Magazine Le Mensuel

Nº 3054 du vendredi 20 mai 2016

Festival

Histoire de Beyrouth. Du big-bang à la reconstruction, l’espoir

C’est par Histoire de Beyrouth, qu’a été inaugurée, le 17 mai, la première édition des Festivals culturels de Beyrouth, qui se poursuit jusqu’au 22 du mois. Une expérience sensorielle de mapping 3D, de musique et de chant.

Grande foule mardi soir, 17 mai, du côté du front de mer (Waterfront) de Beyrouth. Le village des Festivals culturels de Beyrouth bouillonne de vie et d’activités. Des stands de nourriture et de boissons, des citoyens en plein air de ville et, parmi eux, il y a ceux qui se dirigent du côté droit du village. L’objectif, prendre part à une nouvelle expérience au Liban. Une projection en 3D mapping qui relate l’histoire de Beyrouth.
Installé sous le dôme, le public plonge au sein de l’univers, comètes et étoiles, la Terre fut. Et «les étoiles se sont rassemblées pour créer la place de l’Etoile». Au centre de la scène, reconstitution réelle presque à l’identique, le bâtiment à horloge qui trône au cœur du cœur de la ville et qui, dans cette projection, servira comme conteur et comme compteur du temps qui s’écoule sur Beyrouth.
A travers 12 tableaux, de l’époque des Phéniciens au mandat français où battait le drapeau libanais du mandat, vous savez celui qui a fait le tour de la Toile après les attentats du 22 novembre, l’indépendance du Liban, et sa période de gloire. Projetées sur les parois du dôme à 360 degrés, des images pleines de couleurs de celle qu’on appelait alors «la Suisse du Moyen-Orient», le Roxy côtoie Marrouche, RC, Ghandour, Palm Beach… Des images projetées fixes et qui s’animent de petits détails vivants de couleurs et de formes.
Histoire de Beyrouth n’est pas une simple projection. Dirigé et conçu par Daniel Georr, c’est tout un spectacle d’images, de musique combinée et composée par Guy Manoukian et interprétée «live» par plus de 70 musiciens de l’Orchestre philharmonique du Liban, ainsi que des chansons interprétées par Aziza Beyrouth et Daline Jabbour notamment et des séquences jouées et dansées en direct, pour accompagner le tableau et la voix de Joseph Bou Nassar qui conte l’histoire de Beyrouth, d’après un texte écrit par Georges Khabbaz.
«Parce qu’on l’a tellement glorifiée, Beyrouth est victime d’un mauvais œil et ne sait plus de quel côté les bombes lui tombent dessus». C’est donc comme une malchance que la guerre envahit le pays! Et, grand bémol, juste après la chanson Can’t take my eyes off you, comme si pour évoquer notre guerre, il fallait tout un temps de préparation, des suggestions et des ellipses, comme une parenthèse qu’on voudrait oublier. Mais la guerre fut, non seulement en images, mais en hommes armés qui déboulent sur scène en tanks et en feu.
Durant plus d’une heure, les spectateurs vibrent au rythme de Beyrouth, tout près de son pouls, de l’espoir d’une reconstruction, de cet extrait de Wadih el-Safi, Libnan, ya ot3it sama, samplé au cœur d’une mégalopole futuriste. L’espoir d’une nouvelle génération qui bat au rythme de la place de l’Etoile, dans l’espoir que le cœur de la ville vive à nouveau, réellement, de par ses habitants.

Nayla Rached

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