Magazine Le Mensuel

Nº 3096 du vendredi 7 decembre 2018

Point final

Quel monde voulons-nous pour demain?

En France, la révision de la loi bioéthique permettra, dès son approbation au Parlement prévue en 2019, aux couples de femmes homosexuelles et aux femmes célibataires de recourir à la procréation médicalement assistée (PMA) pour avoir un enfant. Comme si l’enfant devient un droit!
Spinoza dit «ne pas se moquer, ne pas se lamenter, ne pas détester, mais comprendre». Le désir d’enfants est une aspiration très forte qui peut générer une réelle souffrance chez ceux ou celles qui ne peuvent procréer. Les techniques actuelles permettent de répondre aux désirs des adultes. Mais tout ce qui est scientifiquement possible n’est forcément pas humainement souhaitable. Toute personne ou tout mouvement venant alors poser des règles, des limites ou des normes encadrant la possibilité d’avoir un enfant apparaît comme un empêcheur ou un méchant.
La Déclaration universelle des droits de l’homme s’arrête sur le droit de se marier et de fonder une famille comme droit fondamental et que le mariage est «le fait d’un homme et d'une femme nubiles sans aucune restriction quant à la race, la nationalité ou la religion». Ceci est repris dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et dans la Convention européenne des droits de l’homme. Comment donc concevoir une procréation sans père? Et la filiation de l’enfant conçu? N’a-t-il plus le droit de connaître ses géniteurs comme le proclame la Déclaration universelle de droit de l’enfance? La loi française permet à une personne seule, homme ou femme d’adopter un enfant pour trouver des solutions à certains cas de familles recomposées ou éclatées et aux enfants orphelins tout en respectant jusqu’à maintenant le principe de la filiation. Pourquoi changer et au nom de quel droit?
Les promoteurs de la PMA pour les couples de femmes insistent beaucoup sur la notion de l’égalité des droits pour faciliter l’accès à cette technique. Or, l’égalité des droits s’accompagne selon l’Onu par l’égalité des sexes. Si les femmes peuvent accéder à la maternité en se passant du père, les couples d’hommes homosexuels ou les hommes célibataires réclameront leur droit à la paternité en se passant de mère. Cela conduit par conséquence à la Grossesse Pour Autrui (GPA) et donc à la marchandisation des utérus des femmes surtout dans les pays pauvres et en difficulté économique. D’où l’atteinte à la dignité des femmes porteuses et à l’enfant à naître que l’Onu défend de toute force dans toutes ces déclarations.
Récemment, Sens Commun*, mouvement politique de la droite française, via sa section du Liban, a organisé une conférence-débat à ce sujet pour expliquer le danger éthique et moral d’une telle loi et ses possibles conséquences sur la société libanaise qui est pourtant encore protégée par des lois et des valeurs qui vont à l’encontre de l’évolution occidentale.
Légiférer sur la PMA obligera à faire des choix en termes de priorité des droits: droit des femmes, des hommes et des enfants. Dans cette hiérarchisation sans objectivité, nous faisons le choix de protéger le droit des enfants et des familles.
Dans un monde sans limites, dans un monde de droit, où la science va à la vitesse de la lumière, si le désir, qui est l’essence de l’homme comme le dit Spinoza, ne se heurte pas à des réticences morales, il conduira l’humanité à signer sa propre extinction.

*Sens Commun est un mouvement politique né en octobre 2013 et rejoint Les Républicains. Il est implanté au Liban depuis 2016.

Dr Paul Barakat
Docteur en chirurgie gynécologique et en obstétrique. Responsable Sens Commun-Liban.

 

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