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Nº 3004 du vendredi 5 juin 2015

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Saydet el-Jabal rejette l’alliance des minorités. Pour une vision commune entre chrétiens et musulmans

La Rencontre de Saydet el-Jabal a tenu son 11e congrès, placé sous le titre Le rôle des chrétiens, comment affronter les échéances internes et les développements régionaux. Près d’une centaine de personnalités politiques, religieuses, médiatiques et sociales ont participé à ce séminaire, qui s’est déroulé au couvent éponyme. Un événement parrainé par le patriarche maronite Béchara Raï, représenté par l’évêque Youssef Béchara.

Comment arriver à une vision nationale commune concernant les développements régionaux? Quelles sont les répercussions de ces développements sur le Liban et comment les gérer sur le plan interne? Quelle approche faut-il avoir à l’égard de l’échéance présidentielle d’autant plus que cela fait un an que le pays est sans président?
 

Violences sans précédent
Tels sont les principaux thèmes discutés lors de la Rencontre de Saydet el-Jabal, qui s’est tenue à Fatqa en présence du représentant du patriarche maronite Béchara Raï, l’évêque Youssef Béchara. Prenant la parole, l’ancien député Farès Souhaid, fondateur de la Rencontre de Saydet el-Jabal, a précisé que les choses doivent être prises sous un angle national et non communautaire, sinon le pays risque de s’enliser dans des crises sans fin. «Il n’y a pas de remèdes aux peurs des chrétiens ni de fin à l’hégémonie qu’exerce le Hezbollah sur les chiites, ni de solution au piège que représente la montée de l’extrémisme sunnite sans une vision nationale commune susceptible de protéger toutes les communautés», affirme le secrétaire général du 14 mars. Revenant sur la question de l’élection d’un président de la République, Souhaid a insisté sur le fait que cette approche doit être nationale et non spécifique aux chrétiens, «parce que la magistrature suprême concerne tous les Libanais et non seulement les citoyens appartenant à la communauté chrétienne». Il a insisté au passage sur le fait que si le Liban est à ce jour toujours homogène, c’est parce que l’Etat est malgré tout fonctionnel et que la présence chrétienne constitue un rempart contre un conflit sunnite-chiite.
Pour sa part, l’ancien député Samir Frangié a demandé «quelle action commune devraient mener les chrétiens et les musulmans pour protéger le Liban qui risque de s’effondrer?». Dressant un portrait sombre mais réaliste des développements au Moyen-Orient, il avance que le Mashreq arabe n’a jamais connu dans son histoire récente de phases aussi violentes que celles par lesquelles il passe actuellement et qui menacent certains pays de disparition. «Il revient aux Libanais de protéger leur pays et de le mettre à l’abri des développements régionaux», a-t-il dit.
En conclusion, les participants se sont entendus sur le fait que l’alliance des minorités est très dangereuse pour l’avenir du pays et que seule une action commune islamo-chrétienne peut sortir le Liban de l’impasse et le protéger des dangers qui le guettent, à l’heure où tout le Mashreq arabe est le théâtre de changements cruciaux. Ils ont mis l’accent sur le fait que le sort de chaque communauté est lié à celui de l’autre, insistant sur l’importance de préserver les accords de Taëf. Ils ont demandé que l’on arrête de les remettre sans cesse en cause parce que cela porte atteinte aux bases de la coexistence dont le Liban a plus que jamais besoin. Les présents ont fait part de leur refus de distinguer entre un terrorisme et un autre, concluant que la majorité sunnite est autant victime que les minorités de la région.

 

Danièle Gergès

Le mot de Mgr Youssef Béchara
L’évêque Youssef Béchara, ancien parrain de la Rencontre de Kornet Chehwan, représentait le patriarche Béchara Raï. Dans son intervention, il est revenu sur certains passages élaborés par l’Eglise, qui insistent sur le principe du vivre en commun, seule issue susceptible de protéger le Liban. «Préserver le vivre-ensemble et servir de modèle au pays rongé par les problèmes que suscite le pluralisme relèvent de la responsabilité des chrétiens et des musulmans, lit-il. Une responsabilité qui incombe aussi bien aux politiciens qu’aux citoyens».

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