très émue, May Chidiac donne à son intervention une note humoristique en rappelant que le 21 janvier était le jour des câlins. Elle incite toutes les personnes présentes à en échanger. «J’ai reçu beaucoup de prix dans ma vie, dit-elle, surtout après l’attentat dont j’ai été victime, mais celui-ci revêt pour moi une importance particulière. Il s’agit d’un défi relevé contre le destin. Il ne m’était pas facile de consacrer autant de temps à cet ouvrage, malgré toutes les occupations et les souffrances physiques». Elle a ensuite dénoncé ceux qui répondent aux mots par la mort et ceux qui ont recours à l’injure quand l’opinion de l’autre les indispose, faisant allusion aux violentes campagnes qui l’ont récemment visée. La lauréate a enfin reçu des mains de Raymond Audi le montant du prix et une médaille frappée de la Monnaie de Paris, avant de dédicacer son livre qui devrait bientôt sortir dans sa version arabe.

Danièle Gerges

La création du prix Phénix
Créé à l’occasion du salon Livres du Sud, tenu à Villeneuve-sur-Lot en avril 1996, patronné dès ses débuts par Bank Audi, le prix Phénix de littérature est attribué, chaque année, à une œuvre littéraire écrite en français par un Libanais, ou par un écrivain francophone traitant d’un sujet libanais. Décerné dans le cadre du Salon du livre de Beyrouth par un jury prestigieux présidé par Amin Maalouf et composé de Nicole Avril, Mouna Béchara, Daniel Rondeau, Paule Constant, Lucien George, Vénus Khoury-Ghata, Jean Lacouture, Yann Queffélec, Josyane Savigneau, Jabbour Douaihy et Salah Stétié, il a déjà récompensé une pléiade d’écrivains francophones de tout premier plan.    

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