Pour sa 22e pièce de théâtre, Nadine Mokdessi présente Le Prénom sur les planches du théâtre Monnot, du 19 mai au 6 juin, au profit de l’Irap, Lebanese Down Syndrome, des Restos du cœur et de Brave Heart.
Le Prénom est une pièce de théâtre française écrite par Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière. Vincent, quadragénaire bien dans ses baskets et marié à Anna, va être papa pour la première fois. «Enceinte de cinq mois, Anna est une femme élégante et forte de caractère. Elle a commencé à boire pendant sa grossesse, parce qu’elle est stressée, même si cela risque d’affecter négativement l’enfant. Elle n’a pas peur d’exprimer ses opinions et de mettre des limites à son mari quand il le faut. Elle ne le ménage pas», explique Joëlle Yaacoub campant le rôle, et ce n’est pas son premier. «J’aime tous les rôles que j’ai interprétés, à commencer par celui de la patiente dans Théâtres multiples. Toutefois, les deux rôles que j’aime le plus sont Consuela, la femme espagnole dans Treize à table, et Nicole, dans Les belles sœurs. Ces deux femmes ne se ressemblent guère», raconte-t-elle.
Rancœurs et jalousies
Invité à dîner chez Elisabeth et Pierre, sa sœur et son beau-frère, Vincent y retrouve Claude, un ami d’enfance. En attendant Anna, sa jeune femme toujours en retard, on lui pose une foule de questions sur sa future paternité dans la bonne humeur générale. Mais lorsqu’on lui demande s’il a déjà choisi un prénom pour le futur bébé, sa réponse laisse tout le monde de marbre et puis c’est le chaos. Dans cet univers de bobo parisien, l’espace d’une soirée, les masques tombent et ces amis d’enfance se déchirent. Pendant ce sordide règlement de comptes, les rancœurs, les jalousies et les frustrations accumulées explosent, les insultes fusent… charmante soirée! A ne rater sous aucun prétexte puisque rire et bonne humeur seront au rendez-vous. Et n’oubliez surtout pas que vous rirez pour la bonne cause. Avec ses pièces de théâtre, Nadine Mokdessi et sa troupe ont déjà donné 1639498 dollars à différentes associations.
Christiane Tager Deslandes
Alain Hochar: «J’ai évolué en même temps que les pièces et le public»
Treize rôles, treize pièces. Alain Hochar au talent d’acteur plus que certain donne également de son temps et de son énergie. Il campe le rôle de Vincent Larchet avec brio. On s’y croirait vraiment! Interview express.
Quels sont vos rôles préférés dans votre parcours avec Nadine Mokdessi?
Plus le rôle s’éloigne de ma véritable personnalité, plus il me plaît. Plus il requiert un travail de composition, plus il est attachant. Paradoxalement, deux rôles aux antipodes l’un de l’autre sortent du lot: celui de l’ange dans On ne refait pas l’avenir et celui du salaud dans Un beau salaud. Le premier est sage et raisonnable, une sorte de justicier qui s’immisce dans le quotidien de son protégé pour le rendre meilleur. Il m’a procuré une certaine sérénité qui nous fait défaut dans la vie frénétique que nous menons. Le deuxième représente un summum d’égoïsme et de lâcheté. Certains soirs, je savourais un soupçon de complicité avec des personnes dans le public qui, visiblement, s’identifiaient au personnage. Ce sont ces ambiguïtés qui rendent un rôle mémorable.
Parlez-nous de votre évolution à travers tous ces rôles.
Depuis le premier rôle jusqu’à ce jour, j’ai le sentiment d’avoir évolué en même temps que les pièces, mais aussi en même temps que le public. Nous sommes passés d’un théâtre de boulevard à l’humour loufoque à des pièces à texte, subtiles et drôles. Ce ne sont plus les portes qui claquent mais les répliques. J’ai appris donc à ne pas compter sur le comique de situation, mais plutôt sur la justesse du jeu. Le public a heureusement suivi, apprécié et encouragé cette évolution.
Qu’aimez-vous dans votre rôle dans Le Prénom?
Son côté farceur et provocateur, cette arrogance qu’il assume jusqu’au bout. Comme lui, je trouve qu’on peut rire de tout et qu’il n’y a pas plus ennuyeux que le consensus; qu’il n’y a pas plus stimulant pour l’esprit que les sujets qui fâchent ou qui provoquent des vagues. Vincent Larchet va transformer une soirée familiale, a priori banale, en un déballage de vérités et de secrets dont le groupe ne sortira pas tout à fait indemne. Je pense que chaque bande de copains et chaque famille ont besoin d’un Vincent Larchet pour secouer les non-dits et crever enfin des abcès socialement tabous.
Propos recueillis par Christiane Tager Deslandes